Quel que soit le niveau où vous le pratiquez, les bénéfices du ski de fond sont innombrables : pratiquant un sport complet, vous entretenez votre condition physique bien sûr, vous faites le plein de lumière et de vitamine D, vous admirez la nature sous un angle différent, dans un dépaysement hors de la grisaille citadine, bénéfique pour le moral à bien des niveaux. Vous renforcez également radicalement votre système immunitaire, chose capitale par les temps qui courent.
Durant la pandémie, où hôtels et remonte-pentes furent fermés, nombreux sont les amoureux de la poudreuse qui se sont tournés vers d'autres pratiques du ski, ne nécessitant pas d'infrastructures : ski de randonnée, ski de fond...
Si le premier est relativement onéreux et les terrains propices limités, le ski de fond a connu un boom sans précédent, au point que même les espaces verts des villes, blancs pour l'occasion, se sont transformés éphémèrement en terrain de jeu.
Les magasins furent eux vite à court de stock, pénurie qui touche également le matériel d'occasion, y compris maintenant.
Néanmoins, saisissons l'occasion pour vous présenter ici un petit guide qui vous permettra de savourer pleinement l'hiver Polonais, en particulier si vous habitez dans le Sud de la Pologne. Les montagnes, surtout la chaine des Sudètes, proposent l'un des plus beaux terrains en Europe pour pratiquer ce sport, hors Scandinavie.
Les différents types de ski
Il est peut-être utile d'effectuer un petit récapitulatif sur les différentes pratiques du ski, accompagnées du vocabulaire qui leur est associé en Polonais :
- Le ski alpin ("zjazdówki"), avec le snowboard et toutes les variantes, est pratiqué en station, à l'aide de remonte-pentes.
- Le ski de randonnée ("skitury"), utilise des skis, en apparence, similaires, mais uniquement de loin : les "peaux de phoque" (skóry) permettent de monter les pentes, les bottes sont flexibles pour permettre la marche.
- Le ski nordique ou dit "de fond" (biegówki), sujet de cet article, utilise des skis fins, attachés aux chaussures uniquement à l'avant, et conçus uniquement pour se mouvoir sur les pistes préparées à cet effet, par la seule force du skieur.
- Le ski dit "cross-country" (sladówki), parfois confondu avec ce dernier, utilise un matériel similaire mais un peu plus large et robuste, pour se mouvoir hors sentier, essentiellement sur des terrains plats.
Le ski de fond est associé à d'autres disciplines pour former le biathlon (avec le tir à la carabine) et le combiné nordique (avec le saut à ski).
Un sport, deux disciplines !
Dans ce que l'on appelle ski de fond au sens général, cohabitent en réalité deux techniques assez distinctes, qui nécessitent chacune leur propre équipement : le style classique, dit parfois “alternatif” et le style "skate", dit aussi "style libre" ou "patiné".
- Le style classique ("klasyki") utilise un système anti-retour, et consiste à mouvoir les skis parallèles.
- Le style libre ("łyżwy") est basé sur le même type de mouvements latéraux que les rollers ou le patin à glace.
Les skis "classiques" utilisent différents systèmes anti-retour dans la partie centrale de la semelle
- Les motifs en forme d'écailles de poisson, largement répandus ("luska"), qui ne nécessitent que peu de maintenance, et largement majoritaires dans le matériel de location. Ils conviennent idéalement aux amateurs dont l'approche est essentiellement touristique. Leur gros défaut est leur adhérence limitée sur de la neige glacée.
- Les bandes de poils synthétiques ("foki", or "skiny"), skins en anglais, nouveau trend qui se répand rapidement, en particulier chez les skieurs aspirant à une pratique un peu plus sportive. Comme les premiers, à part de brefs nettoyages réguliers, la maintenance est limitée. L'adhérence est très bonne, mais les poils handicapent la vitesse en descente.
- Les skis "à farter" ("śliskie") avec une surface entièrement lisse, utilisés essentiellement par les pros, nécessitent un entretien fastidieux, avec l'applicage d'un fart "d'accroche" au centre et un fart de glisse aux extrémités, chaque condition requérant un produit différent. Populaires en Scandinavie ou le froid est une valeur sûre, ils le sont moins en Europe Centrale, à cause des fluctuations de température fréquentes.
- Les skis "pour skate", comme ces derniers, sont lisses sur toute la longueur, mais la ressemblance s'arrête là : ils sont plus courts pour le pilotage, plus rigides, plus résistants également en torsion, la care intérieure étant le principe sur lequel repose la propulsion. Ils doivent impérativement être fartés pour glisser correctement, mais nécessitant uniquement celui de glisse, la complexité s'en trouve réduite.
- Bâtons (kijki) et chaussures (buty) aussi sont différents : les premiers sont plus longs, ces dernières sont rigides et plus hautes offrant un support au-dessus de la cheville.
Cette avalanche de détails peut effrayer un peu le néophyte. Qu'est-ce qui vous convient le mieux ?
