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Le « Cajón », un instrument né au Pérou

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© Kevia Tan - Unsplash
Écrit par Guillaume FLOR
Publié le 2 août 2021, mis à jour le 3 août 2021

À l’occasion de la journée nationale du Cajón au Pérou, le maestro Hugo Alcázar, batteur-percussionniste péruvien de renommée internationale, nous parle de cet instrument connu dans le monde entier.

Depuis 2018, le 2 août est une journée spécialement dédiée au « cajón » péruvien, un instrument de musique emblématique de la culture afro-péruvienne.

Musicien, spécialiste de la percussion, Hugo Alcazar enseigne cet art dans plusieurs écoles de musique et universités de Lima. Il a également participé à de nombreuses conférences aux États-Unis et en Europe. Ses recherches sur le « cajón », la percussion et la musique afro-péruvienne l’ont amené à travailler sur leur fusion avec le jazz. En 2008, il a été élu « The Best Latin Jazz Drum Kit Player » par Latin Jazz Corner (USA), puis en 2010, il a été nommé au « Grammy Awards » avec le projet de jazz afro-péruvien « Aurea » du célèbre pianiste nord-américain Geoffrey Keezer.

 

Quelle est l'origine du « Cajón » péruvien ? Pourquoi péruvien ?

« Le cajón péruvien est un instrument qui est apparu à l'époque coloniale avec l'arrivée au Pérou des esclaves venus d’Afrique. Les colonisateurs espagnols retiraient aux esclaves tout type d'expression qu’elle soit religieuse ou musicale. Les instruments de musique qu’ils avaient l’habitude d’utiliser, comme le tambour, étaient interdits. On les empêchait de fabriquer leurs propres instruments parce qu’il n'était pas question de gaspiller des ressources précieuses comme le cuir ou le bois. Les esclaves n'avaient donc plus la possibilité de développer leur musique ».

« À cette époque, dans les églises, ce sont les esclaves noirs qui étaient chargés de récolter les offrandes pendant la messe, ils utilisaient des petites boîtes avec lesquelles ils ont trouvé un sens rythmique pour les transformer en instrument de musique. Un peu plus tard, apparaît le cajón qui est alors plus le produit de la créativité et de l’envie de faire de la musique qu’un véritable instrument. Les esclaves ont commencé à jouer avec des meubles, avec des caisses et même avec certains instruments qui arrivaient d'Europe comme la guitare qu’ils utilisaient comme instrument de percussion. Grâce au trou de la guitare, cela produisait un son intéressant au point de les inspirer à créer un nouvel instrument. Les hommes de l’époque utilisaient aussi le « Checo » qui était une sorte de citrouille énorme. Une fois vidée, elle produisait un son très similaire à celui du cajón mais plus fragile, elle se cassait facilement avec les coups. Les débuts du cajón, c’est un peu tout ça, des manifestations sous des formes très diverses, différentes manières d'exécuter un instrument ».

 

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« La Jarana » de Ignacio Merino (c. 1840-1850. Museo Nacional de Historia – Lima)

 

Les premières représentations du « cajón » datent du milieu du 19ème siècle

« À partir de 1841, apparaissent des dessins avec quelqu'un qui joue du cajón ou quelque chose qui lui ressemble. Dans les années 1850, on voit une peinture à l'huile qui représente un noir en train de jouer avec un « Checo ». Avec l'apparition de la photographie à la fin du 19ème siècle, il y a une photo du groupe La Palizada avec un homme qui est en train de jouer du cajón, c'est maintenant une caisse un peu plus grande, l'homme qui joue est un blanc avec un chapeau. Au début du 20ème siècle, on retrouve des photos avec le véritable instrument dans les mains du grand « cajonero » de l’époque, le maestro Francisco Monserrate ».

 

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La Palizada

 

Le cajón péruvien rendu célèbre dans le monde entier grâce au flamenco 

« Le cajón péruvien a été importé en Espagne, depuis le Pérou, [en 1977], par le guitariste flamenco Paco de Lucía pour que son percussionniste l’utilise. Il s’est intéressé à cet instrument notamment grâce à Caitro Soto, le « cajonero » de ­­Chabuca Granda ».

« À l'heure actuelle la différence entre un cajón péruvien et celui qui est utilisé pour le flamenco, ce sont les petites cordes qu'il y a à l'intérieur du cajón flamenco qui donnent un son plus aigu. Ici au Pérou, c’est un instrument pour les débutants. Le cajón péruvien, qui n'a pas les cordes, produit un son plus harmonique et plus grave ».

« En Espagne, cet instrument est devenu très populaire jusqu'à faire croire que le cajón était espagnol. Le cajón est devenu un véritable symbole de la musique espagnole. Préoccupé par cela, le Pérou a fait adopter une résolution en 2001, le 2 août, pour que le cajón péruvien soit considéré Patrimoine culturel de la nation. Maintenant, tout le monde a bien conscience que le cajón est originaire du Pérou et qu'il existe des variantes dans le reste du monde. Avec cette résolution, le cajón s’est popularisé, c’est devenu l’instrument de tout le monde. Ce n’est plus un instrument exclusivement pour les musiciens ou les afro-péruviens ».

 

« Le cajón est pour moi une sorte d’extension de moi-même »

« En tant que musicien, batteur-percussionniste, cela fait 30 ans que je travaille avec la percussion afro-péruvienne, pas seulement au niveau de la batterie mais aussi du cajón, je suis professeur de ces instruments. J'ai fait beaucoup de démonstrations à travers le monde. J'ai développé du matériel pour diffuser le cajón internationalement ».

 

 

« Le contexte actuel me permet d'en faire encore plus, plus de publications, plus de cours virtuels pour tous ceux qui s'intéressent au cajón. C’est une période difficile mais de manière surprenante, il m'est arrivé de très bonnes choses comme des projets de cours en ligne même pour des étudiants à l'étranger ».

https://www.facebook.com/hugoalcazar/

http://hugoalcazar.blogspot.com/

 

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Hugo Alcázar

 

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