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Jean Piat, l’ami du Liban

Jean Piat LibanJean Piat Liban
Écrit par Hélène Boyé
Publié le 19 septembre 2018, mis à jour le 20 septembre 2018

Ce monstre sacré du théâtre français, décédé mardi à 93 ans, était un amoureux du pays des Cèdres où il a multiplié les amitiés. De ses multiples passages, il laisse un amphithéâtre à son nom sur les hauteurs de Jbeil.

Le comédien foule pour la première fois le sol libanais en 1964. Le sociétaire de la Comédie Française joue la pièce Amphitryon de Molière au festival de Baalbeck. « Le chef électricien avec qui je m’étais lié d’amitié m’a fait visiter la région de Baalbeck dont il était originaire », avait confié Jean Piat à L’Orient-Le Jour.

Dans le sillage de la guerre civile (1975-1990), Jean Piat embrasse la cause des orphelins de guerre. Fervent croyant, il se lie d’une profonde amitié avec le père Mansour Labaki qui crée l’association « L’Enfant du Liban » dont l’interprète du comte d’Artois dans les Rois Maudits a été le président d’honneur.  Il devient un visiteur régulier du Liban. Il y revient au moins une fois par an. Il s’engage auprès d’un orphelinat libanais, le foyer Notre-Dame du Sourire à Mansourieh, sur les hauteurs de Beyrouth.

Il participe très régulièrement au festival Al-Bustan de 1998 à 2007 où il joue entre autres Sacha Guitry ou Molière. Il monte également sur la scène du théâtre Monnot en 1998 et du palais de l’UNESCO en 2003. Il aime les artistes libanais. Dans un spectacle, il rend hommage au poète Georges Schehadé. En 2000, il est décoré de l’Ordre du Cèdre lors d’une cérémonie toute en poésie, une manière de sceller dans le marbre les liens de Jean Piat avec le Liban.

La consécration ultime vient en 2008. Un théâtre porte son nom à Kfar Sama, dans le village de Mechmech, sur les hauteurs de Jbeil. Un amphithéâtre à ciel ouvert, comme un retour aux origines du théâtre de l’Antiquité, pour cet infatigable comédien qui montait encore sur les planches en 2017, à 92 ans, pour jouer « Love letters » de A.R. Gurney à la Comédie des Champs Elysées.

Toujours fidèle, il revient tous les ans à Kfar Sama et son rêve est d’y amener la Comédie française.  « Chaque fois que je me rends au Liban, je retiens une leçon de ce pays qui a été bousculé dans sa dignité. Ce théâtre est une espérance renouvelée. D'ailleurs, j'ai fait un rêve (…) d'amener un jour la Comédie française dans ce beau pays qu'est le vôtre. » dit-il en 2010.  Demande qu’il fait en direct, un an plus tard, sur le canapé rouge de Michel Drucker, à Muriel Mayette, alors administratrice de la Comédie-Française.

Les liens de Jean Piat avec le Liban sont évoquées dans un documentaire intitulé « Jean Piat, une aventure libanaise » sorti au printemps 2011 et réalisé par Valérie Vincent, réalisatrice française installée au Liban depuis plus de 15 ans. Dans ce film on découvre un Jean Piat en quête de spiritualité. « C’est au Liban et par le Liban que j’ai pris conscience qu’une réflexion spirituelle s’impose un jour à chacun de nous » confie le comédien de sa voix chaude.

 

Hélène Boyé, directrice de la publication de LPJ Beyrouth
Publié le 19 septembre 2018, mis à jour le 20 septembre 2018

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