De violents affrontements ont éclaté mardi matin dans un avant-poste de l’armée birmane situé dans l’est du pays, près de la frontière avec la Thaïlande, une zone majoritairement contrôlée par une armée ethnique karen, sur fond de tensions accrues dans la région depuis le coup d’Etat militaire du 1er février.
L’Union nationale karen (KNU) a dit s’être emparé du point de contrôle de l’armée birmane sur la rive ouest du fleuve Salouen, qui constitue la frontière avec la Thaïlande, dans ce qui constitue les combats les plus intenses dans la région depuis que la Birmanie a plongé dans la crise avec le putsch.
Ces affrontements sont survenus trois jours après que les dirigeants des pays membres de l'Association des Nations d’Asie du Sud-Est (ASEAN) ont dit avoir conclu un accord avec la junte militaire pour mettre fin aux violences.
Des villageois thaïlandais résidant près du fleuve Salouen, qui longe la frontière entre les deux pays, ont dit avoir entendu des coups de feu retentir avant l’aube. Sur des vidéos diffusées via les réseaux sociaux, on pouvait voir des flammes et un nuage de fumée provenant d’une colline boisée.
Padoh Saw Taw Nee, un représentant de la KNU, a déclaré à Reuters que le groupe armé s’était emparé de l’avant-poste militaire entre 5h et 6h du matin. Il a indiqué que les troupes de la KNU avaient occupé puis incendié le camp et qu’elles procédaient au décompte des victimes des affrontements.
Il a ajouté que l'armée birmane a par la suite organisé des frappes aériennes, sans dire s'il y avait des victimes. L’armée thaïlandaise a déclaré que 450 villageois thaïlandais vivant près de la frontière avaient été déplacés par mesure de précaution.
Selon le Centre d’information karen, un média local, la base militaire a été envahie. Citant des villageois, il a rapporté que sept soldats birmans avaient pris la fuite.
Des combats ont également éclaté dans le nord et l'ouest du pays. Le site d'information Irrawaddy a rapporté que 13 soldats du gouvernement avaient été tués dans des affrontements dans l'État de Chin au cours des derniers jours.
Aucun commentaire n’a été effectué dans l’immédiat par l’armée birmane, qui se présente traditionnellement comme la seule à même de préserver l’unité d’un pays multiethnique de 53 millions d’habitants. Toutefois la grande majorité des Birmans affichent leur opposition au putsch militaire.
L’attaque menée mardi matin contre le poste militaire est survenue après que les troupes de la KNU ont pris position pour encercler les lieux ces dernières semaines, sur fond de pénurie de denrées alimentaires, ont dit des villageois thaïlandais ayant été en contact avec les soldats.
Un représentant de la province thaïlandaise de Mae Hong Son a déclaré qu’une personne avait été blessée durant les affrontements, sans en dire davantage.
Les troupes de la KNU et les soldats birmans se sont affrontés en différents endroits depuis que l’armée a pris le pouvoir au détriment du gouvernement démocratiquement élu d’Aung San Suu Kyi, après une décennie de réformes démocratiques ayant contribué à apaiser les tensions dans les zones frontalières instables.
Selon des groupes karen, les violences des dernières semaines, dont des frappes aériennes de l’armée birmane, ont déplacé 24.000 personnes contraintes de trouver refuge dans la jungle.
Parmi la vingtaine de groupes armés en Birmanie, certains ont apporté leur soutien aux opposants de la junte militaire, alors qu’une ONG a indiqué que plus de 750 civils ont été tués dans la répression menée par les forces de sécurité birmanes pour éteindre la contestation.