Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

VOIX & SAVEURS DE FEMMES D’ISRAËL - Mor & Ofir Goldshmidt, l’amour au kibboutz

Mor Ofir GoldshmidtMor Ofir Goldshmidt
Crédit photos : Raanan Cohen
Écrit par Lepetitjournal Tel Aviv
Publié le 10 juin 2017, mis à jour le 29 novembre 2020

 

Le regard magnétique et le sourire communicatif, Mor a réalisé son rêve : elle vient d'ouvrir un petit coffee shop au sein du kibboutz Magal, un lieu qui lui est particulièrement cher puisqu'il l'a vu naître et grandir. C'est aussi dans cet espace communautaire que Mor a rencontré l'amour et fondé sa famille?

Magal signifie faux, l'instrument qui sert à faucher l'herbe dans les champs. Un nom bien trouvé pour ce kibboutz de tradition agricole qui accueille aujourd'hui plus de 1000 personnes, même si, depuis, il s'est reconverti en un lieu qui comprend une usine d'irrigation des eaux, une fabrique d'huile d'olive, un centre équestre et quelques petits commerces. L'esprit agricole perdure aujourd'hui en cette terre qui rassemble de nombreux anciens fermiers et amoureux de la terre.

Parmi les familles installées ici depuis toujours, celle de Mor, une jeune femme qui cumule des origines marocaine, irakienne et bulgare, et son mari Ofir, de lignée germanique. S'ils sont eux-mêmes nés dans un Moshav* à Nirtzvi près de Tel Aviv, les parents de Mor n'ont jamais quitté le kibboutz depuis leur arrivée en 1985 ; Mor était alors âgée de trois ans. Sa Maman s'occupe du secrétariat du kibboutz tandis que son Papa est employé dans la société Netafim, une multinationale d'irrigation par goutte à goutte. De son enfance au kibboutz, Mor n'a que de bons souvenirs, elle ne cesse de répéter que vivre ici est ce qu'il y a de mieux au monde? « Grandir dans un kibboutz, c'était comme vivre dans une gigantesque aire de jeux dans les bois?nous jouions toute la journée, et après l'école nous nous retrouvions dans « la maison des enfants » ; pendant les vacances, chaque jour nous avions une activité différente. Et cela ne s'arrêtait pas là, nous passions nos soirées avec tous les voisins. Nous n'avions peur de rien, nous nous sentions en totale sécurité, nous parcourions les sentiers, explorions tous les chemins et rejoignions nos cachettes en courant et en riant ». 

Si le kibboutz a évolué depuis et qu'il est désormais possible d'être propriétaire de son logement, à l'époque tout était mis en commun et tous les repas se prenaient ensemble. « Le soir, nous étions à table avec nos familles, mais le dessert à peine avalé, nous retrouvions déjà nos copains. Le vendredi soir, jour de Shabbat, il y avait un dîner spécial, au terme duquel on se retrouvait tous autour d'une séance de Rikudey Am, la danse folklorique israélienne. Il y avait des performances pour les enfants et d'autres pour les adultes ; tandis que les grands dansaient, nous jouions à cache-cache et au football ». L'été était doux lui aussi : à peine sortis de l'école, les enfants sautaient dans la piscine dans laquelle ils passaient le plus clair de leur temps, ils y nageaient jusqu'à épuisement avant d'être récupérés par leurs parents ou un voisin et de s'adonner aux bras de Morphée. Autre souvenir mémorable : les nombreux pique-niques du printemps qui s'organisaient sur les pelouses verdoyantes du kibboutz. « On a le meilleur de tout ici : la nature, les activités, une communauté sécurisante et bienveillante où les gens sont tous animés de bonnes intentions ». Dans cet esprit où l'entraide est de mise, chacun veille sur son voisin et se préoccupe de son bien-être, tout le monde travaille au kibboutz et tout est gratuit : la crèche, la piscine, les vêtements et les accessoires et même les repas. Une vie communautaire faite de partages et de souvenirs communs. Aujourd'hui, tout cela a bien changé : si certains travaillent encore au kibboutz où ils ont désormais le statut d'employés rémunérés comme c'est le cas de Gili et Avi, les parents de Mor, la plupart des résidents a un emploi « en ville » afin de payer les factures, le loyer et toutes les activités désormais facturées. « Autrefois, nous ne possédions rien et nous vivions bien, on vivait presqu'en uniforme car la plupart des vêtements étaient commandés auprès des mêmes fournisseurs, cela ne nous dérangeait pas d'être des quasi-clones ! En CP, on savait qu'on aurait tous droit au même cartable et qu'il fallait attendre nos neuf ans pour chacun avoir le même vélo que notre voisin ! ». Désormais chacun gère son argent, a son style vestimentaire et sa maison : « si on est propriétaire, on a même le droit de la louer à qui l'on veut. On a plus de liberté certes, mais également plus de responsabilités », clame Mor le timbre de la voix un tantinet nostalgique.

