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Les étudiants indiens à l'étranger

En 2022, 750 000 étudiants indiens étaient inscrits dans une université étrangère. Alors que l’accès aux études de médecine et d’ingénierie en Inde est très difficile, nombre de jeunes Indiens se tournent vers les universités américaines, canadiennes ou même émiraties, qui promettent souvent un cursus globalement moins coûteux et de meilleures opportunités professionnelles une fois leur diplôme en poche. Pourtant, ce choix n’est pas sans risques.

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Pexels CCO
Écrit par Liliam Boti Llanes
Publié le 12 octobre 2023, mis à jour le 27 mars 2024

Déterminer le nombre exact d’étudiants indiens à l’étranger n’est pas une tâche facile. En réponse à une question au Parlement concernant le nombre total d'Indiens quittant le pays pour poursuivre des études supérieures, le ministre de l'Intérieur a déclaré en février que même si le gouvernement suit les arrivées et les départs des Indiens qui se signalent, il n’existe pas d’indice incluant spécifiquement le groupe de ceux qui voyagent pour poursuivre leurs études supérieures.

Malgré tout, le gouvernement estime que ce nombre a augmenté de près de 70 % entre 2021 (444 000 étudiants indiens inscrits dans des universités étrangères) et 2022 (750 000 étudiants).

Pourquoi quitter l’Inde pour poursuivre ses études ?

Les étudiants indiens partent à l’étranger pour vivre une expérience enrichissante, mais aussi, dans de nombreux cas, pour le visa de travail post-études qu’ils pourront peut-être obtenir, et les opportunités professionnelles qui l’accompagneront.

Les parents qui le peuvent sont souvent tout à fait disposés à financer des études à l’étranger à leurs enfants, s’ils ne sont pas acceptés dans les meilleures universités indiennes, ou même parce que parfois les études à l’étranger coûtent moins cher. 

En 2024, le montant dépensé par les Indiens pour étudier à l’étranger atteindra la somme colossale de 75 milliards d’euros.

 

Photo : Sanket Mishra
Photo : Pexels, Sanket Mishra


Les destinations principales des étudiants indiens : Etats-Unis, Canada et Emirats Arabes Unis

La principale destination des étudiants indiens est sans aucun doute les États-Unis. Près de 460 000 étudiants indiens s’y trouvent actuellement. Vient ensuite le Canada, deuxième destination la plus recherchée, qui en accueille moitié moins. 

Au top du classement actuel se trouvent également les Emirats Arabes Unis et l’Australie, qui attirent tous deux plus de 100 000 étudiants indiens. De manière surprenante, on retrouve également l’Arabie Saoudite dans ce top 5 avec 65 000 étudiants indiens en 2021-2022. 5 ans plus tôt, le pays ne figurait pas dans le top 15 : des tendances peuvent se dessiner et ces chiffres changent chaque année.

Des destinations de niche existent aussi comme le Mozambique, la Moldavie ou encore l’île de Nauru, en Océanie. On ne peut pas dire que les étudiants ne sont pas créatifs dans leur recherche de destinations.

La France figure dans le top 15, mais n'accueille qu'environ 10 000 étudiants indiens, la langue étant une barrière importante.

Le Royaume-Uni accueille un nombre croissant d’étudiants, mais peu d’entre eux parviennent à s’inscrire dans les meilleures universités anglaises, et ceux qui restent en obtenant un emploi ou en poursuivant des études supérieures sont de moins en moins nombreux au fil des ans. Les étudiants préfèrent ainsi rejoindre le Canada ou les États-Unis, où les opportunités semblent meilleures. Les Indiens constituent néanmoins la deuxième cohorte d’étudiants étrangers dans le pays.

▶ A lire aussi : La diaspora indienne est la plus importante au monde
 

Les filières choisies par les étudiants indiens à l’étranger ; la médecine et l’ingénierie

En Inde, il existe deux principales filières professionnelles qui semblent garantir la sécurité sociale et la stabilité financière : l’ingénierie et la médecine.

 

Jeunes indiens en train d'étudier devant leur université.
Photo : Pokuri Clicks 



Quitter l’Inde pour suivre des études médicales et dentaires à l’étranger

Parmi les milliers d’Indiens étudiant à l’étranger, une grande proportion se tourne vers la médecine. Il fut un temps où beaucoup débutaient leurs études en Inde, puis quittaient le pays pour passer un diplôme de spécialisation ou d’autres diplômes d'études supérieures, mais la tendance inclut désormais également les étudiants de premier cycle.

