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Aux États-Unis, le militantisme féministe ne se fait pas dans la rue

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©️Elsa Stephan
Écrit par Elsa Stephan
Publié le 8 mars 2022, mis à jour le 8 mars 2022

Les États-Unis n’arrivent qu’à la 30e place dans le classement du forum économique mondial sur la parité alors que la France se positionne à la 16e place. Aux États-Unis, trois femmes sont tuées chaque jour par leur conjoint ou ex-conjoint. Les femmes de seulement cinq États ont accès à un congé maternité payé, les autres États ne garantissant qu’un congé sans solde de six semaines. Le droit à l’avortement a récemment été restreint dans plusieurs États.

 

New York, 1909 : l’origine de la journée internationale des droits des femmes

C’est pourtant à New York que l’on doit l’une des premières journées de défense des droits des femmes, célébrée au début du siècle dernier, le 28 février pour honorer la grève des femmes de 1909. Cette année-là, les travailleuses de l’industrie textile se mettent en grève pour dénoncer leurs conditions de travail dans les ateliers new-yorkais, qui produisaient à l’époque la majorité des vêtements vendus aux États-Unis : 70% des vêtements pour femmes et 40 % des vêtements pour hommes. Un seul quartier, que l’on appelle encore aujourd’hui « Garment District », ou quartier de la mode, contenait dans un espace de moins de 2 km² l’essentiel de ces ateliers, où travaillaient femmes et enfants dans des conditions déplorables. Cette grève reste jusqu’à ce jour la plus grande grève des femmes de l’histoire américaine. Le Parti socialiste américain décida d’instaurer une journée des droits des femmes le 28 février, journée qui sera observée jusqu’en 1913. Quelques années plus tard, en 1920, les américaines obtenaient le droit de vote.

 

Aux États-Unis, le militantisme ne se fait pas dans la rue

Comme le prouvent ces évènements du début du siècle, grèves et manifestations ont fait partie de l’histoire américaine. Mais en un siècle, beaucoup de choses ont changé. Dans la deuxième partie du 20e siècle, ces mouvements ont parfois été violemment réprimés comme en 1981 lorsque Ronald Reagan licencia 11 500 contrôleurs aériens en grève. D’après l’historien David Michael Kennedy, professeur à l’université de Stanford, un changement s’est opéré dès la Grande Dépression « ce qui choqua la plupart des observateurs était l’inquiétante docilité du peuple américain, leur passivité stoïque alors que le Grande Dépression les frappaient de plein fouet. »

Le militantisme revêt maintenant d’autres formes comme la philanthropie et le lobbying. Certains récoltent des fonds pour les associations de défense du droit à l’avortement comme le Planning Familial. D’autres créent des associations, font du bénévolat, ou font pression sur les personnalités politiques à l’échelle locale puisque c’est souvent à travers la ville, ou l’État, qu’intervient le changement aux États-Unis. L’accès aux cliniques du planning familial, ou à un congé maternité, varie en effet d’un État à l’autre. Ces droits n’étant pas encore acquis, la lutte contre la culture du viol est malheureusement parfois relayée au second plan, les militants devant être sur tous les fronts.

 

La lutte contre les violences faites aux femmes indissociable du port des armes aux États-Unis

D’autre part, la lutte contre les féminicides ne pourra vraiment commencer que lorsque l’accès aux armes sera restreint. La moitié des femmes assassinées par leur partenaire aux États-Unis sont tuées par arme à feu.

Mais on assiste cependant à un renouveau de la mobilisation féministe puisque c’est des États-Unis qu’est parti le mouvement MeToo, qui avant de devenir un hashtag viral en 2017 avait été lancé par l’américaine Tarana Burke dès 2007. La marche des femmes sur Washington organisée en janvier 2017 a inspiré 673 manifestations dans le monde. La marche sera longue mais tout espoir n’est donc pas perdu.

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