L’ancien président de la République française, qui s’est éteint aujourd’hui à l’âge de 86 ans, a été un intime de Rafic Hariri et de plusieurs dirigeants arabes, dessinant une politique arabe qui s’inscrit dans la lignée du général de Gaulle.
"Aujourd'hui, l'un des plus grands hommes de France nous a quittés (...) Les Libanais et les Arabes ressentent de la douleur après la perte d'un homme qui a profondément marqué leur conscience pendant de nombreuses années". Le message poignant du Premier ministre libanais Saad Hariri dit tout de la place de Jacques Chirac dans l’histoire moderne du Liban.
Pour Saad Hariri, l’ancien président français, qui a soutenu "le Liban dans les circonstances les plus difficiles", était un « grand frère de la famille » Hariri. Il aurait même pu dire qu’il était comme un oncle pour lui, au vu des liens fraternels que son père, Rafic Hariri, entretenait avec le président français.
Le président français est le seul chef d'État occidental à se rendre au Liban pour assister aux obsèques de son ami, assassiné en 2005. C’est à l’initiative de Jacques Chirac que le Tribunal spécial pour le Liban (TSL), chargé d'enquêter sur cet assassinat, est crée par l’ONU en 2006. Un an plus tard, lorsque Chirac quitte l’Elysée, la famille Hariri met à la disposition de ce dernier un appartement quai Voltaire qu’il a occupé jusqu’en 2015.
L’assassinat du grand ami libanais du chef de l’Etat français précipite la fin de la tutelle syrienne au Liban, dont fut l’un des principaux artisans, notamment après le vote, en 2004, de la résolution 1559 au Conseil de sécurité qui sacralise la souveraineté et l'indépendance politique du Liban. Le 26 avril 2005, le dernier soldat syrien quitte le Liban après 29 de présence militaire.
Le nom de Chirac résonne dans l’ensemble du monde arabe. Ami de plusieurs dirigeants de pays arabes, du Maghreb au Golfe persique, le président français restera comme l’homme qui a dit non à la guerre d’Irak en 2003, voulue par les Etats-Unis de Georges W. Bush. Dans la rue arabe, le président français de 1995 à 2007 restera aussi celui qui a piqué une colère en 1996 contre le chef de la police israélienne dans la vieille ville de Jérusalem. Son "Do you want me to go back to my plane?" (Voulez-vous que je remonte à bord de mon avion?) a fait le tour du monde.