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Covid-19 : l'Espagne est-elle trop dure ?

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© FM / La place de Catalunya au centre de Barcelone
Écrit par Francis Mateo
Publié le 6 avril 2020, mis à jour le 6 avril 2020

Le confinement en Espagne n'est pas plus sévère que dans les autres pays frappés par la pandémie, si l'on considère l'ampleur de la crise sanitaire. En revanche, les entreprises et auto-entrepreneurs se sentent plus pénalisés par les mesures du gouvernement de Pedro Sanchez.


En prolongeant l’état d'alarme jusqu'au 26 avril, le président du gouvernement espagnol adopte une stratégie identique à celle de l'Italie, elle-même calquée sur les dispositions mises en œuvre à Wuhan dès le début de l'épidémie de Covid-19. Un tel prolongement du confinement est d'ailleurs également attendu en France, pour les mêmes raisons. 

Car c'est la courbe des infections (et des décès) qui marque en réalité le calendrier des restrictions sanitaires de chaque côté des Alpes et des Pyrénées, faute de disposer des moyens thérapeutiques préventifs ou curatifs nécessaires. De fait, les évolutions sont quasiment similaires entre les trois pays les plus touchés en Europe, avec quelques jours d'écart, puisque le virus a d’abord frappé l'Italie, où fut décrété le confinement total le 9 mars, au terme d'une évolution de l'état d’alerte sanitaire depuis le 31 janvier, date à laquelle avait été enregistré le premier décès pour cause de Coronavirus. 

Ce 9 mars, l'Italie comptait 463 morts à cause de l'épidémie pour 9.172 cas de Covid-19. Lorsque l’Espagne décrète l'état d'alarme à son tour, le pays récence 120 morts pour 4.231 cas déclarés. Alors que la France adoptera ensuite les mêmes dispositions de confinement avec 148 morts et 6.633 personnes infectées. La réaction des autorités espagnoles apparaît donc plutôt raisonnable par rapport à l'évolution de la pandémie, et nul ne peut reprocher au gouvernement de Pedro Sanchez d'avoir réagi avec trop de sévérité dans l'application des mesures spéciales de confinement. 


Des mesures économiques floues

En revanche, le durcissement de l'état d'alarme et la paralysie de toute activité non-essentielle jusqu’au 9 avril a suscité de vives critiques de la part des principales organisations patronales et de l'opposition parlementaire, voire même de certains alliés du gouvernement comme le Parti Nationaliste Basque (PNV), qui a défendu de son côté le maintien de l'activité industrielle. Sans oublier le désarroi des auto-entrepreneurs (autonomos), redoutant de se retrouver sans revenu, même si l’État a promis des aides qui restent encore à ce jour assez floues. 

Les entreprises et travailleurs indépendants français installés en Espagne ressentent évidemment cette incertitude avec la même angoisse, comme le confirme Pierre-Olivier Bousquet, président fondateur de l'association "Emploi Espagne" : "On est vraiment dans l'inconnue la plus totale ; les entrepreneurs, français comme espagnols, ont l'impression d'être véritablement abandonnés à leur sort... L’État a certes promis de reporter certains impôts et de verser une allocation aux auto-entrepreneurs, mais en attendant, il faut bien payer les charges courantes, et la sécurité sociale ne s'est pas privée de ponctionner les cotisations jusqu'ici". Un manque de clarté de la part de l’État qui pourrait bien inciter "certains entrepreneurs français installés en Espagne à rentrer en France", prévient Pierre-Olivier Bousquet. Pour cela, il faudra au moins attendre la réouverture des frontières...

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