"Sécurité routière : tous touchés, tous concernés, tous responsables".
Avez-vous remarqué que certaines personnes deviennent méconnaissables lorsqu'elles prennent le volant ? Elle ne supportent plus la moindre frustration, s'énervent, disent des insultes et adoptent même une conduite dangereuse pour elle-même, les passagers de leur véhicule et les autres automobilistes.
90% des usagers de la route (homme ou femme) reconnaissent s'énerver au volant régulièrement. C'est comme si, une fois installé(e) dans notre "boîte métallique", nous laissions libre cours à notre colère et n'étions plus prêts à faire la moindre concession.
L'autre jour, un lecteur m'a même avoué avoir fait exprès de rentrer dans un autre véhicule car ce dernier s'engageait sur le rond point en prenant la contre-allée de la route de Ouakam ! Il finit son récit en me disant : "Ça m'a fait un bien fou de lui rentrer dedans !" Lorsque je prends un taxi et que la circulation ralentie, chose courante à Dakar, je sens monter la tension chez le conducteur, comme si le fait de devoir ralentir son véhicule risquait de le faire exploser ! Dans le temps, lorsqu'un conducteur commettait une infraction pouvant vous porter préjudice, il levait la main en guise d'excuses et vous souriait. Aujourd'hui, dans le meilleur des cas, il ne vous jette même pas un regard, au pire, il vous insulte (le fameux Doul Way) ! Tout le monde est passé en mode "zéro patience !". Je me demande des fois si la période de reconstruction des axes routiers sur Dakar entre 2005 et 2008 n'a pas eu raison du capital "courtoisie au volant" des dakarois.
En 2001, l'Association Française de Prévention de la Courtoisie au volant (AFPC) a lancé "la journée de la courtoisie au volant en France" ; depuis 2016, cette journée est devenue la semaine internationale, durant laquelle tous les acteurs du monde automobile et les professionnels de la route se regroupent pour mettre en place des actions de prévention et de sécurité routière.
Durant cette semaine, les objectifs mondiaux sont les suivants : lutter contre l'incivilité au volant, regrouper des partenaires qui veulent améliorer le comportement des automobilistes, instaurer un respect mutuel et une cohabitation entre les différents usagers de la route (piétons et deux-roues inclus !), faire baisser le taux de mortalité sur la route.
Entre 2016 et 2017, plus d'un millier de personnes sont décédées sur les routes au Sénégal, la plupart d'entre eux/elles n'étaient pas au volant lorsque la collision a eu lieu. On dénombre également plus de 5.000 blessés sur la même période.
La semaine de la courtoisie au volant est une invitation à prendre conscience de la responsabilité de chacun lorsque nous conduisons.
La plupart des accidents sont souvent le fruit d'une absurdité dramatique et du non-respect du Code de la Route. Cédez la priorité sur un rond point ne nous rend pas moins fort, au contraire. Le Code de la Route fait du piéton le grand prioritaire. Il y est demandé de "faire preuve d'une vigilance accrue à l'égard des usagers les plus vulnérables". Les passages piétons sont quasi inexistants à Dakar, et lorsque l'on cherche à traverser, on a l'impression que certains automobilistes se croient dans un jeu vidéo en accélérant volontairement la vitesse de leur véhicule, comme pour nous écraser. Ce comportement reste dangereux et inadmissible ! Sachez également que le Code de la Route a subi une réforme cette année et que "tout conducteur est tenu de céder le passage, au besoin en s'arrêtant, au piéton s'engageant régulièrement dans la traversée d'une chaussée ou manifestant clairement l'intention de le faire".
Les lois de la physique sont immuables : plus nous roulons vite, plus le choc est violent car ce dernier est proportionnel au carré de la vitesse. Lors de sondages, 40% des automobilistes reconnaissent ne pas respecter les limitations de vitesse. Et ne me répondez-pas : il n'y a de panneaux signalétiques à Dakar pour savoir à combien on est sensé rouler" s'il vous plait. Quand à la dernière notification que nous venons de recevoir sur notre Smartphone, elle peut bien attendre que nous soyons garés pour la lire, non ?
Essayons de nous souvenir que la courtoisie au volant, c'est tous les jours et pas seulement une semaine dans l'année.