L’ONG Children of Lima propose à la communauté Valle Ecologico (San Juan de Miraflores), une des plus pauvres de Lima, d’installer des attrapes nuages pour récupérer et utiliser l’eau du brouillard.
Ce projet d’attrapes nuages s’inscrit comme un élément clef dans la philosophie de Children of Lima. Certaines organisations non gouvernementales (ONG) travaillent dans l’urgence en apportant de la nourriture, mais pour cette association belge, il est préférable de voir sur le long terme, voire le très long terme. « Pour offrir un meilleur futur à nos jeunes il faut se projeter sur une génération » se confie Bruno Rouffaer, sociologue reconnu. Au Pérou depuis 8 ans, il ne supporte pas de voir les conditions inhumaines dans lesquelles une partie de la population vit. Les hauteurs de Lima abritent les plus démunis, on décompte près de 4 millions de pauvres échelonnés sur des milliers de kilomètres dont les 35 familles de Valle Ecologico qui vivent sans eau ni électricité.
L’autonomie de la communauté comme objectif principal
En mars 2020, la crise sanitaire frappe le monde entier et notamment les enfants, dont l’accès à l'école devient impossible. D’ailleurs à l’heure actuelle, les salles de classes n’ont toujours pas rouvertes. Les cours à distance ont été mis en place, mais il est difficile pour ces enfants de suivre une scolarité virtuelle en l’absence de prises électriques et de matériel nécessaire. C’est la sonnette d’alarme. Children of Lima débloque des fonds et installe des panneaux solaires sur le toit de l’Escualita, une autre ONG française très active. Ils achètent des modems et ordinateurs, en quelques semaines, la connexion est établie.
La seconde étape vers cette autonomie a été d’apporter la philosophie du CosmoGolem. Cette œuvre d’art représente les droits des enfants et porte un mouvement d’humanité. En plus de l'accès à internet et l’apport culturel, l’association se préoccupe des logements. Avant l’arrivée de l’hiver, des "calaminas'' ont été livrés pour reconstruire le toit des maisons dont les fondations sont similaires à des cabanes en bois. Dernièrement, le don d’un tableau a permis de financer l’achat d’un générateur d’électricité. Une succession d’actions et de projets qui précède l’étape primordiale pour être totalement autonome : l’accès à l’eau.
Capter l’eau par le biais d’attrapes nuages
Nous savons que l’eau se fait de plus en plus rare et qu’elle deviendra une ressource onéreuse. Mais ce n’est pas cette problématique qui se présente ici. “Ils ont de l’eau. C’est dans l’air, dans le brouillard, il faut juste la récupérer”. En général, un attrape nuage capture une quantité moyenne de 2 litres par mètre carré. “D’après les derniers tests, en calculant les besoins des familles par jour, par mois et par an, on pourrait obtenir 8 litres par mètre carré”. Sous la surveillance de l’ingénieur Vladimir A. León Menacho, le projet a été présenté aux familles “mais la décision leur appartient”.
Le coût d’un tel projet s’élève à 15 000$. Une fois l’eau interceptée, il faut la redistribuer. “Comme il est difficile de construire une arrivée d’eau pour chaque famille, nous allons construire 3 bassins de 10 000 L et distribuer des bidons de 25 L pour se rationner”. Dans un premier temps, l’eau sera utilisée pour une agriculture locale et verticale. L’hydroculture serait la solution à de nombreux problèmes, par exemple, le quinoa lutterait contre le manque de fer chez les enfants. Dans un second temps, suite à un processus de filtrage, l’eau serait potable. Plus tard, la présence d’eau permettra d’installer des cellules de douches.
Les attrapes nuages seront construits cet été (janvier-février) et seront prêts l'hiver prochain (juillet-août). Les bassins de récupération ont l’intention de remplacer 50 à 60% des camions qui livrent l’eau. “Nous construirons le double de bassins l’année suivante pour obtenir une réserve d’eau annuelle”. La construction des attrapes nuages appartient aux locaux, les futurs utilisateurs. Une fois financés, ils en ont la pleine responsabilité. On retrouve ici le principe d’autonomie.