La pandémie n'a pas affecté le prestige extérieur de l'Espagne, qui a pourtant été l'un des pays les plus touchés par le Covid, selon l'étude du think tank Real Elcano "L'Espagne dans le monde en 2021: perspectives et défis". L’Espagne figure dans le groupe de tête et fait mieux que la France.
Covid oblige, le principal défi auquel l'Espagne est confrontée cette année est l'incertitude, liée à la pandémie de coronavirus, ce qui conditionne tout, depuis l’évolution de l’économie jusqu'à la géopolitique. En effet, du point de vue économique, tous les regards sont tournés vers les vaccins et le plan de relance.
Le rapport, qui en est à sa neuvième édition, rassemble l'analyse des chercheurs de l’Institut Real Elcano sur les principales caractéristiques de la scène internationale et les défis que devra relever l’Espagne ces prochains mois dans différents domaines tels que la politique étrangère, la défense ou l'économie.
L’année 2020 a bien sûr été marquée au fer rouge par le Covid-19 et l'étude souligne qu'un seul pays, la Chine, a souffert de la pandémie dans son image extérieure, tandis que la Corée du Sud et la Nouvelle-Zélande ont été récompensées pour leur gestion très efficace de la pandémie.
Le Coronavirus a cependant eu un effet positif pour l’Espagne. L’étude souligne ainsi que, contrairement à ce qui s'était passé les années précédentes, "le conflit indépendantiste catalan a été pratiquement absent de la presse internationale en 2020", de sorte qu'il n'a pas eu d'influence négative sur l'image extérieure de l'Espagne. A signaler qu’il est encore tôt pour mesurer l’impact du scandale du départ à l'étranger du roi émérite Juan Carlos I, qui a fait l'objet d'une importante couverture internationale dans la presse.
La macro-enquête de l’Institut Real Elcano, dont le travail de terrain a été élaboré auprès de citoyens des pays qui font partie du G7 plus la Russie, montre également que l'Espagne reste dans le groupe de tête des pays ayant le plus grand prestige mondial, devant le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie.
13e place, devant le Royaume-Uni, la France, l'Allemagne et l'Italie
En fait, l’Espagne est passée de la douzième à la treizième position en raison de la progression de l'Autriche, qui la dépasse légèrement. Mais l'Espagne maintient sa note de 7,5 sur 10, un chiffre identique à celui obtenu en 2019. L’image de l’Espagne n’a d’ailleurs cessé de s’améliorer ces dernières années, puisqu’elle a gagné plus de 14 points par rapport à 2013, lorsqu’elle avait touché le fond, sous l’effet de la crise économique.
Dans ce contexte, Elcano prévient que les divergences au sein de la coalition gouvernementale entre le PSOE et Unidas Podemos nuisent à l'image extérieure de l'Espagne et espère qu’en 2021 elles n'affectent pas trop la politique étrangère et en particulier européenne.
Cependant, le think tank souligne que le début de l'année 2021 montre qu'il n'est pas facile de se projeter à l'étranger avec une certaine solvabilité ou de gérer une diplomatie sans heurts lorsque, par exemple, de l'intérieur même du gouvernement, Podemos s'aligne sur la Russie pour remettre en cause la qualité de la démocratie espagnole, en référence aux déclarations de Pablo Iglesias, qui était alors toujours vice-président du gouvernement.
Or, la réputation de l'Espagne, dans toutes les enquêtes sur la qualité démocratique, obtient une note élevée, qui la place parmi les 15 premiers pays du monde, en termes de démocratie et qualité de ses institutions. Il est vrai, cependant, que les Espagnols sont très critiques à l'égard du fonctionnement de leurs institutions, ce qui produit un écart entre l'image externe et interne qui, selon Elcano, ne se produirait pas dans d'autres pays.
Les Espagnols sont très critiques à l'égard du fonctionnement de leurs institutions
D’autre part, l'image de l'Espagne est plus faible, mais en constante augmentation, dans les aspects "hard", tels que la technologie ou la gouvernance économique, et très forte dans les éléments "soft", liés au mode de vie, au climat, au paysage, à la nourriture, aux loisirs, à la sociabilité, etc...
A ce sujet, et malgré la pandémie, l'Espagne continue d'occuper le leadership en tant que puissance attractive dans le tourisme mondial. Bien sûr, cette année, le tourisme est la seule valeur qui chute dans le rapport de l’Institut Real Elcano, non pas parce que l'Espagne ait été écartée comme destination, mais parce que les citoyens de ces pays ne pensent pas à la possibilité de voyager. On retrouve encore une fois l’omniprésent facteur "incertitude" évoqué au début de l’article.
Une reprise rapide du secteur touristique espagnol
Une note d’optimisme néanmoins : les résultats de l’étude permettent de prédire une reprise rapide du secteur touristique espagnol et un retour à la normal dès que la crise sanitaire sera surmontée. En effet, ceux qui ont la meilleure image de l'Espagne sont précisément les pays d’origine des touristes qui se rendent le plus en Espagne : les Britanniques, les Allemands et les Français. En revanche, ceux qui ont la pire image de l’Espagne sont ceux qui ont une relation migratoire intense, comme la Colombie ou le Maroc.
Rappelons qu’avant le Covid-19, l'Espagne était le deuxième pays au monde en nombre de touristes, seulement en dessous de la France, avec presque 84 millions de touristes. Paradoxalement, juste avant la pandémie, alors que la foire internationale du tourisme FITUR fêtait en grandes pompes sa 40e édition, l’écart se resserrait de plus en plus entre les deux pays. En effet, l’Espagne avait enregistré 30 millions de visiteurs étrangers en plus en seulement 10 ans.