Le 30 juillet, l’équipe de recherche sur la biodiversité du département provincial de l’environnement de Kratie et la WWF, ont annoncé avoir repéré deux grues Antigone ainsi qu’un nid. Une découverte inédite puisque les oiseaux n’avaient pas été vus dans la région depuis 20 ans.
La grue Antigone est un oiseau non-migrateur qui se trouve exclusivement dans quelques pays d’Asie du Sud Est, en Inde et en Australie. Elle distingue des autres grues par la couleur rouge de son cou et par sa taille. Elle peut en effet atteindre 1.8 mètre d’envergure, ce qui en fait l’un des plus grands oiseaux du monde.
La découverte d’un nid de grues Antigone au sanctuaire de Sambor
Les ornithologues soutiennent que le retour et la découverte d’un nid dans le sanctuaire Sambor est une excellente nouvelle. Pour Eam Sam Un, responsable de la recherche à World Wild Fondation (WWF) « il s’agit d’un événement remarquable et sans aucun doute le résultat des efforts de conservation déployés pour protéger la faune du sanctuaire de Sambor ».
Cette découverte donne de l’espoir aux chercheurs travaillant pour la préservation de cette espèce en voie d’extinction. Pour George Archibald, co-fondateur de la Fondation Internationale des grues, « cette espèce de grues fait face à de nombreuses difficultés ». Elles sont, en effet, menacées par la chasse, la déforestation, les maladies et la pollution.
Une espèce fragile en voie d’extinction
La grue Antigone est une espèce en danger, classée sur liste rouge par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN). Les travaux de conservation ont permis de recenser les grues Antigone présentes au Cambodge. Elles étaient 161 en 2021, 156 en 2022 et 180 en 2023. Une augmentation dont se félicite Neth Pheaktra, secrétaire d’Etat au ministère de l’Environnement. « De telles découvertes démontrent l’efficacité des plans d’action des organisations partenaires du ministère» , précise-t-il au Cambodianess.
La protection des nids : un combat au Cambodge
Pour contrer cette extinction, déjà observée en Thaïlande dès les années 1960, au Vietnam et aux Philippines, le Cambodge développe des plans d’action importants. Dans le nord du pays, dans la région de Ratanakiri, des réserves protégées abritent la majeure partie des grues Antigone cambodgiennes. Les animaux évoluent dans un cadre privilégié où les risques d’extinction sont fortement réduits. En complément de l’ouverture de ces réserves, il a été décidé dès 2003 de payer les locaux pour garder les nids. La reproduction de l’espèce a été ainsi assurée. Ce programme coûte chaque année 30 000 $ dont environ 75% servent à payer les habitants. Selon les chercheurs, cette solution est efficace et a permis de façon significative de faire croître la population de grues Antigone.
Toutefois, cette solution ne protège pas complètement les animaux, qui sont parfois encore victimes de braconnage. Neth Pheaktra secrétaire d'Etat, a demandé aux habitants des zones protégées de cesser la chasse et le commerce illégal de cette espèce protégée. Il leur a demandé d’aider le gouvernement dans ses efforts de conservation afin de renforcer la biodiversité et l’écotourisme au Cambodge.
Le 14 juillet dernier, le ministère a également décidé de créer un groupe de travail dédié à la conservation des grues Antigone. Il doit discuter du renforcement des lois et de la sensibilisation de la population locale et de leur développement économique.