L'annonce du départ de l'Espagne pour les Pays-Bas de l'une des grandes entreprises espagnoles, à la recherche d'un "cadre juridique stable" est une mauvaise nouvelle et pourrait provoquer un effet domino.
La multinationale espagnole Ferrovial, contrôlée par la famille Del Pino, l'une des plus riches d'Espagne, a informé la CNMV (Commission nationale des valeurs mobilières) de sa décision de transférer son siège social de l'Espagne aux Pays-Bas.
Stabilité juridique
L'entreprise de construction espagnole a expliqué que le conseil d'administration a proposé une fusion entre la société mère et Ferrovial International, une société néerlandaise qui détient déjà 86% des actifs de l'entreprise. Le groupe assure que cette réorganisation n'aura aucun impact sur les plans d'investissement en Espagne ou dans les autres pays où il opère.
"la stabilité juridique" offerte par les Pays-Bas a été citée comme une raison de ce changement
La société a expliqué dans con communiqué que grâce à ce transfert, elle pourra bientôt obtenir l'autorisation d'être cotée aux États-Unis, ce qui permettra de mieux faire connaître la marque Ferrovial à l'étranger. Elle rappelle également que 93% de ses investisseurs institutionnels sont étrangers.
Cependant, lors de la réunion avec les analystes organisée par Ferrovial cette semaine, "la stabilité juridique" offerte par les Pays-Bas a été citée comme une raison de ce changement. Le président de Ferrovial, Rafael del Pino, avait d'ailleurs averti en janvier, lors d'un forum sur l'economie, de la nécessité pour l'Espagne de bénéficier d'une plus grande sécurité juridique. Le départ de Ferrovial suggèrerait donc une perte de confiance dans le cadre juridique et fiscal de l'Espagne...
Le président d'Iberdrola a évoqué à plusieurs reprises la possibilité de transférer le siège de la compagnie d'électricité hors d'Espagne
Fiscalité de plus en plus lourde en Espagne
Car la voracité du fisc espagnol est aussi évoqué. Bien qu'officiellement Ferrovial n'invoque pas de raisons fiscales pour son changement de siège, un simple coup d'œil au rapport financier annuel de Ferrovial fait penser le contraire. Ainsi, par exemple, en 2021 la multinationale a dépensé un peu moins de 214 millions d'euros pour payer ses impôts en Amérique (210 millions prévus en 2022), avec un chiffres d'affaires réalisés par le groupe de 2,64 milliards d'euros. Ces chiffres contrastent avec les 1,09 milliards gagnés en Espagne et les 767 millions d'impôts payés (282 millions pour 2022).
Un possible effet domino?
Cette décision est mauvaise pour l'image de l'Espagne et il faudra voir dans les prochains mois si d'autres entreprises espagnoles, dont une grande partie du chiffres d'affaires (82% dans le cas de Ferrovial) provient de l'étranger, ne prennent pas cette même décision. Le président d'Iberdrola, Ignacio Sánchez Galán, a par exemple évoqué à plusieurs reprises la possibilité de transférer le siège de la compagnie d'électricité hors d'Espagne, compte tenu de la pression fiscale à laquelle l'entreprise est soumise. En attendant, les investisseurs semblent applaudir cette décision: le cours de l'action monte!