"Le marché espagnol est un paradoxe en Europe", constate Alexandre de Palmas à propos de la grande distribution en Espagne. Après une crise sanitaire qui aura bouleversé l'organisation de l'enseigne, Carrefour Espagne, 2e derrière Mercadona en parts de marché, prépare l'avenir pour améliorer les performances commerciales des magasins et assurer son déploiement dans le pays.
On l'a tous vécu à la première personne lors du confinement au printemps 2020, notre rapport à l'approvisionnement de biens de consommation courante, et notamment alimentaires, s'est vu fortement affecté par la pandémie et le distancement social. La grande distribution a été au cœur de ce phénomène, à la fois indispensable et objet de craintes et de fantasmes. "Cela a été un phénomène très compliqué à gérer, d'abord pour les employés en magasin, qui étaient en première ligne et qui avaient peur pour eux, ce que l'on peut très bien comprendre", analyse Alexandre de Palmas, "et puis logistiquement, pour avoir la marchandise, pour rester ouvert, pour faire face et gérer l'afflux de clients".
Arrivé à Madrid en juillet 2020, le Directeur Général de Carrefour Espagne est arrivé dans le pays avec pour objectif de "finir la gestion de la pandémie", faire de la croissance, "l'ambition de Carrefour en Espagne", et essayer d'adapter la proposition commerciale du distributeur à la situation du pays aujourd'hui.
Analyse des nouvelles habitudes de consommation en Espagne après le Covid Il ne fait aucun doute que l'apparition du Covid-19 a provoqué un changement des habitudes de consommation en Espagne. A la différence du reste de l’Europe, les Espagnols préfèrent sortir pour acheter, mais les tendances évoluent et désormais un sur trois fait ses achats en ligne chaque semaine. |
La feuille de route de Carrefour en Espagne inclut développement et expansion
L'Espagne est "le marché d'Europe avec le leader le plus grand", observe de Palmas. Mercadona représente de fait 30% du marché espagnol, un épiphénomène dans l'univers européen de la grande distribution. "Dans le même temps, c'est le marché d'Europe le plus fractionné", continue le DG de Carrefour dans le pays, avec plus d'une quarantaine d'enseignes significatives "du fait de toutes les chaînes régionales, qui n'existent plus ailleurs". Numéro 2 du marché avec un peu plus de 9% de parts de marché, la feuille de route de Carrefour en Espagne inclut développement et expansion, avec une centaine d'ouvertures par an. "Nous avons l'intention de continuer à croître en Espagne, en ouvrant des magasins, en rachetant des magasins, de manière à conforter notre place de numéro 2 et accroître notre surface", décrypte de Palmas.
Le supermarché du futur
"Le supermarché du futur, c'est d'abord un supermarché qui correspond aux attentes du client", souligne-t-il à propos des nouvelles tendances mises en place au sein de la grande distribution. "Pas ultra-technologique", ni "de science fiction", mais "un magasin où il y aura chaque produit pour chaque client" : "un magasin de précision" en lieu et place "d'un magasin généraliste". Pour adapter l'assortiment ("aujourd'hui vous n'avez pas 2 magasins Carrefour avec le même assortiment"), l'intelligence artificielle et la collecte des données "pour améliorer la performance commerciale d'un magasin" est centrale dans la manière de la marque d'aborder l'évolution de son métier.
"On va vers des années où le pouvoir d'achat va être une préoccupation extrêmemnt forte des clients", le rapport qualité prix aussi, analyse encore de Palmas. "Aujourd'hui on va s'engager très fortement pour le pouvoir d'achat des familles espagnoles", conclut-il.
? Interview réalisée par lepetitjournal.com, en partenariat avec Europresencia, spécialiste en gestion d’interview et mini-reportages intégralement gérés à distance.