Trop petits, trop gros, trop biscornus ? Courgettes, concombres, haricots et autres aubergines invendus sont envoyés depuis les fermes partenaires directement jusqu'à votre assiette. Une jolie façon de venir en aide à ces disgracieux légumes dont personne ne veut tout en luttant contre le gaspillage alimentaire.
Un nouveau mot-valise fait son entrée dans le vocabulaire des Londoniens. Le concept “Oddbox“ littéralement “Odd“ ou “bizarre“ en français, et “box“ -boîte- se développe dans la capitale. Page instagram, panneaux publicitaires et slogans accrocheurs, la marque appelle tout Londonien en manque de légumes frais à réduire le gaspillage et les émissions de gaz à effet de serre en sauvant des légumes “moches”, boudés par les enseignes de grande distribution. Une manière parmi d’autres de lutter contre le fléau du gaspillage alimentaire qui n’épargne pas le Royaume-Uni.
Oddbox, la boîte de fruits et légumes moches livrée chez vous
Les fruits et légumes moches, irréguliers, farfelus… Bref, les spécimens étranges sont proposés par Oddbox dans des boîtes de tailles et compositions différentes chaque semaine. À partir de £10,99, le site compose une petite boîte avec neuf variétés de légumes ou six variétés de fruits. Un colis comportant neuf variétés de légumes et quatre variétés de fruits est vendu entre £12, 99, et £19,99 pour la grande boîte.
Pour la marque, “Le gaspillage alimentaire est un gros problème. S’il était un pays, il se classerait au troisième rang des plus gros émetteurs de gaz à effet de serre.” Face à cette comparaison édifiante, la marque se propose de contacter directement les fermiers et agriculteurs, de récupérer les fruits et légumes qu’ils ne peuvent pas vendre en l’état, et de composer des boîtes livrées directement chez les clients Oddbox chaque semaine. “Meilleur pour la planète, pour votre assiette, et pour ces mignonnes petites pommes”, affiche le site de la marque.
Le système de “box”, du temps gagné pour les étudiants ?
Rôtir, panner, griller…“Bien manger, ça se mérite“, confie Anastasia, étudiante américaine à Richmond University. “Quand on est en master à temps complet, on n’a pas forcément le temps pour cuisiner, ni celui pour trouver de bons légumes à Londres.“ Anastasia a donc opté pour l’option Oddbox, à défaut de se rendre au marché. Pour elle, c’est un succès : “aux États-Unis, les fruits et légumes n’ont pas le même goût, ceux que j’ai reçus étaient vraiment bons !“ Son astuce pour gagner du temps ? Les faire rôtir au four et étudier en attendant le dîner.
Lutter contre le gaspillage alimentaire
“Chaque boîte que vous sauvez, chaque pomme que vous croquez : vous aidez à éviter les émissions inutiles de CO2 et le gaspillage d’eau“, assure l’entreprise. “Avec seulement cinq boîtes, vous économiserez en moyenne 65kg de CO2 – assez d’énergie pour alimenter une maison pendant deux semaines et le volume d’eau bu par une personne en trois ans“.
Ces slogans publicitaires accrocheurs renvoient pourtant à la dure réalité : le gaspillage alimentaire est responsable de 10% des émissions de gaz à effet de serre mondiales chaque année, soit plus que le plastique (3,8%), l’aviation (2,5%) et la déforestation (2,2%). 931 millions de tonnes de nourriture sont gaspillées mondialement, selon le dernier rapport UNEP Food Waste.
“Ce gaspillage est un frein à la bonne gestion des déchets, exacerbe l’insécurité alimentaire et contribue largement aux trois crises mondiales que sont le changement climatique, la perte de biodiversité et la pollution“, estime Iger Andersen, directrice du programme environnemental des Nations Unies.
Trois géantes appellent à réduire le gaspillage
Sur ces 931 millions de tonnes de nourriture gaspillée, 570 millions le sont à l’échelle du foyer. Et le Royaume-Uni n’est pas bon élève en termes de réduction du gaspillage alimentaire. C’est pourquoi trois statues géantes ont été installées provisoirement à South Bank, à l’occasion de la COP26 : une bouteille de lait, un sac de patates et un paquet de pain (les trois denrées les plus gaspillées au Royaume-Uni) s’élèvent et crient leur message à Boris Johnson, “Boris, il est temps de faire face au gaspillage alimentaire !“.
Selon l’application “Too Good to Go“, à l’origine de cette initiative, le gouvernement britannique n’a pas su agir contre ce gaspillage. Elle a donc lancé une pétition invitant le premier ministre à ajouter le problème du gaspillage alimentaire dans son agenda pour la COP26, et à inscrire dans la loi des objectifs à atteindre d’ici à 2030.