La rencontre et les retrouvailles américaines

Mor et Ofir ont beau être voisins de kibboutz, ils se côtoient sans véritablement se connaître. Il leur faudra attendre les 20 ans de la demoiselle et les 25 du jeune homme pour se rencontrer et ainsi débuter une jolie histoire d'amour. Tout a commencé au pub du kibboutz, où Ofir jonglait avec les bouteilles en tant que barman, tandis que Mor venait se détendre avec ses amies. Chaque vendredi, ils échangeaient, à chaque fois un peu plus, autour de quelques verres. Ils tombent rapidement amoureux et restent ensemble six mois, avant le départ de chacun pour de longs voyages (l'Inde et les Etats-Unis pour Ofir ; l'Amérique du Sud pour la jeune femme). Mais quelques mois plus tard, il craque le premier et l'invite à se retrouver à New York?Ils s'y installeront six mois, s'improvisant nounou et déménageur pour gagner leur vie. 

L'expérience américaine vécue, le jeune couple décide de rentrer au pays, mais s'installe à Tel-Aviv dans le quartier de Basel, un petit coin de verdure très calme, truffé de coffee shops, pubs, primeurs et charcutier et surtout beaucoup d'amis. Ils recréent ainsi rapidement cette douce vie communautaire qui leur avait manqué pendant ces mois de nomadisme étranger. La journée, Ofir reprend son activité de dresseur de chiens qui lui tient tant à c?ur, tandis que Mor se forme à la pâtisserie dans la petite boulangerie de renom Hans Bertele, puis chez Dalita. Une expérience qui durera quatre ans, au terme de laquelle le jeune couple alors âgé respectivement de 25 et 30 ans, décide de rentrer au kibboutz de leur enfance et de s'y marier. 

L'appel du kibboutz 

La cérémonie a lieu autour de la piscine. Mor, les yeux pleins d'amour confie avec tendresse ce qui la séduit chez son homme, « son côté protecteur et attentionné ,et son humour implacable ». Ofir est tout aussi touchant « Mor est mon valium, elle me relaxe, elle m'apaise et me permet de rester calme en toute circonstance. Elle est ma drogue addictive ! ».

Mor profite de ce retour pour réaliser son rêve le plus cher : ouvrir une pâtisserie. En 2012, son petit café éponyme aux tons bleu turquoise voit le jour ; elle y prépare, outre quelques sandwiches garnis, de nombreuses spécialités locales kasher : biscuits aux dattes et fruits secs, brioche torsadée beurrée au chocolat (le fameux Yeast au chocolat ou chocolat-halva), des truffes au cacao, des cheesecakes, tartes de noix de pécan et quelques spécialités vegan ou sans gluten, qu'elle prépare en cuisine avec ses deux associées, pendant qu'Ofir opère en salle. 

Elle vend sur place aux nombreux voisins du kibboutz désireux de soutenir l'activité de la jeune femme, mais également à une douzaine de magasins et cafés à Tel-Aviv, Haifa, ou encore Césarée? Les journées sont intenses puisqu'il faut ouvrir tôt pour le service du petit-déjeuner et donc se lever aux aurores, à 4h30 du matin. Elle ne ferme qu'à 17h30 puis c'est la deuxième journée qui commence à la maison avec ses deux petits garçons, Michael (7 ans) et Shai (4 ans). « C'est intense mais j'ai accompli mon rêve donc je le vis très bien d'autant plus qu'il s'agit d'un projet commun de couple dans lequel chacun se retrouve tout en complétant l'autre. On forme une parfaite équipe, on veut le meilleur pour notre petite entreprise ; je n'imaginerais personne d'autre me suivre dans cette aventure qui nous passionne vraiment tous les deux ! » 

