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La lutte contre les fémicides en Autriche devient une priorité

Femme protestant contre les violences Femme protestant contre les violences
Anete Lusina
Écrit par Arnaud Béasse
Publié le 10 mai 2021, mis à jour le 10 mai 2021

Les fémicides avaient atteint un niveau préoccupant en Autriche ces dernières années sans pour autant déclencher la prise de conscience nécessaire et la mise en place de mesures de lutte. Les drames successifs survenus au cours des dernières semaines en Autriche ont réveillé les débats entre les autorités policières et judiciaires et les associations puis entre le gouvernement et l'opposition. Une table ronde tenue mercredi devrait libérer les moyens pour contrer ce fléau.

 

L'assassinat d’une jeune femme de 35 ans par son ex-compagnon début mai à Vienne avait provoqué une prise de conscience nationale de ce désastre. L’Autriche était devenue ce jour-là le seul pays en Europe qui compte davantage de meurtres commis sur des femmes que de meurtres commis sur des hommes.

Un fémicide de trop réveille enfin l'opinion publique et les autorités autrichiennes

Alors que les politiques, la police, la justice et les diverses associations actives pour cette cause avaient commencé à débattre des origines et des remèdes à ce problème, un double fémicide est survenu à Salzbourg la semaine dernière. Le meurtrier a abattu son ex-partenaire et sa mère avec préméditation ce qui porte à onze le nombre de victimes depuis le début de l’année.

Les médias locaux ont réagi assez différemment à l’ampleur que prend ce phénomène. La presse autrichienne de boulevard prend en général une posture plutôt voyeuriste et sensationnelle en affichant des titres provocateurs pour relater les faits. Il lui est donc reproché aujourd'hui de minimiser la gravité de la situation. A l’opposé, les médias plus sérieux analysent les causes de ce mal croissant et mobilisent les interventions d’experts afin de faire réagir les politiques.

Le gouvernement autrichien a fini par inscrire la priorité à son agenda et a programmé une table ronde consacrée à ce sujet pour mercredi prochain. En scandant « la violence faite aux femmes n’a pas de place dans notre société », le chancelier semble maintenant s’impliquer personnellement et tente de contenir les critiques de l’opposition qui enflent rapidement.

 

Une table ronde consacrée aux fémicides

On reproche aux autorités d’entreprendre beaucoup trop peu pour lutter contre les fémicides qui ont fait 43 victimes en 2020. Les dernières enquêtes ont révélé que dans plus de 50% des cas, le meurtrier était déjà connu des services de police pour des faits de violence. Elles ont aussi souligné qu’une majorité des cas de violence avait pour origine une rupture ou le chômage.

Les autres griefs sont essentiellement liés au traitement des plaintes qui ne permettent pas de prévenir ces crimes : des délais d’instruction trop longs, un manque de suivi des agresseurs et de protections des plaignantes, un accès aux structures d’accueil trop difficile et une absence de réelles contraintes sur les hommes pour les empêcher de tomber dans la violence extrême.

Lors de la prochaine table ronde, l’opposition et les ONG exigeront une substantielle augmentation du budget dédié à cette cause. De 14,5 millions d’Euro aujourd’hui, il faudrait, selon elles, passer à une enveloppe de près de 230 millions pour mettre en place les mesures qui mèneront à une diminution des fémicides. La formation des personnels hospitaliers et des services sociaux en général, l’augmentation des capacités d’accueil et les campagnes de sensibilisation de la population sont les mesures les plus urgentes à initier. De son côté, la ministre de la Justice Zadic a annoncé qu’elle présenterait pendant cette réunion un projet de renforcement de la loi sur la détention d’armes.

Une première initiative marque d’ores et déjà l’implication de tous les acteurs. Le rappel des numéros utiles et urgents figure dans un grand nombre d’articles de presse nationale :

Police : 133 ou 112

Ligne d’aide aux femmes contre la violence : 0800 / 222 555

Ligne d’urgence pour les femmes 24h/24 : 01 / 71 71 9

 

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