Dans l’une des zones les plus pauvres de Lima, trois Françaises sont à l’origine de la création d’un espace pédagogique qui offre du soutien scolaire, une bibliothèque et une salle pour des ateliers.
Sur les hauteurs de Lima, à San Juan de Miraflores, « La Escuelita » est un lieu de vie, un lieu d’apprentissage, de jeu, d’échange et de partage entre les habitants de la communauté et les volontaires. Ce projet a été initié par Marie-Laure Beck et Lisa Eriksen, vite rejointes par Emmanuelle Lemasson, toutes trois professeurs au lycée français de Lima. L'aventure commence en 2020 avec le premier confinement et la volonté de faire quelque chose de constructif pendant cette période difficile, et notamment pendant les trois semaines de vacances de juillet.
Marie-Laure participe tout d’abord à une collecte de vêtements et de couvertures pour l'hiver, organisée par Edwin Rojas de l’ONG Reciprocity. « Ça m'a fait tellement plaisir de faire ça que je me suis dit qu'il fallait que je creuse la question pour voir si je ne pouvais pas aider un peu plus ».
Plus tard, Edwin lui fait faire un tour dans les bidonvilles de Lima, sur les hauteurs de la ville, pour lui montrer l’extrême pauvreté dans laquelle vivent les communautés et pour voir comment elle pouvait aider. « Moi, j'étais prête à faire n'importe quoi, participer à une cuisine commune ou autre chose. Mais il m'a expliqué qu'il préférait utiliser les forces des gens, ce qu'ils savent faire ».
En raison de la pandémie du Covid-19, toutes les écoles péruviennes sont fermées. Or, tout en haut de San Juan de Miraflores, les habitants de ces quartiers pauvres sont privés d'électricité. Le problème est donc que les enfants ne peuvent pas suivre les classes virtuelles de leur école. Si certains parents font l'effort de descendre tous les matins pour aller recharger leurs téléphones portables et de remonter avec les devoirs imprimés, en réalité beaucoup de ces enfants décrochent complètement. « Il existe plusieurs niveaux de pauvreté sur les collines de Lima ; plus les gens sont pauvres, plus ils doivent monter et moins il y a d’accès à l’eau et l'électricité. C'est vraiment la pauvreté extrême, ils n'ont rien. Le moindre stylo, le moindre cahier est un véritable trésor pour eux ».
C'était dramatique parce que les enfants étaient en train de perdre leur année scolaire. Edwin m’a alors proposé d'aller faire du soutien scolaire et c’est comme ça que l’aventure a commencé
Entraînant dans l'aventure deux de ses collègues du Franco-Péruvien, Lisa et Emmanuelle, elles se retrouvent donc toutes les trois à monter chaque semaine vers l’une des communautés les plus hautes de San Juan de Miraflores, jusqu'à un endroit qui s'appelle Valle Ecologico, pour apporter un peu d'aide pédagogique et de soutien psychologique.
« Nous nous sommes rapidement rendues compte qu'il fallait être régulier pour que les enfants sachent quand nous étions là. Ça a pris du temps au départ de créer des liens parce que ce n'était pas très évident pour la communauté de nous accepter, ils ne savaient pas trop ce que nous venions faire là, contrairement à Edwin qu’ils connaissent bien. Petit à petit, nous nous sommes apprivoisés les uns les autres. Et maintenant, c'est comme notre deuxième famille, nous y allons tous les vendredis depuis le mois de juillet ».
« Dès le départ, nous avons également pris conscience que ça allait être logistiquement très compliqué de faire du soutien scolaire pour 25 enfants parce qu’il n'y avait aucun lieu de regroupement et il n’y avait ni tables ni chaises. Heureusement, il y a eu une donation de tables et de chaises de Lima Accueil, ce qui nous a grandement aidées. Nous étions donc dehors avec nos manteaux en plein hiver, mais nous avons eu vraiment de la chance parce qu'il faisait beau tous les vendredis, c'était incroyable ! ».
« Mais avec l’hiver, nous nous sommes quand même dit qu’il fallait absolument nous abriter - du froid en hiver et du soleil en été - et construire un endroit pour accueillir les enfants. Nous avons donc fait une collecte d’argent sur les réseaux sociaux avec une cagnotte Leetchi. Très vite, nous avons récolté 2.000€ et en quelques semaines, en octobre, la petite école de 36 mètres carrés a été construite, ça a été assez rapide ».
La Escuelita, un lieu de culture, d'éducation et d'espoir
La construction de cette petite école a donc permis d’abriter les enfants et de poursuivre tout au long de l’année, dans de bonnes conditions, le soutien scolaire et le suivi psychologique des enfants et adultes de la communauté́. Puis, progressivement, « La Escuelita » est devenu un lieu de culture et d’échange. Plusieurs projets artistiques ont pu être mis en place comme la réalisation d’une peinture murale grâce aux artistes péruviens de Carga Maxima, mais aussi des cours d’initiation à la musique et de danse. « La Escuelita » est désormais un véritable lieu de vie, un espace de partage pour les habitants de ces communautés isolées du reste de Lima. Un jeu, une partie de football, un livre, une conversation… ici, le temps ne se compte pas mais se partage !
Comment voyez-vous l’avenir, quels sont les projets ?
« L'objectif est de faire perdurer le projet en y associant les adultes de la communauté qui nous accompagnent. Lorsque les cours reprendront, cette petite école continuera à être un atelier de soutien scolaire, une bibliothèque, une salle de jeux, un lieu de culture ».
Alors que ce projet a été réalisé dans un premier temps en partenariat avec l’ONG Reciprocity et avec les conseils de l’ONG Children of Lima, l’équipe souhaite désormais créer sa propre ONG « La Escuelita », pour se développer, en commençant par la mise en place d’un site Internet : https://www.laescuelita-lima.org/
« Le projet fonctionne tellement bien que plusieurs enfants des communautés voisines montent nous rejoindre. Maintenant, nous avons envie de reproduire l'expérience. Nous envisageons donc de développer le projet de l’Escuelita aux autres communautés défavorisées de la zone en construisant une deuxième petite école dans la communauté voisine, La Peruanidad, sur le modèle de la première ».
Par ailleurs, étant donné que la zone où est située « La Escuelita » ne dispose pas du réseau d’électricité, l’un des projets de l’organisation est l’installation de panneaux solaires sur le toit de l’école pour permettre aux élèves de suivre les cours à distance et de travailler le soir, après le coucher du soleil.
Faites un don pour couvrir les besoins matériels de « La Escuelita » : https://fr.laescuelita-lima.org/donacion
« Pour l'instant, on est une petite équipe, on aimerait recruter des volontaires, des profs idéalement mais pas uniquement. Nous avons pas mal de jeunes, lycéens et étudiants qui viennent nous aider, donc nous aurions besoin d'encadrement adulte pour accompagner ces jeunes volontaires. Nous recherchons aussi des psychologues parce que c'est une très forte demande de la communauté pour aider les adultes et les enfants ».
Rejoignez le projet de « La Escuelita », devenez volontaire : https://fr.laescuelita-lima.org/voluntariado
La réciprocité est très présente, nous nous nourrissons à un point qui est difficile à imaginer. Nous partageons des moments exceptionnels d'amitié avec les gens de la communauté
https://fr.laescuelita-lima.org