Le gouvernement indien vient de publier son rapport annuel sur la criminalité en Inde : le “Crime in India” report. Mais, les données publiées ne sont pas celles de l'année écoulée, i.e. celle de 2018, mais celles d’il y a 2 ans, celles de 2017. Le Crime Records Bureau explique ce décalage de dates par un changement de méthodes de travail, ayant augmenté le temps d'analyse des données nécessaires. Cependant, même s’ils ne sont plus d'actualité, les chiffres sont inquiétants.
Un nombre de délits en hausse
De 2015 à 2017, le nombre de délits commis a augmenté en moyenne de 2,1% par an alors que le taux de crime (qui correspond au nombre de crimes pour 100 000 personnes) a lui augmenté de presque 4% en cumulé sur la période.
En 2017, le Crime Records Bureau a enregistré 5 millions de délits, ce qui correspond à environ 10 par minute.
Chaque heure, 3 meurtres, 4 viols, 11 enlèvements, 6 cas d'émeutes ainsi que 35 disparitions ont été rapportées. De plus, toujours par heure, 25 véhicules et 12 téléphones portables ont été volés tandis que 6 sacs ont été arrachés.
Malgré le fait que le nombre d'émeutes ait diminué de 5%, le nombre de victimes d'émeutes a lui augmenté de 22%, amenant à la conclusion que les émeutes furent moins nombreuses mais bien plus meurtrières.
Cependant, la bonne nouvelle est que 15 des 29 Etats de l’Inde ont enregistré une baisse dans le nombre de crimes en 2017.
Les chiffres les plus alarmants concernent le nombre de crimes commis envers les femmes et les enfants. En 2017, le Crime Records Bureau a recensé une augmentation de 6% des délits commis envers les femmes et de 20% de ceux impliquant des victimes mineures, des chiffres inquiétants lorsqu’on les compare à la croissance de 2,1% de la totalité des délits. L’Etat de l’Uttar Pradesh est en tête de liste dans les deux cas. Les enlèvements d’enfants sont les crimes les plus nombreux.
Priti Mahara, directeur de la mobilisation et la recherche pour l’ONG, “Child Rights and You (CRY)”, souligne qu’il est urgent d’identifier les enfants et les familles qui sont vulnérables et de renforcer les systèmes de protection des enfants au niveau des communautés afin de prévenir les cas d'enlèvement.
Le rapport apporte aussi des informations nouvelles par rapport aux années précédentes, notamment à propos de la cybercriminalité envers les femmes et les enfants. Le Maharashtra est l’Etat qui a enregistré le plus de ces cas.
Certaines données collectées concernant, entre autres, les décès suite à lynchage par la foule, les meurtres commis à la demande de personnes influentes ainsi que ceux perpétrés pour raison religieuse, ne sont pas présentes dans le rapport. Cette absence est justifiée par le Ministère de l'Intérieur par un manque de vérification des données.
De moins en moins de prisons et un déficit en personnel
De manière étonnante, le nombre de prisons a diminué de 4% entre 2016 et 2017. En particulier, l’Etat du Maharashtra a fermé 57 prisons sur les 100 présentes en 2016.
De plus, les pénitenciers sont confrontés à un manque cruel de personnel : en 2017, le déficit était de 26 000 personnes, avec un ratio de 1 membre du personnel pour 7 prisonniers. C’est certes plus faible que dans d’autres pays, mais aussi bien plus bas que le ratio recommandé par le gouvernement dans India's Model Prison Manual de 2003.