C'est ce que reflètent les résultats du "9e Baromètre sur l'image de l'Espagne" élaboré par l'Institut Real Elcano. La perception de l'Espagne et de sa gestion de la pandémie à l'étranger est en revanche supérieure à celle que les Espagnols ont de leur propre pays.
Le travail de terrain a été mené entre fin janvier et début février 2021 en Allemagne, au Royaume-Uni, en France, en Italie, au Portugal, aux Pays-Bas et en Espagne, ainsi qu’aux États-Unis, en Chine, en Inde et en Corée du Sud (avec 400 personnes interrogées dans chaque pays).
Le dernier baromètre datait de septembre 2018. L'une des conclusions de cette nouvelle étude du think tank espagnol est que la crise économique provoquée par le Covid-19 a entraîné une chute de l'évaluation globale de tous les pays. L'Espagne conserve la même place dans le classement qu'elle occupait parmi les pays européens en 2018. Cependant, si l’on compare avec ses voisins, la baisse est plus importante, de presque un point.
L’Espagne, pays où il fait bon vivre
Ainsi, l’Espagne passe d’une note globale de 7,1 à 6,3 sur 10, en dessous de l'Allemagne (6,5) et au-dessus de l'Italie (6,2), de la France (6,0) et du Royaume-Uni, dont la chute significative après le Brexit est frappante. A l’extérieur, l'Espagne est avant tout appréciée en tant que destination touristique, pour sa gastronomie, le caractère sociable et l’amabilité de ses habitants, ainsi que pour ses grands sportifs.
Les résultats de l’enquête montrent que l'opinion publique internationale approuve la gestion espagnole de la pandémie (5,9), avec une note supérieure à la moyenne, dépassée seulement par l'Allemagne (6,5). Selon l'Institut Real Elcano, l'Espagne n'a pas subi de "détérioration" de son image internationale du fait de la gestion du coronavirus. En revanche, l'évaluation que font les Espagnols de la gestion de la pandémie dans leur pays n'atteint pas la moyenne (4,8).
Les Espagnols se sous-estiment
Par ailleurs, l’étude souligne que l’Espagne est bien mieux perçue à l’extérieur qu’à l’intérieur. En effet, les Espagnols ont une image beaucoup plus négative de leur propre pays. Dans cette perception, la corruption, la fragilité actuelle de l’économie et la pauvreté occupent des positions très élevées.
Ainsi, près de deux tiers des Espagnols (64%) définissent le pays comme corrompu (contre 27% des Européens qui disent cela de l'Espagne), plus de la moitié, 52%, considèrent l'Espagne comme fragile (25% des Européens), et 62% la considèrent comme pauvre (43% des Européens). Un autre élément inquiétant est le pourcentage élevé (41%) de personnes qui définissent l'Espagne comme un pays "oisif " (par opposition à un pays travailleur), bien au-dessus de la moyenne européenne (25%). Les sujets les moins bien perçus par les Espagnols concernant leur propre pays sont l'économie et la politique.
Espagnols, sympathiques et solidaires
Dans l'ensemble, on peut dire que la crise économique actuelle a produit un nouveau recul de l'estime de soi des Espagnols qui, une fois de plus, se considèrent en dessous de ce qu'ils sont perçus à l'extérieur, comme cela s'était déjà produit pendant la crise précédente de 2008. Contrairement à cette perception, pour les autres pays, l'Espagne inspire confiance: il s’agit d’un "pays démocratique" et les Espagnols sont "honnêtes, travailleurs, pacifiques, solidaires et tolérants".
Alliés privilégiés
L'Espagne occupe par ailleurs une bonne position en ce qui concerne les alliances au sein de l'Union européenne. Elle est le deuxième allié préféré en France (après l'Allemagne) et en Italie (où l'Espagne est préférée à la France) ; la première au Portugal et la troisième en Allemagne (en dessous de la France et de l'Autriche, légèrement au-dessus des Pays-Bas).
A signaler qu’au sein de l’Union européenne, l'Allemagne apparaît clairement comme le pays allié préféré de tous, suivi de la France et des Pays-Bas, alors qu’en dehors de l'Union européenne, il s’agit des États-Unis. Il existe toutefois des différences de nuance pertinentes entre les États européens : le Royaume-Uni, la France et l'Italie sont plus enclins à se ranger du côté des États-Unis et d'autres sont plus réticents, comme l'Espagne, l'Allemagne et le Portugal.
Le péril jaune
Dans ce contexte, l’enquête montre un rejet spécifique des investissements chinois dans l'ensemble des pays. Plus d’un tiers des personnes interrogées sont opposées à l'arrivée d'investissements chinois dans leur pays. En revanche, les États-Unis sont l'investisseur préféré de près de 50% des personnes interrogées, suivis par l'Allemagne.
Cette perception de la domination chinoise est encore plus accentuée si l'on se projette dans un avenir proche. Ainsi, 61% des Européens pensent que la Chine sera la première puissance économique mondiale dans dix ans, face à seulement 18% pour les États-Unis. Au regard de la faible notation de la Chine en tant que pays et du fort rejet des investissements chinois, cette prévision des Européens est clairement dystopique, dans le sens où il s'agit d'un avenir pour le moins sombre ! Rendez-vous dans dix ans.