L’année dernière, lors de mon retour en France, j’ai eu la chance de rencontrer et d’échanger avec M. Guy Tisserant. À 59 ans, cet ex-pongiste, quatre fois médaillé d’or aux Jeux Paralympiques, semblait toujours en grande forme. Il a co-fondé avec sa femme la société TH Conseil, un cabinet de conseil, formation, recrutement et communication pour l'emploi des personnes handicapées, la diversité et la qualité de vie au travail. Lors de cette échange, nous avons abordé le sujet du voyage accessible.
« Les choses ont commencé à évoluer, mais pour les personnes ayant des besoins spécifiques, accessibilité, fatigabilité, cécité, surdité, maladies invalidantes, personnes âgées… il reste beaucoup à faire. Peu de pays ont instauré des normes d’accessibilité et peu d’agences proposent des voyages prenant en compte leurs besoins particuliers. Pour ma part, je suis déjà allé 3 fois au Vietnam et, malgré l’engagement de l’agence Asiatica Travel avec laquelle je voyage depuis l’origine, il m’a fallu surmonter des obstacles. Voyager à l’étranger, en fauteuil roulant notamment, nécessite donc de l’anticipation, une forte adaptation, des moyens financiers et des conseillers voyage à l’écoute. »
- Vous avez voyagé 3 fois au Vietnam, ce pays vous tient particulièrement à coeur ?
« Le Vietnam est un pays à part pour moi, car mon épouse est née à Saigon et il y a encore de la famille. C’est donc mon deuxième pays et je l’aime beaucoup. En matière d’accessibilité, en revanche, le Vietnam est encore peu adapté et il est compliqué de se promener seul en fauteuil. Mais ce qui est bien au Vietnam, c’est que les gens sont souvent prêts à aider et que « rien ne semble impossible. »
- Avant d’y partir, aviez-vous des inquiétudes?
« Ma belle-sœur parle couramment le vietnamien, ce qui nous a rassurés. Ce qui nous paraissait compliqué, c’était que mon épouse et moi étions tous les deux en fauteuil roulant et nous ne savions pas comment tout allait se passer. Nous nous questionnions sur les hôtels et l’accessibilité des toilettes qui est un point important dans un voyage. Globalement tout s’est bien passé, notamment du fait de notre famille mais aussi des guides, chauffeurs et accompagnateurs mis à disposition qui ont tous été très engagés et à qui nous avons appris comment se comporter. »
Il m’a ensuite partagé ses expériences dans mon pays.
« La visite des arroyos dans le sud avec une descente sur des pentes très escarpées directement sur le fauteuil puis la balade dans la barque ont été impressionnants mais nous ont aussi beaucoup fait rire. De même, l’embarquement à la Baie d’Halong, portés par trois personnes, après être passés de bateau en bateau en suspension au-dessus de l’eau. La rencontre très émouvante avec une vieille dame, elle-même en fauteuil roulant. La gentillesse des guides et des chauffeurs. La cuisine tellement délicieuse. L’odeur des caféiers entre Mui Né et Da Lat, la balade en Tuk tuk à Hué. Les plans improvisés, toujours dans la bonne humeur pour accéder à tel ou tel endroit, les centaines d’escaliers montés grâce à la volonté de chacun. Les splendides champs de riz, les soirées dans la famille et tant d’autres magnifiques images qui restent gravées en moi. Je suis très heureux et j’ai prévu un retour en 2021. »
- Quel conseils donnez-vous aux personnes handicapées souhaitant aller au Vietnam?
« Je leur conseille de bien choisir leur agence pour qu’elle soit vigilante à leur situation (Asiatica Travel a toujours été très à l'écoute) et de préparer en amont. Il me semble également indispensable de prévoir des accompagnateurs pour franchir les obstacles qui surgiront durant le voyage, prévoir du temps et ne pas vouloir tout voir mais savourer chaque instant. »
Après cette rencontre, je me demande comment faire pour pouvoir partager la beauté du Vietnam avec des personnes qui, en raison de leur condition physique, y ont peu d’accès ? Certes, il reste encore des défis à surmonter, mais le pays s’ouvre de plus en plus à ce public ayant des besoins spécifiques.