Le 3 mai 2024, la Chine a lancé la mission "Chang'e-6" en envoyant une fusée vers la Lune dans le but de prélever deux kilogrammes d'échantillons de roches et de sol lunaires provenant de la face cachée de notre satellite naturel, afin de les rapporter sur Terre. Si cette mission réussit, ce sera la première fois dans l'histoire que l'humanité parviendra à ramener des échantillons de la face cachée de la Lune. La Chine considère cette mission comme l'une des plus complexes qu'elle ait jamais entreprises et à son bord se trouve également DORN, un outil conçu par... des scientifiques français.
DORN, un outil français sur la sonde chinoise
«Detection of Outgassing Radon» (Détection du dégazage de radon), est un instrument développé par l'Institut de Recherche en Astrophysique de Toulouse. Son objectif est d'étudier la manière dont le radon, un gaz radioactif qui se forme continuellement dans le sol, se déplace à la surface de la Lune. L'objectif est de mieux comprendre comment les gaz migrent des régions chaudes vers les régions plus froides.
Avec cette collaboration, c'est la première fois que la France et la Chine travaillent ensemble sur une mission spatiale en dehors de la Terre. C'est également la première fois que la France envoie un instrument sur la surface lunaire. Selon l'Institut, DORN sera le premier instrument scientifique français à réaliser des mesures à la surface de la Lune depuis les rétro-réflecteurs laser déposés par les missions soviétiques Lunokhod 1 et 2 au début des années 1970. L'instrument fonctionnera pendant une durée d'environ trente heures, ce qui, selon les experts, sera suffisant pour mener à bien sa mission.
Première mondiale pour la Chine
Le 3 mai, la Chine a réalisé une première mondiale en lançant la sonde Chang'e (appelé Chang’e, du nom de la déesse de la Lune dans la mythologie chinoise) depuis son centre de lancement spatial de Wenchang, situé sur l'île de Hainan. Cette mission, d'une durée de 53 jours, est extrêmement complexe et vise à collecter des échantillons de la face cachée de la Lune. La sonde va ramasser des roches lunaires et mener des expériences sur le site d'atterrissage. Les échantillons collectés, qui ont une estimation d'âge d'environ 4 milliards d'années selon les experts, permettront des études approfondies. En 2019, la Chine avait déjà réussi à poser un engin sur la face cachée de la Lune, mais n'avait pas pu rapporter d'échantillons. L'atterrissage de la sonde dans le bassin Pôle Sud-Aitken, l'un des plus vastes et anciens cratères lunaires, est prévu pour début juin.
En direct à 10h30 : le lancement de DORN à bord d’une fusée Longue Marche 5 depuis le centre spatial de Wenchang ?? Embarqué sur l'atterrisseur chinois Chang'e 6, il sera bientôt le 1er instrument ?? actif à la surface de la Lune.
— CNES (@CNES) May 3, 2024
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Cette mission est la première des trois missions sans équipage envoyée sur la Lune prévues par la Chine : la prochaine, Chang’e-7 partira à l’aventure à la recherche d’eau et Chang’e-8 essayera d’établir la faisabilité technique de la construction d’une base.
Course spatiale entre Pékin et Washington
Alors que les États-Unis prévoient d'envoyer des astronautes sur la Lune en 2026, la Chine, quant à elle, ambitionne de réaliser ce projet d'ici 2030. Ces avancées suscitent des inquiétudes aux États-Unis, notamment chez Bill Nelson, directeur de la NASA, qui accuse la Chine d'accroître ses capacités spatiales en dissimulant un programme spatial militaire derrière une apparence civile. Il affirme que cela permettrait à Pékin de revendiquer la Lune. La Chine investit des milliards de dollars dans son programme spatial afin de rattraper les États-Unis et la Russie. En avril dernier, elle a également envoyé trois astronautes vers sa station spatiale Tiangong pour une mission de six mois. De plus, la Chine a réussi à faire atterrir le rover Zhurong sur Mars il y a quelques années, ce qui était jusqu'alors un exploit uniquement réalisé par les États-Unis.