La grande majorité des gens commencent par le ski classique, qui est par ailleurs celui proposé par défaut en location. Le style classique a l'avantage de ne pas nécessiter beaucoup d'acquis pour être pratiqué de manière touristique, assez intuitive, en "marchant".
Si vous êtes un sportif, joggeur(se), cycliste, et que les rythmes cardiaques élevés ne vous font pas peur, n'hésitez pas à vous lancer directement dans le style skate, en particulier si vous possédez déjà le sens de l'équilibre en rollers ou patins.
Méfiez-vous cependant, la technique est plus complexe, de par la taille et l'inertie des skis, et la coordination des bras. Prendre quelques leçons avec un moniteur n'est pas inutile au départ. Notez également que la pratique du skate, et surtout au début, nécessite une surface parfaitement préparée et un profil de préférence plat : inutile de vous y lancer si les conditions sont mauvaises, la piste piétinée, ou la neige de mauvaise qualité.
Il est aussi possible de se "fatiguer" en allant vite sur des skis classiques, la technique pour le pratiquer à un bon niveau n'est pas aussi simple qu'il n'y parait, et ici aussi quelques leçons ne seront pas inutiles.
Le matériel
Au départ, vous vous poserez probablement la question suivante : louer ou acheter ?
Si vous habitez loin, si votre pratique est occasionnelle, ou que vous n'êtes pas sûrs de continuer, la location est recommandée. Un équipement de location à la journée (chaussures bâtons et skis) est relativement bon marché en Pologne. Dans les endroits fréquentés, en particulier Jakuszyce, soyez sûrs d'arriver tôt: les locations arrivent souvent à court de stock, premier arrivé premier servi !
Si le ski de fond vous plait et que vous envisagez d'y revenir régulièrement, le moment est venu de songer à votre propre équipement. Le fait que vous amortirez le coût avec le temps est le moindre des détails. Vous serez surtout affranchis de toutes les contraintes de la location (attente dans le froid, horaires d'ouverture et fermeture, itinéraires restreints aux points de location). Et ce sera avant tout votre équipement, celui qui vous convient parfaitement, et la garantie qu'il est en bon état.
Par quoi commencer ?
Plus que les skis, intéressez-vous aux chaussures en premier. Elles doivent vous convenir parfaitement ! Il n'y a rien de pire que de terminer une sortie les pieds meurtris. Ne soyez pas effrayés de mettre plus d'argent dans les chaussures que les skis même ! Ces dernières vous accompagneront dans votre vie plus longtemps que les skis, qui s'usent irrémédiablement.
Une chose à laquelle vous devez prêter attention est le standard de fixation.
Assurez-vous que les skis et chaussures de votre coup de cœur sont compatibles.
Par le passé, chaque marque possédait son système, mais la tendance est à l’unisson. Deux standards se partagent de nos jours le monopole : NNN qui représente la grande majorité, et le SNS de Salomon. Sans vouloir dénigrer le fleuron du ski français, le bon sens dicte de choisir le standard le plus répandu, pour assurer la compatibilité lors de tout changement de matériel ultérieur.
Les skis neufs sont vendus parfois avec fixations, parfois sans. Avec NNN, ils peuvent aussi être vendus uniquement avec la plaque socle ("NIS"), qui permet d'ajouter la fixation à mains nues. En revanche un ski "nu" nécessitera l'ajout de la fixation par le service du magasin.
Enfin, les bâtons peuvent paraître comment les éléments les plus anodins de la panoplie, mais beaucoup de détails ont leur importance : la bonne taille, la rigidité, le poids, la qualité des "paniers" pour les mains (mauvais, ils peuvent transformer l'expérience en supplice), les extrémités en bas.
Ce paragraphe s'abstiendra de vous guider sur les tailles car le sujet est bien trop vaste, et dépendant d'une multitude de facteurs comme taille, poids, condition physique, type de pratique...
Sachez également qu'une bonne taille de ski chez une marque n'est pas forcément la bonne chez une autre. Rigidité, cambrure, largeur, une foule de détails entrent en compte. Faites-vous guider dans un magasin avec un personnel qualifié.
Si votre budget est limité, acheter l'équipement d'occasion n'est pas nécessairement une mauvaise idée, mais vous devez prêter attention à certains détails. Votre morphologie doit correspondre à celle du propriétaire précédent, cela va de soi. Scrutez surtout la surface de la semelle.
Si la zone d'accroche est en écaille de poisson, assurez-vous que ces dernières ne sont pas abimées par l'usure. Vérifiez que la semelle ne comporte pas trop de rayures, et qu'elle ne présente pas de zones blanches, signe de dessèchement du matériau.
Comment s'habiller ?
Il n'existe aucune règle stricte, l'épaisseur de l'habillage dépend d'une foule de facteurs : la température de l'air bien sûr, l'humidité, mais aussi le type de pratique, l'intensité de l'effort, le type de personne...
