Trois mois après le coup de force des principaux généraux Birmans contre le gouvernement issu des élections de 2015, les marches de protestation contre le régime militaire sont devenues plutôt rares et ne rassemblent désormais guère que quelques dizaines de personnes dans la plupart des villes de Birmanie et parfois quelques centaines à Yangon, la capitale économique.
C’est pourquoi ce dimanche 2 mai peut être perçu comme un vrai succès même s’il n’a finalement mobilisé ouvertement que quelques milliers de personnes à travers tout le pays. Les manifestants appelaient à un « printemps révolutionnaire » et des rassemblements se sont tenus dans plusieurs autres pays pour protester contre la prise de pouvoir de l’armée le 1er février 2021.
Moines bouddhistes aux premiers rangs
D’après des témoignages, plusieurs rassemblements comptaient plusieurs milliers de personnes. Fait notoire dans le contexte actuel, pour quelques-uns, des moines bouddhistes marchaient aux premiers rangs alors que la Sangha – la communauté des moines, un vrai pouvoir en Birmanie – maintient un silence assourdissant depuis le début de la crise, tant d’ailleurs du côté des bouddhistes extrémistes comme le moine Wirathu, que du côté des religieux progressistes comme ceux qui ont participé au mouvement dit de la « révolution de safran » de 2007.
Au moins 7 morts en une journée
Suivant un processus désormais tristement commun, dans certains endroits soldats et policiers ont ouvert le feu sur des protestataires. Il semble même que dans l’état de Kachin, dans le Nord du pays, un soldat a lancé une grenade aux manifestants, tuant au moins une personne et en blessant près d’une vingtaine. L’information provient de témoins et n’a pas été pour l’instant confirmée à notre connaissance. Sur la journée, ce sont au moins 7 personnes qui ont été tuées dans des affrontements avec les forces de l’ordre. Lesquels continuent à faire un usage disproportionné de leurs armes, même si depuis une semaine et les recommandations du sommet de l’Asean, le niveau de violence des hommes en uniformes a baissé de manière certaine, tout en restant élevé comme en témoigne le nombre de victimes de ce dimanche.
Des explosions de bombes artisanales à Yangon
Dans Yangon, les explosions de bombes artisanales se multiplient, et certaines détonent même la nuit, pendant le couvre-feu. Les niveaux sonores augmentent depuis quelques jours, laissant supposer que soit les engins sont maintenant plus puissants, soit que la technique employée a changé. Mais si ces explosions et le côté aveugle de toute bombe ou mine suscitent de plus en plus d’inquiétude et de crainte au sein de la population – nous n’avons pour l’instant aucun retour du ressenti des forces armées -, elles n’ont encore provoqué aucun mort et de manière générale elles ont fait très peu de dégâts. La peur devient en revanche de plus en plus palpable dans les véhicules lorsqu’ils sont amenés à passer devant des postes de police et plus généralement devant le genre de bâtiments officiels pris régulièrement pour cible.