Jeune chanteuse professionnelle et passionnée de musique depuis toute petite, Marie a chanté avec de nombreux groupes en France, aux Etats-Unis et en Amérique du Sud. Elle vit désormais au Pérou.
Alors que nous lui demandons de nous raconter son parcours, Marie commence notre entretien en nous disant qu’elle chante depuis toujours, « avant même de parler ! » Voyant qu’elle aimait chanter, sa mère l'a inscrite très tôt à l'école de musique Charles Boquet, à Pont-à-Mousson en Lorraine, une petite ville entre Metz et Nancy.
« C’est une super école de musique qui reste dans mon cœur. J'ai toujours été très soutenue, ils m’ont toujours encouragé. De pouvoir commencer si jeune, ça joue un grand rôle dans une vie d'artistes, de musiciens. Dès petite, j'ai donc eu la chance d'être entourée de musiciens et de chanter dans des groupes de rock, de blues et de pop, avec des enfants de mon âge ».
À l’âge de 17 ans, Marie intègre le conservatoire de Nancy où elle étudie le chant lyrique et le jazz, tout en ayant en elle l’envie de voyager.
« Comme j'aime beaucoup le blues, la soul et le jazz, pour moi les États-Unis me paraissaient un chemin inévitable parce que c'est le berceau de cette musique. J'ai donc passé des auditions pour le Berklee College of Music à Boston et j'ai pu avoir une bourse, donc je me suis dit : j’y vais ! »
Marie passera quatre ans aux États-Unis, à Boston et mais aussi à New York où elle a vécu six mois. Elle enseigne le chant et la technique vocale, et surtout elle chante.
« Là-bas, j'ai pu jouer mon répertoire dans des avenues musicales comme au Wally's Cafe Jazz Club qui est l’un des plus anciens clubs de jazz des États-Unis. J’y ai chanté tous les lundis pendant deux ans. Quand tu es musicien, pouvoir faire un concert chaque semaine, en plus avec les mêmes musiciens, tu peux travailler ton répertoire, tu peux juste jouer... c'était génial ! »
Je me suis remplie de toute cette expérience
Et pourquoi le Pérou ?
« La première fois, je suis venue en 2019. Le guitariste avec qui je chantais à New York, est péruvien. Il m'a proposé de venir au Pérou pour faire quelques concerts, donc je suis venue et je suis restée trois mois pour participer aux festivals de jazz de Lima ».
J'adore voyager, j'ai toujours essayé de pouvoir voyager grâce à la musique
Ensuite, Marie passe par la Guyane où elle fait quelques concerts avec des musiciens locaux avant de repartir en France. Elle y enseigne le chant mais son objectif est désormais de venir s’installer au Pérou. Elle veut rejoindre son guitariste, devenu entre-temps son compagnon. Mais à ce moment-là, début mars 2020, la crise sanitaire du Covid-19 est en marche et les frontières sont sur le point d’être fermées.
« J'ai avancé mes dates de vol prévu en avril pour pouvoir voyager et j'ai finalement pris le dernier avion avant la fermeture des frontières. Donc depuis le début du Covid, je suis au Pérou. Mon idée était d'enseigner et de faire des concerts parce qu’avant la crise, les concerts fonctionnaient très bien à Lima, il y avait pas mal d'endroits où nous pouvions jouer régulièrement mais je n'ai pas pu en faire l'expérience à cause de la pandémie ».
« Avec la crise, je me dis que les choses vont se développer mais plus lentement. Je garde espoir de pouvoir continuer à faire des performances même si c'est juste en ligne. Pour le moment j'enseigne beaucoup pour des étudiants du monde entier. Je donne des cours de chant pour tous les niveaux pour développer la technique, le jazz et l'improvisation ».
« Ce qui est un peu dur avec le Covid, c’est de ne plus avoir les concerts. Donc, je me mets aux concerts en ligne et même si ce n'est pas pareil, c'est quand même quelque chose, c'est un moyen de rester connecté avec les gens. De toute façon nous n'avons pas vraiment le choix. Ce qui est bien avec les concerts en ligne, c’est que tu peux toucher le monde entier. Avec mon dernier concert, j'avais des gens des États-Unis, de France et d'Amérique du Sud, c’est quand même incroyable ! »
« On s'adapte ! Forcément, le Covid est un gros bouleversement mais ça va créer de nouvelles façons de voir les choses. Même sur la scène musicale, il y a beaucoup de collaborations qui se font en ligne, des gens qui sont dans des pays différents et qui arrivent à travailler ensemble ».
Cette situation ne représente-t-elle pas une frustration pour les artistes ?
« Si, ça ne remplit pas à 100% ce pourquoi je suis là, ce pourquoi je veux faire ça. Ce qui manque, c’est l’échange avec le public mais on sent quand même quelque chose, on s’imagine, ça va développer la télépathie (rire)… »
« C'est vrai que quand tu as des concerts, tu es motivé pour travailler ton répertoire et quand il n’y a plus trop de projets, tu te demandes pourquoi tu fais ça. Mais quelque part, la quarantaine et le Covid m’ont forcé à me poser et c'était bien d'avoir le temps de revoir des morceaux de composition, de créer un nouveau répertoire, il n'y a pas que des côtés négatifs dans ce qui est en train de se passer ».
C’est une manière de retravailler mon instrument, retravailler ma voix ! C'est pour ça que j'aime le jazz, parce qu'il y a toujours un peu ce côté infini !
Justement, parlez-nous de votre univers musical !
« J'ai découvert le jazz au Conservatoire, j’étais en chant lyrique et un jour, j'ai vu un quartet joué la musique de Thelonious Monk. Je n’avais jamais entendu ce genre de musique, ça m'a vraiment touché, j'ai pris une bonne claque. J'ai vraiment trouvé du sens à ma vie en entendant cette musique qui est, je trouve, toujours surprenante. Il fallait absolument que je chante ça et puis j'ai découvert tout le côté improvisation. C’était comme apprendre un nouveau langage. Il a fallu que je me mette vraiment à travailler le côté musical parce que dans le jazz, tu dois ressentir ce qu’il se passe autour de toi, tu ne peux pas juste chanter, il faut s’intéresser au rythme, à la mélodie, aux accords, aux autres instruments et aussi aux nombreux artistes du passé et du présent, c’est une histoire de transmission que j’aime beaucoup. Il y a vraiment une connexion de groupe, ce n'est pas juste le chanteur qui est devant. Ça m'a forcé à aller plus loin dans mon ressenti musicale ».
Grâce au jazz, je n'étais plus juste chanteuse, j'étais aussi musicienne !
« Quand tu improvises tu vas toujours à la recherche de nouvelles manières de chanter ou jouer tout en restant connecté au langage des musiciens qui ont fait ça avant toi. Tu te motives à composer des mélodies, des accords… Ce sont toutes ces couleurs du jazz qui me représentent ».
Quelle est votre vision du futur ?
« J'ai prévu de faire des nouvelles vidéos pour ma chaîne Youtube. En fin d’année dernière, j'ai enregistré des morceaux en quartet avec mon guitariste, Sergio Cardozo, et deux autres musiciens péruviens, Osmar Okuma à la contrebasse et Ken Ychikawa à la batterie. Ce sont un peu mes références à Lima, j’aime beaucoup jouer avec eux. Mon but maintenant est de faire de nouveaux concerts en vidéo ou en vrai sous différent format, en duo, trio ou quartet ».
https://mariegoet.wixsite.com/mariegoetzinger
https://www.facebook.com/MarieGoetzingerMusic