Cependant, il faut garder à l'esprit que contrairement au ski de descente, nous sommes perpétuellement en mouvement et la chaleur qui en résulte fait partie de l'équation. S'habiller excessivement fera transpirer, et paradoxalement augmenter la sensation de froid dès que l'on s'arrête. Evitez à tout prix les vêtements de ski de descente, les jeans, le coton, qui absorberont comme une éponge neige et sueur. Préférez les matériaux de type synthétique, respirants, ou encore en laine Mérinos, ou soft-shell.
Ne vous couvrez pas excessivement le corps lorsque les températures sont froides, mais prenez de bons gants, et couvrez bien tête et gorge avec un foulard type buff. Si la neige tombe, il est bon d'avoir des vêtements un minimum imperméables.
Lors des jours ensoleillés proches ou en dessous de zéro, vous vous sentirez à l'aise même en leggings de course à pied. Une veste cycliste à manches longues complète idéalement le haut du corps.
Si vous prévoyez des pauses, ou si l'itinéraire comporte une longue descente, vous pouvez ranger une couche supplémentaire de type K-way. Emmenez une bouteille de type thermos si vous partez longtemps. Cependant, évitez les sacs à dos trop chargés qui handicapent le mouvement. Idéalement, une sacoche de ceinture suffit ; certaines marques comme Swix proposent des modèles dédiés au ski de fond, ou en plus de l'eau il est possible de ranger quelques effets personnels.
Dernier élément important : les lunettes. Un temps ensoleillé génère beaucoup de rayons ultraviolets nocifs pour les yeux. Un temps neigeux/pluvieux vous gênera dès que vous prendrez un peu de vitesse dans une descente. Enfin les températures très froides, surtout avec vent de face, sont également nocives pour la rétine des yeux. Pour toutes ces raisons il est bon d'avoir des lunettes, même translucides. Il en existe dédiées au ski de fond, mais les lunettes cyclistes font parfaitement l'affaire, en particulier tous les modèles issus de la mode récente extra-large.
Skier avec des enfants
Beaucoup de jeunes parents sont persuadés à tort que les enfants en bas-âge ne sont pas en mesure de pratiquer cette activité. Il suffit de jeter un œil en Norvège, ou même en République Tchèque voisine, où ce sport est également extrêmement populaire, pour réaliser à quel point c'est une idée reçue.
Les enfants peuvent skier dès l'âge de cinq ans, téléphonez aux locations pour vous assurer qu'ils possèdent les tailles appropriées, qui commencent parfois dès les chaussures de taille 30, et qu'ils vous les réservent.
Evidemment, les enfants grandissent et c'est la raison pour laquelle un matériel d'occasion, que vous pourrez revendre chaque année, est à privilégier.
Les enfants aiment l'aventure et l'exploration. Choisissez des itinéraires les moins monotones possibles pour captiver leur attention avec sans cesse de nouvelles choses à découvrir : un point de vue, un ruisseau, un refuge où vous mangerez du gâteau ou une soupe, un igloo que vous construirez avec lui...
Vous pourrez acheter dans un magasin de bricolage une corde élastique d'environ 5m pour les tracter dans une montée fastidieuse, les sécuriser dans une descente raide, et leur faire sentir les joies de la vitesse sans trop se fatiguer.
Certaines locations proposent également des remorques sur skis du même type que les remorques vélos : elles raviront les tout petits !
Comportement sur la piste
Certains itinéraires populaires peuvent s'avérer extrêmement fréquentés, et souvent les mêmes problèmes se répètent.
Faites attention aux autres, ralentissez lorsque c'est nécessaire, dépassez prudemment. Croisez par la droite, comme en voiture. Lorsque vous vous arrêtez, mettez-vous sur le côté afin de laisser passer. Aidez une personne qui tombe si vous êtes à proximité.
Si vous êtes amenés à enlever les skis, ne marchez pas sur la piste en chaussures. Si vous aimez skier avec votre chien, évitez de le faire sur une piste trop fréquentée.
Un problème majeur malheureusement fréquent, en particulier lorsque la piste est aussi un sentier de randonnée balisé, est de rencontrer des piétons sur la piste.
D'un point de vue légal, il n'existe aucun moyen de l'interdire dans les forêts qui relèvent de l'espace public, indépendamment de la saison. Un code de bonne conduite, permettant à piétons et skieurs de cohabiter correctement, consiste à marcher en file indienne sur le côté, mais il est hélas rarement mis en pratique. Beaucoup croient aussi que seuls les "rails" pour le style classique doivent être épargnés, utilisant le milieu de la piste. Les gens aimant bavarder en marchant, il est fréquent de les voir occuper toute la largeur, ce qui a pour effet de détruire en quelques instants une piste damée, préparation très onéreuse pour les communes qui les financent.
N'hésitez pas à sensibiliser les touristes marchant sur la piste par inadvertance, mais faites-le de manière toujours diplomatique.