Evoléna de Wilde d’Estmael est PDG et co-fondatrice de Faircado, une startup qui facilite l'accès aux produits de seconde-main. L’entrepreneuse belge installée à Berlin depuis bientôt sept ans est également activiste climatique et ambassadrice pour le Pacte Climat de l’Union européenne.
C’est à la Betahaus, près de Checkpoint Charlie, que nous rencontrons Evoléna de Wilde d’Estmael. Immense espace de co-working et cœur des créateurs de changements, c’est ici-même que la jeune entrepreneuse travaille au développement de Faircado, une extension internet qui recense la plupart des produits de seconde-main, et les présente à ses utilisateurs quand ils sont sur le point d’acheter neuf. Ce qui leur permet de réduire leurs dépenses et l’impact écologique de leurs achats.
Un outil gratuit pour une société plus durable
L’outil est simple : téléchargeable gratuitement, il propose, tel un pop-up, des alternatives d’achat de seconde-main. Livres, vêtements, smartphones,… les produits proposés proviennent de Vinted, Back Market, Ebay… pour ne citer qu’elles, et permettent à l’utilisateur une recherche sans effort. « L’idée est d’aider les consommateurs à acheter mieux en proposant une alternative plus durable et moins coûteuse, » explique Evoléna.
Fondée il y a deux ans par Evoléna de Wilde d’Estmael et Ali Nezamolmalcki, la startup est née d’un constat : « On a réalisé à quel point on était frustré de notre expérience utilisateur pour les achats de seconde-main. Tout nous poussait vers le neuf: Amazon, Zalando, MediaMarkt ou IKEA restaient les options par défaut, car la seconde-main était bien moins accessible et facile d'accès, » raconte l’entrepreneuse. En proposant une alternative aussi efficace que les plateformes qui vendent du neuf, Faircado s’inscrit dans une démarche durable et respectueuse de l’environnement.
La seconde -main démocratise la consommation durable et la rend attractive et accessible à toutes les couches de la société.
- Evoléna de Wilde d'Estmael, CEO de Faircado
« L’un des plus grands défis actuels pour la transition climatique, c’est de changer nos façons de consommer : on jette à une allure folle ! Faircado apporte ainsi une solution technologique à cela ». Chaque seconde, ce sont des milliers de smartphones et l’équivalent d’un camion de poubelles rempli de vêtements qui sont jetés et exportés dans des pays, pour la plupart, en développement. « Sur le long terme, passer du neuf à la seconde-main permet de sauver énormément de ressources qui ne devront plus être extraites pour produire du neuf, ainsi que tous les déchets que représentent ces biens qui restent en circulation, » souligne Evoléna.
La seconde-main profite à tous
Faircado s’adresse à un public large et à travers le monde. La raison : la seconde-main profite à tous ! « Les profils sont variés. On a des parents qui n’ont pas beaucoup de temps et cherchent une option facile pour consommer durable, des jeunes qui n’achètent que du vintage, et des moins jeunes qui veulent épargner autant que possible, » complète la co-fondatrice.
Comportement devenu « à la mode », consommer des produits usagés touche désormais les milieux plus favorisés, la « conscience écologique » soulignant un statut social élevé. « Et la seconde-main permet justement de transcender cela. Elle démocratise la consommation durable et la rend attractive et accessible à toutes les couches de la société. »
Pour le moment, la startup se déploie plus intensément en Allemagne, où elle est née, et dans les pays scandinaves ainsi que les Pays-Bas. « On remarque que ces pays ont une conscience écologique plus développée. Notre objectif est d’aller au-delà et de s’adresser au consommateur Amazon type ou à la consommatrice de fast-fashion type, » ajoute Evoléna.
Un projet né de convictions personnelles
La jeune entrepreneuse installée à Berlin depuis 2016 consomme elle-même uniquement de la seconde-main et a complètement éradiqué la fast-fashion de ses habitudes vestimentaires. Un tournant qu’elle a pris petit-à-petit et notamment en s’engageant auprès de Generation Climate Europe en tant qu’activiste climatique. « J’ai pu y mettre à jour mes connaissances, et il s’avère que l’économie circulaire représente 45% des opportunités qui permettront de construire un futur plus durable pour tous. » L’économie circulaire, c’est cette boucle de consommation qui met en avant la réutilisation des produits, des ressources, leur recyclage... dans laquelle la seconde-main s’inscrit.
