Arabesques, c’est le festival culturel franco-allemand basé à Hambourg qui a eu lieu pour la 13ème fois cette année. Nous avons rencontré Barbara Barberon-Zimmermann, cofondatrice et directrice, qui nous en dit plus sur ce projet imaginé avec son ami Nicolas Thiébaud et qui est devenu au fil des années une institution culturelle collaborant avec de nombreuses villes et artistes en Europe. Mélangeant théâtre, cinéma, musique, littérature, conférences et débats, le festival se diversifie et en offre pour tous les goûts.
Un festival toujours en évolution, ouvert d’esprit et résolument européen
A l’origine, le festival est fondé en 2012 par Barbara Barberon-Zimmermann et Nicolas Thiébaud qui dirige un ensemble musical. Les “Journées franco-allemandes” prennent ensuite très vite de l’ampleur avec le soutien du Ministère de la culture. Arabesques prend alors la forme d'un festival interculturel, mélangeant arts et influences culturelles. Il démarre chaque année le 22 janvier à l’occasion de la journée franco-allemande. Aujourd’hui, les deux co-fondateurs sont à la fois organisateurs et partenaires de nombreux projets artistiques et culturels à Hambourg mais aussi dans sa région (Kiel, Hanovre, et les villes alentour). Arabesques est petit à petit devenue une association active toute l’année à Hambourg, soutenue par un large réseau de partenaires et de membres lui permettant de collaborer avec de nombreux artistes.
Je pense qu’il faut vraiment avoir une vision positive de l’Europe, de l’échange culturel. Il faut avoir de l’optimisme. Barbara Barberon-Zimmermann
La communauté française de Hambourg est très active grâce à de nombreuses associations et fondations. Au-delà de l’attrait pour la France, c’est un public international qui prend part au festival, grâce à une diversité d’acteurs et de thèmes abordés. Car si les liens entre les deux côtés du Rhin sont au cœur du projet, ce sont aussi des questions transeuropéennes qui sont posées. Ils recherchent toujours des ponts avec des thématiques incluant d’autres pays - l’Italie, l’Ukraine, la Pologne… “L’art et la musique sont n'ont pas de frontières”, rappelle Barbara Barberon-Zimmermann.
S’engager pour le rôle de l’art et de la culture dans nos sociétés démocratiques
Chaque année, un thème est choisi comme fil rouge pour tous les évènements. L’édition 2024 avait pour titre Coeur. Rage. Courage. Un thème fort, éminemment engagé. Barbara souhaite parler de questions universelles, comme le climat, l’Europe, ou la lutte pour l’égalité femme-homme. Plus qu’un rendez-vous artistique, le festival vise à poser des questions actuelles, à permettre le débat sur notre société. “C’est très important qu’on ait le courage de se battre pour la démocratie. C’est une énergie qui peut venir du coeur, cette rage, mais elle peut être très positive cette énergie. C’est avoir le courage de changer les choses.”
La rencontre interculturelle et la participation des artistes sont des vecteurs puissants pour susciter le débat et la réflexion, dans une période où l’actualité internationale est particulièrement sombre. Les artistes apportent un autre regard, ils proposent des idées, et le festival fournit un cadre pour sortir de la tentation grandissante de l’isolement.
Nous nous battons vraiment pour l’Europe, pour la démocratie, et nous intégrons toujours dans le festival des débats, y compris des débats politiques (...) Nous posons un regard sur ces questions là, et sur l’intégration européenne. Barbara Barberon-Zimmermann
Arabesques cherche à susciter la discussion : ne pas hésiter à aller chercher l’autre, à se rencontrer, à échanger même si l’on n’est pas d’accord. Cette volonté passe par le choix des événements, l’organisation de débats, les soirées littéraires, etc. La programmation culturelle cette année comprenait par exemple des concerts, des ateliers d’écriture, des conférences avec des auteurs, des projections de films, etc.
Arabesques tient aussi à s’adresser à des publics plus divers et potentiellement plus éloignés de la culture au sens classique. Ils organisent souvent des rencontres avec des écoliers. En janvier, les lycéens en Seconde au lycée franco-allemand de Hambourg se sont prêtés à l’exercice difficile du slam en poésie, en public. Ils abordent aussi la question du féminisme et des luttes militantes, comme avec l’autrice Julia Korbik, qui analyse dans son ouvrage “Die Macht des Weiblichen Kollektivs” les actions collectives féministes en tant que pratique politique organisée.
Après la pandémie de Covid-19, le festival veut retrouver un nouvel élan
La crise sanitaire a empêché la tenue de nombreux projets. Un des projets phares de l’association est la Coupe Arabesques qui avait été mise en place avec la ville de Marseille (jumelée avec Hambourg). Dans le cadre de ce jumelage, une rencontre a été organisée en 2019 entre deux équipes de footballeurs amateurs, dont un groupe de Marseillais issus des quartiers les plus défavorisés qui ont fait le voyage jusqu’à Hambourg. Un dépaysement total pour des enfants qui n’ont souvent jamais quitté leur ville. Après avoir passé une semaine à se découvrir et à s’apprivoiser, les deux équipes se sont affrontées lors d’un match amical et un film documentaire a été tourné (à visionner sur le site Arabesques). Un autre voyage n’a pas été possible depuis la pandémie.
La période Covid a naturellement compliqué l’organisation du festival qui a dû se tenir en octobre et non plus en janvier/février. Mais en 2024, le rythme habituel reprend et la durée a même été étendue jusqu’en mai, dans l’espoir de redonner envie aux gens de participer au calendrier culturel local. Il est devenu très courant de “consommer” la culture depuis chez soi, à travers les écrans, sans se donner la peine de sortir. Et le contexte économique dégradé impacte aussi les festivals comme Arabesques puisque de nombreux partenaires, privés ou publics, diminuent ou arrêtent leur soutien financier. Pour Barbara, il ne faut pas sous-estimer l’intérêt des évènements culturels par lesquels les gens se rencontrent, en particulier pour la jeunesse. “Pour les jeunes, il faut leur donner la possibilité de cet échange culturel : dans tous les quartiers, toutes les écoles, pas seulement les plus privilégiés”.
Des défis que toute l’équipe est bien décidée à relever, car selon Barbara, la culture joue un rôle vital dans notre société. “Je souhaite vraiment plus de visibilité pour ces institutions en Europe, qui doivent travailler mieux ensemble. Je leur souhaite de coopérer encore plus, car il y a beaucoup de forces qui luttent contre cela” termine-t-elle.
Pour en savoir plus sur la programmation des prochains mois et le festival, rendez-vous sur le site internet du festival.
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