Le NEET (UG), test national d'éligibilité et d'entrée en premier cycle, est un test destiné aux étudiants indiens qui souhaitent suivre des cours de médecine de premier cycle dans des institutions gouvernementales et privées en Inde, et désormais aussi à l’étranger, puisque nombre d’institutions étrangères prennent en compte les résultats obtenus et dispensent les candidats indiens d’autre examen d’entrée.

Mais le nombre d’aspirants au NEET est bien plus important que le nombre de places dans les universités publiques indiennes. Si bien que chaque année, les espoirs de dizaines de milliers de jeunes Indiens, même parmi les plus doués, sont déçus.

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Cette très faible proportion d’admis dans les écoles publiques, couplée à des frais de scolarité très élevés dans les universités privées, poussent de nombreux étudiants vers l’étranger.

En effet, il est souvent plus abordable d'étudier à l'étranger que de payer pour une place MBBS (le programme d'études de premier cycle dans le domaine de la médecine et de la chirurgie) dans une faculté de médecine privée en Inde. À titre d'exemple, au Christian Medical College (CMC) de Vellore, les frais totaux pour le programme MBBS sont d'environ 50 000 USD/an.

 

Etudiants indiens en train de travailler dans les couloirs de leur université.

 

Les destinations prisées par les étudiants indiens en médecine 

Lorsque l’invasion russe de l’Ukraine a commencé, il a fallu rapatrier la plupart des 18 000 étudiants indiens vivant en Ukraine pour y poursuivre des études de médecine. 18 000 : un chiffre qui a surpris les autorités indiennes ! Même si la présence d’étudiants indiens dans cette zone n’est pas un phénomène nouveau ; des Indiens partent étudier la médecine en Russie et en Ukraine depuis plus de 30 ans. 

Aujourd'hui, les étudiants en médecine indiens sont répartis dans des dizaines de pays, dont le Kazakhstan, l'Ouzbékistan, les Philippines et l'Arménie. En Moldavie, ils constituent presque la moitié des étudiants dans la principale université de la capitale. 

La présence des étudiants indiens est si importante dans certains pays, comme aux Philippines ou en Arménie, que des universités ont adapté leurs cursus aux nouvelles règles publiées par le gouvernement indien concernant le nombre minimum d'années que les candidats doivent suivre pour passer l'examen MBBS et faire reconnaitre leur diplôme à leur retour en Inde. 

 

Et après un diplôme de médecine validé à l’étranger ?

Car un diplôme de médecine étranger n’est pas automatiquement reconnu en Inde. Ceux qui étudient à l'étranger doivent réussir l'examen du diplôme de médecine étrangère (FMGE : Foreign medical graduate examination) qui a lieu deux fois par an, et ensuite effectuer un stage d'un an dans un hôpital en Inde. 

Et ce n’est pas une mince affaire, car seuls 20% de ceux qui étudient hors de l’Inde réussissent l’examen qui leur permet d’exercer dans leur pays.

Étudier la médecine à l’étranger est donc un pari à haut risque ! Pourtant, beaucoup sont prêts à le prendre.

 

Etudiants indiens diplômés
Photo : Pexels CCO

 

Les Etats-Unis, destination privilégiée des Indiens pour les études d’ingénierie

Les programmes STEM (Science, Technologie, Ingénierie et Mathématiques) comprennent de nombreux diplômes ; informatique, architecture, génie civil ou encore génies électrique et mécanique, qui sont désormais très demandés.

L'offre en ingénierie dans les universités américaines est très vaste. Les destinations les plus recherchées restent la Californie, le Texas, New York et le New Jersey où est déjà installée une très grande et riche communauté indienne, qui aide par la suite à la recherche d'opportunités d'emploi.

Les Indiens constituent aujourd’hui l’un des plus grands groupes d’immigrants aux États-Unis et sont les principaux bénéficiaires du visa non-immigrant H1-B. Les visas H1-B permettent aux entreprises et autres entités aux États-Unis d'embaucher temporairement des professionnels étrangers, mais ils sont soumis à un plafond annuel. Le nombre de visa réservés aux titulaires d'un master est également limité. Ce sont des documents très convoités.

La réussite de nombreux immigrants indiens a donc joué un rôle très important dans l’idée largement partagée qu’étudier aux États-Unis est la meilleure option pour démarrer une carrière. D’où la bataille acharnée pour une place dans les meilleures universités américaines, et pour décrocher un visa H1-B.

 

Et la France ?

Si la barrière de la langue décourage beaucoup d’étudiants indiens, la France, en se présentant comme un pays d’excellence où les études postuniversitaires peuvent également se dérouler en anglais, bénéficiera certainement de cette tendance qui conduit de plus en plus de jeunes Indiens à poursuivre leurs études à l’étranger. Ces étudiants construiront à l'avenir un lien fort entre la France et l'Inde.



 

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