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D'alliés à ennemis : comprendre la guerre polono-lituanienne

Guerre polono lituanienne Sejny_ParadaGuerre polono lituanienne Sejny_Parada
Domaine public - Parade de la cavalerie polonaise à Sejny, qui comme les villes de Vilnius, Suwałki, Augustów sont cédées à la Pologne
Écrit par Emma Monbrun
Publié le 17 avril 2023, mis à jour le 17 avril 2023

Au lendemain de la Première Guerre mondiale, une guerre éclate entre deux pays auparavant alliés et très fortement unis : la Pologne et la Lituanie. Il y a 104 ans, le 19 avril 1919, les Soviétiques étaient contraints de battre en retraite devant l'armée polonaise, qui s'était alors emparée de Vilnius. Éclairages...

 

Des siècles d’union et de séparation

En 1386, le Grand-Duché de Lituanie conclut une alliance avec le Royaume de Pologne. Les deux formèrent en 1569 la République des Deux Nations.

400 ans plus tard, le dernier partage de la Pologne en 1795 mit fin à cette alliance. Le territoire polono-lituanien est alors divisé en trois par la Russie, la Prusse et l’Autriche.

Le 11 novembre 1918, la Pologne renaît de ses cendres mais la jeune République de Lituanie doit quant à elle défendre son indépendance vis-à-vis de la Pologne.

 

Refus polonais de reconnaître l’indépendance de la Lituanie

La Pologne refusa de reconnaître la Lituanie et souhaita voir leur ancienne union se régénérer sous le nom de "Fédération Międzymorze" (Fédération entre les Mers). Mais les Lituaniens contestaient cette idée et considéraient Vilnius (dont 49% de la population était polonaise) comme leur capitale historique. Le 19 avril 1919, les troupes polonaises sont rentrées dans Vilnius.

Refusant tout compromis, les deux pays connaîtront une succession de revendications et d’offensives pendant plusieurs mois.

 

Un peu de géographie

Outre les luttes pour posséder Vilnius, le contrôle territorial de cette région et celle de Suwałki (dont les villes de Sejny et Augustów) était au centre des négociations.

C’est à la conférence de paix de Paris de 1919 que la ligne Foch (proposée par, vous l’aurez deviné, Ferdinand Foch) a été reconnue comme “frontière”.

Kaunas restant sur le territoire lituanien, les villes de Vilnius, Suwałki, Augustów et Sejny étaient cédées à la Pologne, le 19 avril 1919.

La Pologne avait alors comme superficie 387 000 km2 (contre seulement 312 679 km2).

 

Pologne Lituanie 1920

 

Alliés et ennemis des deux belligérants  

La Pologne bénéficia de plusieurs soutiens internationaux.

Dans son conflit avec la Lituanie, la Pologne a été reconnue légitime par les pays de l’Entente et plus particulièrement par la France.

Elle a également participé à la conférence de paix de Paris et est devenue l'un des membres fondateurs de la Société des Nations.

Mais malgré ses soutiens, n’oublions pas que la Pologne endossait un autre conflit, celui contre l’Union Soviétique.

Les troupes polonaises comptaient sur le soutien lituanien, ayant cet ennemi commun.

Mais les relations se dégradant, la Lituanie décida de s’allier avec Moscou, qui remettra la région de Vilnius et de Suwałki au gouvernement lituanien le 14 juillet 1920.

 

Luttes pour la conquête de Vilnius et du territoire lituanien

  • A Paris et à Kaunas, des diplomates polonais et lituaniens négocient en vain deux sujets: La reconnaissance de la ligne Foch comme frontière définitive et la cession de Vilnius aux Polonais.
  • Le 2 septembre, l'offensive lituanienne de 7000 soldats se lança à la conquête des villes de Suwałki et d’Augustów.
  • Le 4 septembre, l'armée lituanienne connut un premier succès avec l’attaque de Sejny, à seulement 2 kilomètres de la ligne Foch.
  • Le lendemain, les troupes polonaises engagèrent déjà une contre-attaque. Le 10, l'armée lituanienne est repoussée derrière la ligne Foch.
  • Les combats cessent le 27 septembre 1920.

Mais le front polonais reste intact. Les négociations diplomatiques reprennent à Suwałki et un accord de cessez-le-feu (l’Accord de Suwałki) est signé le 7 octobre 1920.

 

L’avenir de Vilnius  

Vilnius n’est pourtant toujours pas aux mains des Lituaniens.

La Pologne a pour ordre de se retirer et de reconnaitre l'appartenance de la ville et de sa région à la Lituanie. Mais, le lendemain de la signature du traité, le général Żeligowski, contre l'avis de Piłsudski, attaque Vilnius. Encore. 

La France ne jettera pas la pierre à la Pologne, estimant qu’elle pourrait devenir un allié précieux. Par conséquent, Vilnius resta polonais.

 

Ce ne sera qu’en 1939 que Vilnius sera restituée à la Lituanie par le gouvernement soviétique.

 

Actualisation et republication d'un article du 24/09/2020

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