Le ministère thaïlandais de la Santé vient d’autoriser l'utilisation de l'opium et de champignons hallucinogènes à des fins médicales et de recherche, en ligne avec un projet lancé l’an dernier.
L’information a été officialisée par une directive du ministère publiée mardi dans la Gazette royale, le Journal Officiel thaïlandais.
La directive autorisant l’utilisation de l’opium et des champignons psilocybine, classés jusqu’ici dans la liste des narcotiques de catégorie 5, devait entrer en vigueur mercredi.
Cette initiative, qui s’inscrit dans les ambitions de la Thailande de devenir un hub de la recherche médicale, intervient quelques mois après l’adoption d’un projet pilote portant sur la culture expérimentale d’opium et de champignons psilocybine avec pour objectif de rendre la Thaïlande moins dépendante de l'importation de morphine et d'antidépresseurs.
Les champignons psilocybine, plus connus sous le nom de "champignons magiques", contiennent un composé psychoactif, la psilocybine, capable d’altérer la perception et de plonger le sujet dans un niveau de conscience inhabituel pouvant aller jusqu’à provoquer des hallucinations selon le dosage.
Après avoir été diabolisé pendant de nombreuses années pour des raisons politiques et idéologiques, le potentiel thérapeutique de la psilocybine pour traiter certains troubles psychologiques tels que la dépression, l'anxiété, ou encore l’addiction, suscite l’intérêt du milieu scientifique et médical.
Quant à l'opium, substance dérivée de la sève du pavot (Papaver somniferum), il contient des alcaloïdes aux propriétés analgésiques puissantes comme la morphine et la codéine.
La morphine est un médicament essentiel pour apaiser les douleurs intenses, notamment en soins palliatifs et en chirurgie.
Entre 2018 et 2020, la Thaïlande a importé pour 400 millions de bahts de morphine, selon les chiffres officiels. Le gouvernement entend donc désormais devenir son propre fournisseur, et éventuellement exporter.
En 2018, la Thaïlande était devenue le premier pays d'Asie du Sud-Est à légaliser le cannabis à des fins médicales. Cette initiative a donné lieu quatre ans plus tard à une dépénalisation totale de l’utilisation de la plante, sans qu’un cadre légal approprié ne soit posé au préalable. L’actuel gouvernement a annoncé qu’il comptait recriminaliser l’usage récréatif du cannabis pour n’autoriser que l’usage médical.