Si on en croit la publication du 1er février 2018 de l’agence d’informations étasunienne de référence Associated Press, le 27 août 2017, des soldats réguliers birmans et quelques supplétifs de mouvements arakanais locaux perpétraient le massacre d’au moins 400 personnes à Gu Dar Pyin, avant de raser entièrement ce village de l’Arakan dont les habitants appartenaient au groupe musulman des Rohingyas. Dans un premier temps, le haut-commandement birman avait nié les faits, mais confronté aux preuves irréfutables fournies par les enquêteurs, l’état-major avait fini par concéder « des faiblesses dans la chaîne de commandement qui ont pu aboutir à des initiatives contraires aux valeurs de la Tatmadaw (le nom de l’armée régulière birmane) » et dans la foulée les généraux avaient annoncé l’ouverture d’un procès en cour-martiale contre les « fautifs ».
L’annonce est donc tombée le mardi 30 juin, depuis le cabinet du chef d’état-major : trois officiers birmans « ont été jugés coupables » sur la base de l’enquête locale menée par une équipe de militaires birmans. Coupables de quoi précisément ? Le cabinet ne le dit pas… Condamnés à quoi exactement ? Le cabinet ne le dit pas… L’identité des responsables ? Le cabinet ne le dit pas… Ce que le cabinet en revanche dit est que « l’armée va continuer à enquêter sur les événements survenus dans d’autres villages comme Maung Nu et Chut Pyin ». Si c’est pour le même résultat…
Au final, alors le nombre de réfugiés musulmans provenant de Birmanie s’élève a environ 700 000 personnes aujourd’hui au Bangladesh, que les victimes d’exactions de toutes sortes dans les combats entre la Tatmadaw et l’Armee de l’Arakan se chiffre par milliers dans le nord de l’Arakan et le sud du Chin, la proclamation du cabinet du chef d’état-major apparaît comme une péripétie judiciaire et une diversion qui ne convaincra que les convaincus… à qui elle est probablement destinée en dernier ressort, histoire de laisser désormais les nationalistes protester de leur bonne foi sur la base de cette « condamnation ».