La semaine passée, la French Tech a organisé la première édition de "CYBER SECURITY TALKS" à l'Université Roumaine-Américaine, un événement qui se penche sur l'importance de la cybersécurité. L'événement a réuni plus de 500 personnes et a été modéré par Mirel Bran, journaliste au Monde et membre de la French Tech en Roumanie. A travers une table ronde, les intervenants, dont des experts en cybersécurité, des fondateurs de startups et des chefs d'entreprise, ont pu partager leurs points de vue et leurs expériences concernant les meilleures pratiques et les dernières approches en la matière.
Grégoire Vigroux, président de La French Tech Roumanie et organisateur de l'événement, a pointé le fait que les prévisions pour 2024 indiquent une expansion continue des cybermenaces. « La question n'est plus de savoir si vous allez être victime ou non d'une cyberattaque mais quand aura-t-elle lieu !» Rappelons la terrible cyberattaque qui a frappé ce mois-ci plusieurs dizaines d'hôpitaux en Roumanie, paralysant de nombreux services pour enfants et les urgences. La cybersécurité concerne tout le monde que ce soit les entreprises, les institutions publiques ou nous en tant que citoyens. Alors quelles sont les dernières tendances pour garder une longueur d’avance en matière de protection des systèmes informatiques et des réseaux contre les attaques d’acteurs malveillants.
Oana Cosman, journaliste chez start-up.ro rappelle que le fait d’utiliser la technologie de façon quotidienne que ce soit dans notre vie privée ou notre travail signifie également une responsabilité et la nécessité de se protéger soi-même, son entreprise et les informations que nous utilisons chaque jour. Elle rappelle quelques fondamentaux pour éviter une cyberattaque : utiliser des réseaux sécurisés, par exemple des pares-feux, disposer d’au moins une solution de cybersécurité, effectuer des tests d'intrusion, utiliser des applications professionnelles, sauvegarder nos informations dans le cloud, et avoir un Business Continuity Plan (BCP) ou Plan de continuité d'activité. Oana souligne aussi l’importance de l’éducation et de sensibilisation à la cybersécurité que ça soit dans le travail ou dans la vie de tous les jours « pour avoir le strict minimum de connaissances afin de ne pas cliquer par exemple sur des liens suspects, ou partager des informations financières ou personnelles avec des personnes que vous ne connaissez pas ».
Alexandru Lapusan, fondateur et PDG de Zitec (développement de logiciels), met en lumière le fait que, d’après une étude réalisée en 2023 au Royaume-Uni et en Europe de l'Est, 60 % des CIO des grands détaillants déclarent que leur principale préoccupation est la cybersécurité : «ça fait des années que nous nous sommes penchés sur la cybersécurité mais les budgets n'étaient pas facilement accessibles. Aujourd’hui le marché est enfin prêt car la cybercriminalité est en hausse et les entreprises en prennent enfin conscience ». Pour Alexandru, les fournisseurs de services doivent intégrer la cybersécurité à leurs pratiques : « aujourd’hui il faut penser à la cybersécurité lorsque vous concevez et construisez un logiciel et cela signifie d’avoir des ingénieurs logiciels dédiés à la cybersécurité dans l’équipe de développement. »
Adrian Furtuna est le fondateur et PDG de pentest-tools.com, une entreprise spécialisée justement dans les tests d’intrusion et d’autres types de tests de sécurité offensifs. « Notre métier est de penser et d'agir comme des attaquants afin de protéger nos clients et de leur montrer le point de vue des hackers, comment ils perçoivent leurs infrastructures informatiques, leurs sites internet et leurs réseaux. »
Et on ne peut aborder la question de la cybersécurité sans parler de l’IA. Simona Botner, ingénieur client chez Google Cloud, met en évidence que le fait que le géant Google a mis la sécurité au cœur de ses produits et services avec l’aide de l’IA : « nous utilisons notre expertise en IA et en apprentissage automatique pour avoir une longueur d'avance sur les attaquants ou les mauvais acteurs, car nous apprenons de leur comportement. » Elle rappelle aussi que l’année 2024 est une année charnière avec 80 élections en cours dans le monde. « N'oubliez pas que l'information, c'est le pouvoir. »
Adrian Furtuna voit d’un bon œil le développement de l’IA et fait un parallèle avec le moment où sont apparus les PC : "Tout le monde avait peur qu’on leur vole leur travail, mais de nouveaux emplois sont apparus justement pour utiliser l'ordinateur. Je pense que ce sera la même chose avec l'IA. Justement l'IA aide également les hackers à inventer de nouveaux types d'attaques et à être plus créatifs. C'est pourquoi nous, en tant qu'humains, devons essayer d'apprendre à détecter plus efficacement ces types d'attaques."
Enfin, Maria Manuela Catrina, directrice adjointe de la Direction Nationale de la Cybersécurité, rappelle l’importance d’accompagner le développement de l’IA de garde-fous éthiques solides. « L’IA a différentes saveurs selon les régions du monde. Dans certaines régions du monde, elle est motivée par le profit, dans d’autres parties du monde, c’est une question de contrôle, alors que dans notre région du monde, elle devrait être motivée par des valeurs, notamment nos valeurs européennes communes ».
Les autres intervenants de l'événement étaient:
- Stefan Iulius BUDULAN - Directeur des politiques publiques, Up
- Vlad-Mihai TIUCSAN - Responsable des partenariats, GoTech World
- Tudor POPP – Partenaire fondateur, Hotspot
- Andrei AVADANEI - Directeur général, BIT Sentinel
- Ciprian COVAS - Responsable Cybersécurité, Leroy Merlin
- Mihail Andries - RSSI, BRD-Groupe Société Générale
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