Pendant la crise du Covid-19, le business continue... autant que possible ! En tout cas, les chefs d’entreprises français ne se résignent pas à Barcelone, et imaginent déjà le jour d'après.
"Le propre d'un entrepreneur, c'est de ne pas se laisser abattre par les circonstances et de faire preuve de cette capacité de résilience qui lui permet de surmonter les épreuves". Cette définition du co-fondateur de La Peña Business Club, Emmanuel Deleau, donne une idée de la façon dont les chefs d’entreprises français installés à Barcelone assument les difficultés de cette période de crise sanitaire, et par voie de conséquence économique.
Depuis son appartement de Barcelone où il est confiné comme tout un chacun, le créateur de ce réseau international d'entrepreneurs initié dans la capitale catalane montre d'ailleurs lui-même l'exemple, même si le club a dû remettre à plus tard une partie de la cinquantaine d’événements organisés chaque année pour ses adhérents. "La Peña s'adapte finalement assez bien aux contraintes de cette crise", confirme Emmanuel Deleau : "Nous en profitons même pour activer une série de projets que nous avions dans nos tiroirs, c'est-à-dire avancer dans la digitalisation de nos activités".
C'est dans ce cadre que s'est tenu il y a quelques jours le premier "Café virtuel" de la Peña Business Club, ayant réuni une cinquantaine de dirigeants à travers la plate-forme numérique Zoom. Cet "After Work en ligne" a même permis de repousser certaines limites : "Nous avons ainsi réuni des personnes qui n'auraient pas pu se retrouver physiquement, puisqu'elles étaient à Barcelone, Paris, Madrid et Lisbonne". Le thème de cette réunion s'imposait : "Comment travailler dans des conditions de confinement ?".
Revoir les stratégies
L'un des aspects les pus intéressants de ce "Café virtuel" (voué à se reproduire périodiquement) concerne l'émergence de nouvelles stratégies au cœur de cette tempête conjoncturelle. "On voit déjà qu'il y aura un 'avant' et un 'après' coronavirus", poursuit Emmanuel Deleau : "Même si aujourd'hui un grand nombre d’entreprises sont à genou à cause de l'arrêt de l'activité économique, les entrepreneurs commencent à tirer certaines leçons, voire réorienter leurs stratégies ; la crise oblige à se poser les bonnes questions".
Nombre de startups et PME revoient ainsi leur positionnement vis à vis des gros clients internationaux, bien moins fiables et plus volatiles dans cette période de tourmente, pour reconsidérer avec davantage d'attention des partenaires plus locaux, plus petits, mais plus sûrs sur le long terme. D'autres, parvenant à s'organiser dans cette configuration de confinement obligé, s'aperçoivent qu'il n'est peut-être pas indispensable de disposer en permanence de bureaux qui impliquent une charge financière importante.
Et l'on constate que des secteurs très traditionnels peuvent aussi tirer profit de ces grosses difficultés pour innover, comme c'est le cas de la Llibreria Bosch de Karim Kemmat à Barcelone. Pour pallier la fermeture forcée, ce Français a proposé à ses clients la livraison à domicile de livres, dès le début de la crise ; une façon pour cette librairie de quartier de se positionner sur des services que l’on pouvait croire réservés aux grands groupes logistiques. "Ce qui est certain, c'est que le Covid-19 nous oblige au moins à être créatifs, et cela est toujours profitable aux entrepreneurs", conclut Emmanuel Deleau.