Sorti sur les écrans en Pologne le film, Les Paysans (Kinoteka, Cinema City Arkadia...), du réalisateur anglais Hugh Welchman avec son épouse Dorota Kobiela, présente l'histoire et les péripéties d'un village polonais, rythmé au fil des quatre saisons par le talent de l'héroïne Jagna. Ce film est réalisé par une technique novatrice ou chaque scène, auparavant tournée et jouée par les acteurs, est ensuite peinte comme un tableau. Le résultat est détonnant et vaut le déplacement !
Âme polonaise, mode d'emploi
On m'a souvent dit que pour bien comprendre l'âme polonaise, il fallait lire « Pan Tadeusz » du poète Mickiewicz. Il semble que « Chłopi » ( « Les Paysans » ) de l'écrivain Reymont, prix Nobel en 1924, réussit à dépeindre, raconter et sublimer le folklore et la vie des paysans polonais de la fin du XIX siècle.
Lorsque Jagna regarde le reflet de son beau visage dans l'eau, on voit la campagne au loin avec son lot de mesquineries, de querelles de villages, de jalousies. Comme l'écrirait Balzac : toute « la Comédie Humaine »...
De même que son film précédent « Twój Vincent » sur Van Gogh, le réalisateur britannique Hugh Welchman mêle le cinéma à la peinture ; les cadres filmés sont ensuite repeints. Chaque scène est retouchée à la peinture à l'huile, par des artistes polonais. Comme des toiles, certaines scènes sont même des références à des peintres polonais (« Les perdrix sur la neige », « Les Cigognes », « L'été Indien » de Chełmoński) que l'on peut admirer également au Musée National de Varsovie, ainsi que le tableau de la Comtesse en turban turc qui se trouve à Montrésor en France. Toutes ces scènes de campagne semblables au pinceau du peintre Chełmoński présentent une nature belle, paisible et romantique. Un très bon jeu d'acteur mêlé à des scènes de danses, un peu simplifiées par rapport aux traditionnelles polkas et mazurkas, mais qui restent toutefois électriques !
Et la musique ?
Quant à la musique, comme me l'a soufflé mon bien-aimé, elle est fantastique. Difficile, de nos jours, de créer de nouvelles choses sans se heurter au chaos. Peut-être que lier les Arts est une forme d'art nouveau ? Cinéma et peinture sont de bon augure. Qui l'eut cru ? De même que « La Flûte Enchantée » Opéra Berlinois intitulé « 1927 » (des régisseurs Paul Baritt, Barie Kosky) mélange étrangement le style des années vingt à celui des premières bandes dessinées américaines, en passant par le diable de Murnau. Avec le film « Chłopi », on se croirait au début d'un dessin animé. Tout un programme, allez vite le voir : la robe brillantissime de la mariée, les rubans autour des prières, les coups enivrés du troisième jour de noces, l'odeur des cheveux de Jagna et cette campagne épurée ou le langage des cieux était celui des pauvres. Après la pluie, le bonheur.