On peut passer beaucoup de temps dans le trafic à Jakarta et en Indonésie... Vous êtes-vous déjà demandé à quoi correspond le nom de ces avenues où vous circulez régulièrement ? Les noms des principales artères de la capitale, que l’on retrouve aussi dans les autres villes de l’archipel, correspondent à des héros nationaux. Ce titre honorifique est délivré à titre posthume à des personnes ayant lutté pour l’indépendance du pays ou ayant apporté une avancée dans des domaines variés comme l’éducation ou la santé. Ils sont aujourd’hui 179 héros à figurer sur ce tableau d’honneur dont 14 femmes. Le 10 novembre, l'Indonésie célèbre ses héros nationaux.
Antasari :
Antasari est une artère que l’on emprunte souvent lorsque l’on habite le sud de Jakarta, et on peut y passer beaucoup de temps… Antasari était un prince de Kalimantan. Son visage vous est familier même si vous ne le savez pas : il était sur les anciens billets de 2.000 rp.
Le prince Antasari est né à Kalimantan (1797- 1862), il a mené la résistance avec 6000 hommes contre les Néerlandais lors de la bataille de Banjarmasin en 1859. Il est connu pour avoir rejeté les tentatives de négociation de l’armée néerlandaise qui lui proposait des richesses en échange de sa reddition. Cette bataille fut difficile pour la puissance colonisatrice, elle dut faire appel à du renfort, et put ainsi vaincre les forces du prince Antasari en 1860. Le prince continua sa résistance jusqu’en 1862, année durant laquelle il succomba à une épidémie de variole. Il fut inhumé à Banjarmasin, entouré de plusieurs chefs de la résistance ; cet endroit est appelé le cimetière des héros de Antasari.
Fatmawati :
Une autre artère dans le sud de la capitale qui accueille la première ligne de métro aérien.
Mais qui était Fatmawati ? C’est l’une des 14 femmes sur les 179 héros nationaux. Originaire de Bengkulu à Sumatra, Fatmawati se maria très jeune au président Soekarno, (bel homme dit-on) qui fit d’elle sa troisième épouse après avoir divorcé deux fois. L’histoire raconte qu’au moment de la déclaration d’indépendance, faute de drapeau, c’est elle qui cousut deux bandes rouge et blanche, comme l’ancien emblème du royaume Majapahit qui eut une importance capitale dans le développement de l’archipel entre le 12ème et 16ème siècle. Cette femme, qui s’est battue pour les droits des femmes, a dû affronter le souhait de son mari de prendre une deuxième épouse, cette fois sans divorcer comme le lui permet la religion musulmane. Ce qu’il finira par faire. Femme de caractère, Fatmawati sera exilée au palais présidentiel de Bogor tout en continuant son travail de protection des femmes et des enfants. Une de ses luttes fut le combat contre la tuberculose. C ‘est ainsi qu’en 1961, l’hôpital qui porte son nom a vu le jour. Sa fille Megawati Soekarnoputri fut présidente de la république Indonésienne de 2001 à 2004, elle est aujourd’hui un personnage politique important dans le pays.
Rasuna Said :
Voici encore une autre femme qui s’est distinguée dans l’histoire de l’Indonésie, née en 1910 à Sumatra en plein cœur de la région Minangkabau. Femme politique, active dans la politique nationaliste indonésienne, elle fut membre de l’organisation Sarekat Rakyat (union des peuples) puis du mouvement de l’union des musulmans indonésiens. Elle fut emprisonnée par les Hollandais en 1932 à Semarang. A l’indépendance du pays en 1945, elle fut nommée au conseil consultatif national indonésien, poste qu’elle occupa jusqu'à sa disparition en 1965. Tout comme Kartini, elle s’est battue pour l’éducation des hommes et femmes. Déclarée héros national en 1974, son nom fut donné à l’une des principales artères de Jakarta. Rasuna Said est enterrée au cimetière des héros nationaux de Kalibata à Jakarta.
Gatot Subroto :
Gatot Subrotot est né à Purwokerto dans le centre de Java. Il s’engage très jeune tout d’abord au sein de l’armée des Indes Orientales néerlandaises au grade de sergent, puis après l’invasion du pays en 1942 par le Japon, il rejoint le PETA (armée défenseurs de la patrie) mis en place par le Japon. Tout comme Suharto le futur président, et Ahmand Yani futur chef d’état major de l’armée, il rejoint en 1945 l’agence de sécurité du peuple, précurseur de l’armée Indonésienne. Il occupa plusieurs postes de commandements militaires, et il fut chef d’état major jusqu’à sa mort en 1962. Il est enterré au cimetière bouddhiste de Semarang, il fut déclaré héros national une semaine après sa mort.
Sudirman:
Jalan Surdirman est l'une des principales avenues de Jakarta, connue pour sa circulation et son trafic en alternance en fonction des jours pairs ou impairs. Le général Sudirman, né 1916 à Purbalingga dans le centre de Java, fut d’abord commandant de bataillon sous le commandement de l’armée japonaise, puis devint le premier commandant en chef des armées indonésiennes après la déclaration de l’indépendance. Même si l’indépendance de l’Indonésie fut déclarée en 1945, de nombreux combats entre les forces néerlandaises et l’armée indonésienne eurent lieu jusqu’en 1948. Pendant 7 mois, Sudirman et son armée entamèrent une guérilla contre l’armée néerlandaise. Cette dernière était supérieure en arme mais ne possédait pas la connaissance du terrain. De santé fragile, la tuberculose l’emporta jeune à 31 ans. Son charisme, son sens aigu du patriotisme et son intégrité religieuse faisaient de lui un homme respecté. De nombreuses avenues portent le nom de ce héros à travers tout le pays, et des statues à son effigie sont là pour rappeler la lutte indonésienne pour son indépendance.
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