Le 31 janvier 2020 à minuit, le Royaume-Uni sortait officiellement de l’Union Européenne. Une situation inédite qui venait entériner définitivement le référendum de 2016, au terme de quatre années de laborieuses procédures. Trois ans après son Brexit, quel bilan tire l’Angleterre ?
« Je suis très heureux que cet après-midi, nous ayons conclu le plus grand accord commercial à ce jour. (…) un accord qui protégera les emplois dans tout le pays. » Trois ans après la signature du Brexit, l’enthousiasme de Boris Johnson et des Britanniques est largement douché. Un sondage publié par The Independent en janvier 2023 révèle même que deux tiers des Britanniques souhaiteraient un nouveau référendum.
Depuis le Brexit, les Premiers ministres britanniques accusent le coup
La remise en cause du Brexit est allée croissante après le vote de 2016. Alors qu’ils étaient 51,9% de citoyens à le soutenir au moment du référendum, ils ne sont aujourd’hui plus que 34 % à considérer qu’il s’agissait d’une bonne décision. Ce rejet progressif a nettement fragilisé le pouvoir en place. En trois ans, le Royaume-Uni a connu trois Premiers ministres différents. Le Brexit n’a pas été le seul facteur d’instabilité, mais il y a nettement contribué. Selon CNN, il reste le principal « sujet qui fâche » pour le 10 Downing Street et sur lequel Boris Johnson et Liz Truss se sont cassés les dents en 2022.
Une sortie de l’Union européenne qui coûte cher au Royaume-Uni
Un collège de chercheurs du King’s College rapporte que le maire de Londres Sadiq Khan a récemment reconnu les effets néfastes du Brexit sur l’économie britannique. Selon lui, il a entraîné une baisse du PIB de 5,5 %, ainsi qu’une réduction des investissements de 11 %, et des échanges de biens et de services de 7 %. La perte totale s’élèverait à 40 milliards de livres sterling pour l’économie britannique.
Cette perte n’est pas près de s’arrêter. Lors de la signature du Brexit, la nation s’est engagée à continuer à contribuer au budget de l’Union Européenne pendant quelques années. En 2022, elle a ainsi versé 10 milliards d’euros à l’UE selon la commission européenne.
La grande désillusion du Brexit
La « grande illusion » du Brexit que Michel Barnier, le négociateur français de l’accord, dépeignait dans son livre en 2021, est désormais vécue comme une désillusion pour la majorité des Britanniques. L’assurance de Borish Johnson qui promettait que le Brexit « protégerait les emplois », sonne désormais creux. Le Royaume-Uni fait face à une pénurie de main d’œuvre qui ralentit au contraire l’économie. Il y aurait actuellement 1,3 million de postes vacants, dont 600.000 seraient causés par des problèmes de santé apparus à la suite du Covid.
Pour faire face au manque d’attractivité du pays, Rishi Sunak souhaite encourager le travail des étudiants étrangers. Jusque-là limités par des contrats à temps partiel de 20 heures par semaine, le Premier ministre songerait à les allonger à 30 heures, selon le Times. Une mesure pensée pour venir en aide aux secteurs de la restauration et de la vente au détail, massivement désertés depuis le Brexit. Elle semble cependant bien légère pour contrer la pénurie de main d’œuvre.
Le Premier ministre devra proposer un programme solide et efficace pour tirer le Royaume-Uni de la crise inédite dans lequel il est plongé. Les grèves historiques et l’inflation grandissante auront tôt fait de l’ajouter à la liste des anciens chefs du gouvernement post-Brexit.