Et même si les défis sont de taille, Mor et Ofir souhaitent rester une entreprise à taille humaine et ne surtout pas devenir une usine. « On veut rester petit, sans machine. Je ne veux pas être millionnaire, je veux juste être et rester passionnée. Ce qui nous plaît, c'est de créer de nouvelles recettes et faire venir du monde dans notre pâtisserie, accueillir les gens comme s'ils venaient chez nous ». « Aujourd'hui, ils rentrent dans notre pâtisserie autant pour nous que pour les gâteaux ! », complète Ofir sur le ton de la blague.

Un autre rêve ? Ouvrir peut-être un jour un point de vente dans un autre kibboutz ou réfléchir à un partenariat avec une boulangerie afin de compléter leur offre. Mais tout cela reste encore au stade de douce pensée car Mor et Ofir ont décidé de mettre leur amour et leur qualité de vie au premier plan, ils souhaitent donc prendre leur temps et attendre le bon moment pour se diversifier.

*un moshav est une ferme agricole

Mor Ofir Goldshmidt

LES RECETTES DE MOR 

* POISSON AUX EPICES & SON PAIN HALLA 

Une recette héritée de sa grand-mère chérie Safta Shula, irakienne qui la préparait tous les vendredis pour le Shabbat. Le pain, quant à lui, sortait du four, il se trempait chaud dans la sauce du poisson. Un régal !

Ingrédients:

6 filets de poisson (Saint Pierre, daurade, mulet), 4 poivrons rouges, une botte de persil or coriandre (ou les deux), 10 gousses d'ail, un piment, sel et paprika, un verre et demi d'huile d'olive. 

Préparation :

  1. Trancher les poivrons rouges en longues tranches fines, le piment en bagues de 1 cm, émincer les herbes, couper les gousses d'ail en deux.
  2. Mélanger le tout dans un bol avec la moitié de l'huile et les épices.
  3. Faire chauffer une poêle pouvant accueillir les 6 filets.
  4. Verser la moitié de la préparation et la disposer dans la poêle 
  5. Déposer les filets sur le tout et couvrir avec le reste de la préparation
  6. Cuire à feu vif et porter à ébullition puis réduire. Cuire à feu doux pendant environ 40 minutes.

 

* YEAST CAKE AU CHOCOLAT & HALVA

Ingrédients pour la pâte:

200 gr. de beurre (en garder un peu pour beurrer le plat), 100 gr. de sucre, 2 ?ufs, ½ cuillère de sucre, 500 gr. de farine, 25 gr. de levure, 1.5 verre d'eau.

Ingrédients pour la garniture:

Crème au chocolat, halva

Préparation:

  1. Mélanger tous les ingrédients dans un mixer et faire tourner pendant 10 minutes, jusqu'à que la pâte se détache. L'ensemble doit être assez collant.
  2. Laisser reposer pendant une heure jusqu'à ce que la preparation double de taille.
  3. Découper la pâte en trois morceaux égaux, et former des boules avec chacun. Laisser reposer une nuit au frigo.
  4. Préchauffer le four à 170°C.
  5. Aplatir chaque boule et former un grand rectangle de 0,5 cm d'épaisseur.
  6. Etaler le chocolat sur chaque rectangle, puis deposer la halva sur le tout.
  7. Rouler chaque rectangle sur lui-même sur la partie longue, comme pour un gâteau roulé.
  8. Découper le en deux dans le sens de la longueur.
  9. Former une tresse avec chaque paire, et les déposer dans un long plat à cake beurré.
  10. Laisser reposer jusqu'à que l'ensemble remplisse le moule (compter environ une heure).
  11. Mettre les 3 au four et cuire pendant 50 minutes, jusqu'à ce que le dessus soit croustillant et brun.

 

INFORMATIONS :

Le kibboutz Magal est situé entre Natanya et Hedera, à la frontière de Naplouse : voir la carte.

 

 

 

 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024