Notre planète est bien trop belle pour être bousillée comme on le fait. Il est temps de réinventer notre système de consommation, et de passer d’un modèle dépendant de l’exploitation des humains et des ressources, à un modèle circulaire basé sur la régénération, où rien ne se perd mais tout se crée et se transforme.
- Evoléna de Wilde d'Estmael, CEO de Faircado
A travers Faircado et son activité militantiste, Evoléna participe au changement des mentalités vers une société plus consciente, durable et respectueuse de l’environnement. « Notre planète est bien trop belle pour être bousillée comme on le fait. Il est temps de réinventer notre système de consommation, et de passer d’un modèle dépendant de l’exploitation des humains et des ressources, à un modèle circulaire basé sur la régénération, où rien ne se perd mais tout se crée et se transforme, » réfléchit l’entrepreneuse.
La jeune Belge expatriée dans la capitale allemande n’en reste pas moins optimiste pour le futur : « On est au milieu d’une période très intense de changement. On va avoir de nouvelles opportunités, on pourra construire une société plus égalitaire et plus durable,» ajoute-t-elle. Créer du changement, répondre aux défis actuels, tel est l’objectif des startups et en particulier des greentechs qui s’attèlent à rendre le monde plus durable grâce à la technologie.
Un amour puissant pour le monde de la startup
Le monde de la startup a adopté Evoléna, finalement, assez tard : « Au départ, je voulais changer les choses à travers un engagement plus politique », raconte celle qui a étudié la communication et les études européennes. Après l’université, elle veut voir le monde et comprendre comment les startups et les entrepreneurs, ces créateurs de changement, fonctionnent. « C’est cela, et un partenaire allemand, qui m’ont amenée à Berlin. A la base, je venais seulement pour un stage de trois mois et puis je suis tombée amoureuse de la ville et du monde de la startup. »
Ce stage puis son expérience dans une autre startup berlinoise en tant que strategic project management et buisiness intelligence l’ont formée à son travail actuel : « La startup offre des possibilités immenses de développement et d’apprentissage, à un rythme qui n’a rien à voir avec celui de la plupart des grosses structures institutionnelles ou corporatives. Je me suis vite sentie à ma place dans ce milieu “méritocratique” qui regarde les résultats plus que les processus ou la hiérarchie, et prise au sérieux malgré mon jeune âge », explique celle qui se décrirait comme une « problem solvers ».
On est sur le point de dévoiler un nouveau site internet avec des nouvelles fonctionnalités qui visent à offrir une expérience d’achat de seconde-main équivalente - si pas supérieure! - à l’achat neuf !
- Evoléna de Wilde d'Estmael, CEO de Faircado
Aujourd’hui, Faircado continue de grandir, avec à son bord plus de 50 plateformes de seconde-main, et près de dix millions de produits intégrés. « On est sur le point de dévoiler un nouveau site internet avec des nouvelles fonctionnalités qui visent à offrir une expérience d’achat de seconde-main équivalente - si pas supérieure! - à l’achat neuf ! », se réjouit Evoléna. Toujours avec l’objectif de faire de la seconde-main le premier choix des consommateurs et consommatrices, la startup planifie de s'étendre à d’autres pays européens. Mais avant cela, la priorité est de consolider sa présence en Allemagne, où elle a reçu le prix de « Pilote de Culture et Créativité » décerné par le ministère de l’économie et du climat, et le ministère de la culture et des médias.
Parallèlement, l’entrepreneuse et activiste climatique fait de la sensibilisation en donnant des conférences et en prenant la parole à travers tout le continent. En 2022, son nom figurait dans la liste des Top 100 femmes actives dans l’entreprise sociale grâce à son travail à Faircado et Solidartsy, une organisation sans but lucratif qu’Evoléna a monté en 2020 afin de promouvoir l’égalité hommes-femmes dans le monde de l’art, et d’aider les femmes artistes à entrer dans le marché de l’art.
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