Selon des documents internes de Facebook publiés, près de la moitié du trafic mondial des messages vocaux échangés dans le monde sur l'application Messenger en 2018 provenait du Cambodge.
Facebook a alors diligenté une enquête auprès des utilisateurs locaux pour en comprendre les causes.
Les Cambodgiens préfèrent les messages vocaux aux messages écrits
Il s'est avéré que cela ne dépendait pas du media choisi. En effet, les cambodgiens privilégient les messages vocaux sur Messenger mais aussi sur Télégram, Lime whatsapp…Le problème n’est lié pas non plus au niveau d'alphabétisation du pays, mais à la difficulté d’écrire le kmer avec un clavier.
Un rapport de 2016 de l'USAID avait déjà montré que les Cambodgiens utilisateurs de smartphones préféraient les appels téléphoniques et les messages vocaux parce qu'ils trouvaient difficile et long de taper, ou parce qu'ils ne savaient pas comment utiliser l'écriture khmère sur leur appareil. Certains répondants ne savaient même pas que leur appareil supportait cette langue.
L’alphabet khmer comporte 74 signes
Il faut dire que la langue Khmer est particulièrement difficile à écrire sur un clavier classique. Elle utilise l’alphabet qui compte le plus de signes au monde : 74 ! Répartir ses 74 signes sur un clavier classique n’est pas facile. Ainsi chaque touche d’un clavier contient au moins deux lettres. Il faut jouer de la touche « majuscule » sans arrêt pour passer de l'une à l'autre.
De plus, certaines lettres deviennent souscrites quand elles sont associées avec certaines autres dans un mot suivant leur place.
Bref un mot aussi simple et courant que ខ្ងុំ (je) nécessite d’actionner 5 touches sur son clavier. Envoyer un message vocal n’en nécessite que deux.
Les inconvénients des messages vocaux
Toutefois s’appuyer sur les outils vocaux génère aussi son propre lot de problèmes. Le manque d’intimité de ce genre de message (à l’enregistrement comme à l ‘écoute) ne semble pas gêner outre mesure les cambodgiens.
Mais les conversations deviennent éphémères. Les utilisateurs se sont plaints de ne pas pouvoir revenir en arrière pour se souvenir des détails de leur échange.