Christine Herelle-Lewis travaille pour une société de prestations de services, à Paris, pendant plusieurs années. Son grand moment de détente et d’épanouissement est le dimanche soir. Pendant que la plupart des salariés vivent l’angoisse de fin de week-end, Christine s’affaire dans sa cuisine à préparer son traditionnel gâteau du dimanche soir. Finir le week-end sur une note sucrée et commencer la semaine de la même manière est une tradition familiale à laquelle Christine ne saurait déroger. Il faut dire que Christine vient d’une famille où la pâtisserie a une place centrale.
Avec son prof de salsa, ils lancent un nouveau concept dominical « salsa/brunch » et c’est bien évidemment Christine qui s’occupe de confectionner les pâtisseries. Elle réalise que cette activité la porte et lui redonne le sourire, elle qui commence à s’ennuyer ferme dans sa vie professionnelle. « Je ressentais une véritable frustration » concède-t-elle. À tel point qu’elle se lance dans un bilan de compétences. C’est une amie qui lui souffle l’idée de se lancer dans la pâtisserie, comme si Christine se refusait inconsciemment à cette évidence.
Soutenue par son mari - qui est américain - et loin de la pensée pragmatique française qui regarde étrangement ce genre de reconversion professionnelle, Christine Herelle-Lewis pousse les portes de l’École Ferrandi. Là voilà inscrite dans une formation en pâtisserie. Nous sommes en 2010 et Christine fait ses classes chez Pierre Hermé. « L’ambiance dans la brigade était difficile » nous souffle Christine. Mais elle reconnaît qu’apprendre ce métier à l’âge adulte est un véritable atout. Dans cette ambiance très masculine et très studieuse, Christine ne se laisse pas impressionnée. Elle questionne Pierre Hermé, s’intéresse, se passionne, apprend... bref, elle est heureuse. Elle fait enfin quelque chose qui la passionne.
À la fin de cet apprentissage, Christine et son mari mettent le cap sur New York. Christine est engagée chez « Bien Cuit ». Cette expérience, qui dure deux ans, lui permet aussi de se rendre compte de la réalité du métier, de ce côté-ci de l’Atlantique. Quelque peu différent de la France et surtout, moins machiste.
Elle rencontre Noémie, sa future associée, elle aussi fraîchement diplômée de l’École Ferrandi. Toutes deux, outre leur passion débordante pour la gastronomie, ont aussi une ambition commune : avoir leur propre business. Elles créent ensemble Pistache NYC, société de traiteur-pâtisserie - dont nous vous avons raconté le début de l’aventure, dans le portrait de Noémie Videau-Zagar paru le 15 mars -.
Après 4 années passées à sous-louer un coin de cuisine chez Colson, à Industry City, Christine et Noémie ont leur propre atelier, depuis 2018. Toujours à Brooklyn, mais cette fois-ci dans le Pfizer Building. Forte d’une clientèle qui est fidélisée, mais aussi qui grandit, l’équipe Pistache NYC s’est aussi développée. Elles ont désormais une salariée : une véritable fierté, gage de leur succès. Que de chemin parcouru pour les deux femmes qui ont commencé en 2012 à vendre, sur des marchés de producteurs locaux, des mets concoctés dans leurs cuisines respectives.
Christine rêve l’avenir de Pistache NYC dans une boutique. Pas pour tout de suite, certes, mais Christine l’avoue « quand on aura enfin une boutique, on sera aller au bout du bout, je serai complètement accomplie ».
Christine a en charge tout l’aspect « pâtisserie » de Pistache NYC. Ses créations sont toujours inspirées de la pâtisserie française. « On vend quelque chose qui séduit » dit-elle, et elle a bien raison.
Pour Christine, New York est la ville de l’entrepreneuriat « on ne l’aurait pas fait en France, il y a bien trop d’étapes à franchir. New York, c’est la ville des opportunités. »
Un soupçon d’audace, un brin de délicatesse, une bonne dose de travail, le tout saupoudré de bonne humeur sont les ingrédients de réussite de Christine Herelle-Lewis.
Nous nous permettrons de rajouter « un sacré talent », mais ça, chers amis lecteurs, vous ne pourrez l’apprécier qu’après avoir goûter la tarte pistache pamplemousse de Christine, qui est tout simplement à tomber par-terre !
Un grand merci, Christine d’être l’une de nos Women of New York.
Découvrez Pistache NYC
Article rédigé par Rachel Scharly, rédactrice en chef de l’édition New York du Petit Journal