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LA MEDIATION FAMILIALE : une autre manière de gérer les conflits

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Écrit par Désirée Seghers
Publié le 18 mars 2019, mis à jour le 8 novembre 2019

Les conflits font tout simplement partie de notre humanité. Là où des êtres humains se trouvent ensemble, le conflit n’est jamais très loin. Les familles - idéalement des lieux d’amour, d’harmonie et de paix - n’y échappent pas. 

Un couple se sépare ou divorce et tout est source de conflit; des grands-parents se voient refuser l’accès à leurs petits-enfants; une fratrie se dispute l’héritage des parents; des parents sont en guerre avec leur enfant majeur « à la Tanguy ». 

 

 

Quand rien ne va plus, quelles sont les options ? 

 

Il y a une multitude de manières de résoudre les conflits et aucune n’est en soi une panacée. Le plus important est que les parties choisissent le mode le plus approprié à leurs besoins. 

 

Petit focus sur la médiation, un des Modes Alternatifs de Règlement de Conflit. 

 

La médiation est sans doute une des formes les plus anciennes et les plus naturelles de règlement de conflit. De tout temps « les anciens et les sages » endossaient ce rôle. La médiation est revenue sur le devant de la scène, face à la durée interminable et aux coûts exorbitants des procédures judiciaires qui laissent trop souvent les belligérants plus belligérants que jamais, en tous cas souvent tellement frustrés que beaucoup de conflits larvés continuent à pourrir les relations. 

 

La caractéristique la plus importante de la médiation est que les parties reprennent possession de leur litige. Nous pourrions définir la médiation ainsi : Les parties décident volontairement et confidentiellement (aussi longtemps qu’un accord ne se dégage pas) de se mettre autour d’une table et de chercher elles-mêmes leur propre accord « gagnant-gagnant », sous l’accompagnement d’un tiers indépendant, impartial et dûment formé, le médiateur, qui veille à créer le climat propice à la construction de cet accord commun, sans que le médiateur n’intervienne sur le contenu (sauf si l’accord va à l’encontre des intérêts des enfants ou est contraire à la loi).

 

A titre d’exemple : 

Laure et Paul se séparent et ils veulent tous les deux la garde exclusive de leurs deux enfants, Jeanne et Manon, en laissant à l’autre parent juste un weekend sur deux. Il y a forcément blocage parce que les deux positions sont inconciliables. 

 

Le juge : « tranchera » et il n’a pas besoin de la coopération de Laure et Paul et encore moins de leur accord. Son rôle est de « mettre de l’ordre là où il y a du désordre » (et un conflit, par définition, c’est du désordre). Il prendra une décision sur la base des demandes formulées et il tranchera en faveur de tel ou tel parent en prenant en compte les arguments donnés et les documents probants déposés. Le résultat est souvent qu’il y aura un parent content et un autre malheureux et frustré, qui risque d’ailleurs de le faire payer à l’autre parent (d’où beaucoup de problèmes post-divorce). 

 

Le médiateur : par contre a besoin de l’accord des deux parents et encore plus de leur adhésion tout au long de la médiation. 

 

- Il va d’abord chercher à diminuer la tension émotionnelle. Pour cela, selon la manière dont il travaille, il écoutera les positions et les émotions de chacun et il cherchera les besoins respectifs qui se cachent sous chacune des positions (probablement de l’ordre de : ne pas perdre le contact avec les enfants;  continuer le plus possible la vie et l’organisation familiale comme elle existait avant avec un parent très présent et l’autre moins ; être reconnu(e) dans le lien déjà construit avec les enfants; peur de ne plus faire partie de la vie des enfants si ce n’est que sporadiquement). Il donnera la reconnaissance dont chacun des deux a besoin et il les invitera à une écoute mutuelle et réciproque des besoins de chacun (ce qui ne veut pas dire que les deux parties doivent être d’accord !). 

 

- Ensuite, le temps sera venu d’aborder les points qui fâchent. Le médiateur, par ses questions, en ouvrant le débat, en élargissant les regards, fera se dégager les besoins sous-jacents que les parents découvrent avoir en commun (probablement de l’ordre de : ils veulent chacun le meilleur pour leurs enfants; ils veulent qu’ils soient le moins perturbés possible par cette séparation;  qu’ils puissent continuer à se construire aussi bien avec la mère ou le père.)

 

- Le médiateur, de par la découverte de ce qui unit à un niveau plus profond, parvient à ouvrir de nouvelles pistes de réflexion. Et voilà que se dégage une multitude de possibilités auxquelles les parents n’auraient jamais pensé tout seuls, accrochés qu’ils étaient à leur position ferme. Le climat est mûr maintenant pour un remue-méninges de solutions, et là, c’est presque à la carte en fonction de la réalité des parents: par exemple une garde alternée une semaine sur deux (mieux vécue parce que les besoins sous-jacents ont été reconnus); 9-5 jours ou 8-6 jours; même une expatriation d’un parent avec l’aménagement des congés, etc. 

 

Nombreux sont les avantages : la médiation est plus rapide et moins coûteuse que les procédures judiciaires; l’on réfléchit à court et à long terme; l’objectif est que toutes les parties y gagnent (sans oublier les enfants), ce qui fait que l’exécution sera plus aisée puisque les parties sont les architectes de leur propre accord. Le rôle de l’avocat reste important pour accompagner les parties quant au volet juridique, faut-il encore que l’avocat entre dans la logique d’une médiation.

 

Il y a des inconvénients aussi: la médiation demande que les deux parties aient la même volonté de chercher une solution gagnant-gagnant (si une seule personne est d’accord de tenter la médiation mais pas l’autre, la médiation n’est pas possible (peut-être y a-t-il une possibilité de rendre l’autre partie « médiable »). Il faut aussi qu’elles soient prêtes à se remettre en question et d’entrer dans une écoute mutuelle, ce qui demande de sortir de sa zone de confort…  

 

Et après ?

Les parties qui ont réussi à dépasser l’épreuve par la voie de la médiation apprennent à faire face autrement aux futurs conflits. Elles savent qu’elles ont les ressources en elles pour mieux les gérer. Parce que … les conflits font tout simplement partie de notre humanité. Là où des êtres humains se trouvent ensemble, le conflit n’est jamais très loin… 

Désirée Seghers
Publié le 18 mars 2019, mis à jour le 8 novembre 2019

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