Organisé par Medef et CEOE, les patronales française et espagnole, une vingtaine d’entreprises d’un côté et de l’autre des Pyrénées ont pu participer à cette 2e édition qui s’est tenue à Madrid, en présence du ministre français de l'Économie et des Finances, Bruno Le Maire, et de son homologue espagnole, Nadia Calviño. Les travaux ont porté sur la coopération bilatérale et les opportunités entre les deux pays.
S’agit-il vraiment du 2e forum économique des entreprises françaises et espagnoles? On s’étonne à juste titre –Bruno Le Maire, ministre français de l'Économie et des Finances, le premier- qu’on n’assiste pas à, au moins, la 40e édition, compte tenu des étroites relations commerciales entre l’Espagne et la France !
Cette "anomalie" a donc été réparée il y a deux ans, à l’initiative du président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux. Le premier forum s’était alors tenu à Paris et cette année, à Madrid, à la résidence de France. Une vingtaine de PDG d'entreprises espagnoles et françaises ont participé à l'événement organisé par les patronales Medef et CEOE, dans le but de promouvoir la coopération entre les entreprises des deux pays.
On peut citer par exemple L'Oréal España, LVMH Ibérica, FNAC Darty, Legrand, Grupo Red Eléctrica, Siemens Gamesa, Iberdrola Renovables, Renovables Grupo Engie, Air Liquide, Airbus España, Renfe América, Indra, Thales, Orange ou Saint Gobain.
Pour montrer l’importance stratégique de ces réunions, qui ont duré deux jours, Bruno Le Maire, ministre de l’Économie, des Finances et de la Relance, et son homologue espagnole Nadia Calviño ont participé à cette 2ème édition.
Les sujets de discussion ont porté sur l'internationalisation et les opportunités de coopération commerciale ; les investissements entre les deux pays ; la réponse des entreprises espagnoles et françaises aux défis climatiques, la transition énergétique et l'investissement dans les énergies propres ; et enfin la coopération industrielle, technologique et d'innovation entre l'Espagne et la France, avec les fonds de relance européens comme opportunité.
Medef - CEOE : l’union fait la force
Aussi bien le président de la CEOE, Antonio Garamendi, que celui du MEDEF, Geoffroy Roux de Bézieux, ont défendu une Europe forte afin d'être en mesure de concurrencer les puissances économiques au niveau international. "Nous avons besoin de plus d'Europe, nous devons renforcer l'Europe", a affirmé Garamendi. Tous deux ont signalé que les entreprises françaises et espagnoles travaillent ensemble et ont les mêmes objectifs. Pour cette raison, il est important de renforcer les entreprises françaises présentes en Espagne, et qui sont espagnoles et appartiennent à la CEOE, et les entreprises espagnoles en France, qui là-bas sont aussi françaises et sont au Medef.
Renforcer BusinessEurope
Par ailleurs, ce type de rencontre entre entreprises espagnoles et françaises devrait leur permettre de travailler sur des points d'intérêt commun, tels que la diplomatie économique et le Mercosur, de même que renforcer BusinessEurope, l'organisation patronale européenne, où chaque patronale peut apporter sa gestion au sein du Conseil des chefs d'entreprise ibéro-américains (CEIB) pour la CEOE, ou son poids dans la zone francophone, dans le cas du Medef.Dans moins d’un mois, la France assurera pour la 13ème fois la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne jusqu’au 30 juin 2022 et cet évènement ne pouvait évidemment pas passé inaperçu. Les entreprises ont beaucoup d’attente envers la présidence de la France sur des dossiers européens majeurs, tels que l’Union bancaire et l’Union des marchés de capitaux, les projets de directives Digital Services Act (DSA) et Digital Market Act (DMA), l’énergie ou le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières.
En finir avec la pénurie de matériaux
L’un des gros problèmes est la pénurie actuelle de matériaux (bois, micro-chips, etc), qui a conduit en particulier la France à vouloir retrouver au plus vite une "autonomie stratégique", déclinée en terme d’autonomie industrielle, technologique et numérique. Cette notion, d’abord promue par la France, est maintenant pleinement partagée par l’Espagne. En effet, lors de la pandémie, la dépendance de l’Europe a été mise en lumière, notamment dans le secteur de la santé ou, plus généralement, dans la maîtrise nécessaire des chaînes d’approvisionnement.
Et c’est effectivement ce que déclaré M. Le Maire, pour qui l’objectif de cette présidence est unique : garantir l’autonomie stratégique et l’indépendance de l’Europe face à la Chine et aux États-Unis. Bien sûr ces décisions politiques engendrent des choix économiques et. c’est pourquoi le ministre a demandé le soutien des entreprises, car il faudra des investissements massifs pour recréer la chaîne de valeur qui garantisse la souveraineté mais aussi les mécanismes d’ajustement du carbone aux frontières. Il a aussi fait référence au sujet de la régulation des géants du digital, "qui ne sont pas au-dessus des lois".
Vigilance des fonds européens
En ce qui concerne la récupération de l’économie, Bruno Lemaire a tenu à rappeler que la France restera très vigilante sur les décaissements de fonds européens. Il s’agit en effet d’un thème majeur du point de vue non seulement financier et économique, mais aussi politique pour montrer aux Européens l’importance de l’Union européenne et sa capacité pour sortir de la crise.
Le ministre français a également souligné que, face à la reprise spectaculaire de l’économie, il est important de rester attentif face aux risques qui rôdent. Le premier, est bien sûr celui de la reprise de l’épidémie, contre laquelle il a rappelé qu’il était fondamental de se vacciner et de respecter les gestes barrières. Le deuxième risque concerne les tensions inflationnistes, qu’il a qualifiées de "transitoires", jusque fin 2022, le temps que l’offre de biens s’ajuste à la forte demande actuelle.
D’ailleurs, les deux ministres sont d’accord pour affirmer que cette inflation est tout à fait cohérente avec la reprise économique et le besoin pour les entreprises de semi-conducteurs, de bois etc. Le troisième problème est la pénurie de main-d’œuvre et pour cela Bruno Lemaire a expliqué sa recette : une double réponse, d’abord en rendant les métiers plus attractifs au moyen de salaires plus élevés et de temps de travail plus adapté, mais aussi avec la réforme de l’assurance chômage en France, qui a été "très efficace".
On le disait au début de cet article. Il est étonnant de constater que ce forum n’existe que depuis 2 ans. Mais il est vrai que les deux pays ont des liens économiques tellement forts et depuis tant d’années qu’on ne les voit finalement plus. La France et l’Espagne ont pourtant créé des milliers d’emplois et restent des partenaires commerciaux de premier plan.
De plus en plus d’entreprises espagnoles choisissent la France pour investir Les chefs d’entreprises en Espagne sont conscients que l'avenir passe par l'internationalisation et la France est devenue leur 1ere destination européenne d’investissement. Environ 850 filiales sont présentes sur le sol français et emploient près de 60.000 personnes. Pourquoi la France et que recherchent-elles ? |
La France, premier client de l’Espagne
Ainsi, la France et l’Espagne ont échangé en 2020 plus de 65 milliards d’euros de biens ; la France reste le premier client de l’Espagne, son troisième fournisseur et l’Espagne est le quatrième fournisseur et le quatrième client de la France, qui pourrait d’ailleurs devenir le deuxième pays avec le plus d’investissements en Espagne derrière les États-Unis, en particulier après ses dernières opérations d’achat d’entreprises ces derniers mois.