Cette semaine, deux monstres sacrés, l’un de la littérature, l’autre de la chanson française, se sont éteints. Leurs parcours les ont conduits au Liban. Découvrez (ou redécouvrez) quels étaient les liens que Johnny Hallyday et Jean d’Ormesson avaient tissé avec le Liban.
Johnny, star à Baalbeck
Le rockeur français a donné quatre concerts au Liban pendant sa carrière mais tous sont empreints d’une histoire forte.
La première rencontre de Johnny avec son public libanais est celle…d’une histoire avortée. En 1963, son concert prévu avait été annulé par les autorités locales. Le ministre de l’Intérieur de l’époque, Kamal Joumblatt (père de l’actuel député druze Walid Joumblatt) l’avait accusé de porter « atteinte aux bonnes moeurs » par ses chansons. Les députés français débattent à l’Assemblée nationale de cette expulsion. On frise l’incident diplomatique.
En 1973, Johnny fait un bref passage au siège de l’UNESCO à Beyrouth pour un concert. On raconte alors que la salle était en délire.
30 ans plus tard, il revient au Liban. L’empereur de la chanson française monte alors sur une scène à sa taille, celle mythique du festival de Baalbeck. Au cœur de l’été 2003, Johnny fait vibrer par deux fois, les 2 et 3 août, les marches du temple romain de Jupiter. « Ma venue au Liban a été si longtemps compromise, mais je suis enfin parmi vous », lance Johnny en entrant sur scène. Pour l’occasion, sa marraine, Line Renaud, avait fait le voyage.
Dans le cadre de sa tournée des festivals en 2015, Johnny Hallyday remplit le stade Fouad Chehab de Jounieh le 9 juillet. Quelques jours avant de mettre le feu au stade, Johnny explique dans une interview avoir gardé un « excellent souvenir » de son passage à Baalbeck et être « pressé de revenir jouer au Liban».
Jean d’Ormesson, le Franco-Libanais
Lorsque tombe la nouvelle de la disparition de l’académicien, le président du Sénat, Gérard Larcher, est sur le plateau de Jean-Pierre Elkabbach sur la chaîne CNews.
Il évoque alors le combat commun mené aux côtés de Jean d’Ormesson "pour les chrétiens en Orient et notamment pendant la guerre civile libanaise". M. Larcher fait référence à la guerre dite de « libération » mené par le général Michel Aoun qui avait pris la tête d’un gouvernement provisoire à la fin des années 80. Après ce combat en faveur des chrétiens d’Orient, dont il fut l’un des premiers à en endosser la cause, Jean d’Ormesson obtiendra un passeport libanais.
Une fierté, dira-t-il, dans un discours prononcé à l’occasion de l’entrée de l’écrivain franco-libanais Amine Maalouf à l’Académie. « Vous avez été journaliste, je l’ai été aussi ; vous êtes écrivain, j’essaie de l’être moi aussi ; vous êtes français et bien évidemment, je le suis moi aussi ; vous êtes libanais, et bien… moi aussi ». Il ajoutera également que l’amour du Liban est une des rares choses partagées par tous les Français. « Etre libanais est une merveilleuse condition pour entrer à l’Académie française », avait-il déclaré.