Hong Kong a subi l'été le plus chaud jamais enregistré cette année et ce depuis 140 ans. La température moyenne de ce mois d'août était de 29,7 degrés celsius. Mais Hong Kong n’est pas une exception: l'Organisation Météorologique Mondiale des Nations Unies a qualifié le mois d'août de mois le plus chaud de l'histoire de la Terre, et "de loin". Mais en quoi Hong Kong a-t-elle été particulièrement affectée par ces chaleurs ?
Rester au frais: bonne ou mauvaise solution ?
Lorsqu’on parle chaleur à Hong Kong, nos premières pensées se tournent forcément vers la climatisation. Lors des pics de chaleur, locaux comme expatriés se réfugient dans les malls ou allument leur climatisation domestique. Les climatiseurs sont extrêmement répandus à Hong Kong, à tel point qu’ils représentent 30% de la consommation électrique de la ville, chiffre qui grimpe encore lors de la période estivale. Cette consommation contribue à 60% des émissions de gaz à effet de serre de la ville, notamment à cause des résidences modernes et centres commerciaux hautement climatisés. Nous sommes ici face à un véritable cercle vicieux: en brûlant les combustibles fossiles nécessaires au fonctionnement des climatiseurs, l’atmosphère est polluée par ces gaz retenant la chaleur, alimentant plus encore le besoin de climatiseurs supplémentaires. Et pourtant, lors de pics de chaleur comme ceux que nous connaissons ces derniers mois, il est recommandé de rester au frais surtout pour les populations à risques. Que ce soit les personnes âgées, enfants, personnes souffrant d'obésité ou ouvriers travaillant à l'extérieur, tous sont plus sujets à la déshydratation, aux accidents cardiovasculaires et doivent si possible rester au frais. N’oublions pas que les taux d’hospitalisations augmentant à Hong Kong de 4,5 % pour chaque augmentation d'un degré au-dessus de la température moyenne journalière de 29 degrés.
Pourquoi Hong Kong chauffe-t-elle autant ?
Hong Kong souffre de ce qu’on appelle l’effet “îlot de chaleur urbain” (ICU). Ce phénomène désigne une « sorte de dôme d'air plus chaud couvrant la ville », expliquant pourquoi il fait plus chaud dans les zones urbaines que les zones rurales. Il est principalement causé par la modification de l'environnement naturel du à l'urbanisation et aux activités humaines. Les bâtiments hauts et les rues étroites peuvent entraver la circulation de l'air, emprisonnant la chaleur et réduisant l'effet rafraîchissant du vent. Et ces derniers, ainsi que les routes, ont tendance à absorber et à retenir davantage la chaleur du soleil. Ces différents facteurs résultent par des températures plus élevées. A Hong Kong, où les bâtiments sont élevés, proches les uns des autres et où la consommation de climatisation est importante, ces facteurs sont omniprésents. La ville, comme la plupart des zones urbaines aujourd’hui, n’est pas construite pour optimiser les refroidissements naturels et souffre des pics de chaleurs de plus en plus fréquents dus au réchauffement climatique.
Quelles mesures Hong Kong peut-elle mettre en place ?
La priorité de la ville, face à ce phénomène, est de protéger sa population, notamment la population à risques. Hong Kong compte 119 100 ménages vivant dans diverses formes de logements inadéquats, parmi eux nous pouvons citer les maisons cages ou les structures sur les toits. Certains locataires de logements inadéquats, et même juste d'autres ménages vivants avec de faibles revenus, auraient du mal à payer des factures d'électricité élevées et n'auraient même pas accès à des climatiseurs pendant l'été. Le gouvernement propose depuis la COP27 de développer des infrastructures de refroidissement gratuites pour ces familles. Une autre proposition du gouvernement consiste à rendre la ville plus végétale. En effet, la végétation peut réduire la température en fournissant des surfaces ombragées, qui peuvent être 11°C à 25°C plus frais que les surfaces non ombragées selon les sources gouvernementales. Hong Kong a également encouragé la végétalisation des espaces publics et des bâtiments dans le cadre de son plan de réduction de la chaleur. Ces espaces sont également privilégiés dans les zones actuellement en construction, tels que les routes, les promenades principales et les lotissements publics. Pour les bâtiments publics, il est exigé que tous les nouveaux projets de grande envergure intègrent des éléments de verdure. Depuis 2010, quelques 1.000 projets privés et publics ont été enregistrés avec cet objectif, ce qui représente 40 % de l'ensemble des nouveaux bâtiments, mais seulement 2 % environ des 50.000 bâtiments existants à Hong Kong. Hong Kong cherche de nouvelles solutions, mais la chaleur risque encore d'être un sujet de débat pendant quelques temps.