Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Béatrice Fauriez : la patronne qui trace sa route dans le domaine des transports !

Béatrice Fauriez  Béatrice Fauriez
Béatrice Fauriez
Écrit par Bénédicte Mezeix
Publié le 7 mars 2022, mis à jour le 7 mars 2022

Si vous êtes un fidèle lecteur, ce nom vous dit sûrement quelque-chose ! Béatrice Fauriez a fait partie des 5 finalistes du Trophée Entrepreneur des Trophées des Français de l'étranger 2022, parrainé par EDHEC Business School. Installée depuis plusieurs années à Gdansk, elle se livre sans détours sur sa longue expérience, à 30 ans et des poussières, en tant que « patronne », pour reprendre ses propres mots, dans un milieu de « mecs » : celui des transports avec Hermes Logistics, la manière dont elle gère ses différents projets, sa vie de famille, son rapport à la France ; et se confie sur les liens très forts qui l'unissent désormais à la Pologne. 

 

Lepetitjournal.com/Varsovie : Béatrice, quand et comment votre histoire polonaise a-t-elle débuté ?

Je suis arrivée en Pologne en 2007 dans le cadre d'un Service Volontaire Européen d’un an auprès de personnes handicapées physiquement et psychologiquement, dans le domaine de l’hippothérapie alors que je ne parlais pas un mot de polonais.

Cette aventure était à la fois excitante et intimidante, j’étais une toute jeune fille sans grande expérience professionnelle qui partait à 1.500 kilomètres de chez elle, dans un pays étranger avec une culture et une langue qui m’étaient alors inconnues. Mais j’ai toujours aimé relever les défis et celui-ci étant pour une cause noble à mes yeux, j’ai sauté le pas et je me suis jetée à l’aventure… Aventure qui était sensée durer un an mais qui allait changer tout le cours de ma vie !

 

Il est question d'un coup de foudre aussi, non, dans votre décision de rester ici ?

Oui, totalement ! Je suis tombée amoureuse de cette nouvelle terre d'accueil et j’ai décidé de rester vivre ici. Mon patron d’alors m’a donné la possibilité de rester travailler pour lui, dans le centre équestre. Puis, en partant de rien, en travaillant dur dans plusieurs domaines (dans le centre équestre, l’enseignement et le transport routier) pour me permettre de financer mes études en parallèle, je me suis totalement intégrée dans la vie sociale et active.

J'ai désormais une famille ici, mariée et maman de 2 jeunes enfants, je suis à la fois intégrée et fière d'être une expatriée française. Je ne manque pas de faire partager ma culture et nos traditions françaises dès que l'occasion se présente à tout mon entourage. Mon mari étant polonais, nos enfants sont élevés dans les deux cultures et sont bilingues.

Etant donné que je suis diplômée enseignante du FLE (français langue étrangère) je fais suivre au plus grand (3 ans) le programme éducatif français à l’aide de manuels français, j’en ferai de même avec la plus jeune (11 mois). Ils bénéficient donc d’une grande richesse culturelle, que ce soit au niveau linguistique ou alimentaire et nous voulons qu'ils soient ouverts d'esprit.

Difficile de ne pas parler de ce qui se passe en Ukraine ! 

Oui, je suis bouleversée par l’actualité en Ukraine mais en même temps, je suis encore plus fière de la Pologne et des Polonais qui sont si solidaires, courageux et n’hésitent pas à donner ce qu’ils peuvent en fonction de leurs moyens.

Nous accueillons actuellement quatre Ukrainiens, membre de la famille d’un excellent ami : deux femmes et deux enfants que nous n’avions jamais rencontrés avant. Ils sont tellement choqués par ce qu’ils ont vécu, qu’en ce moment, ils ne restent qu’entre eux, dans l’appartement. Nous nous sentons démunis face à une telle détresse et nous tentons de les aider du mieux que nous pouvons.

Aujourd’hui, vous êtes à la tête d’Hermes Logistics, une société de transport, comment passe-t-on des chevaux aux camions ?

Après avoir travaillé 3 ans dans un centre équestre, en aidant à son bon fonctionnement et en pratiquant l’hippothérapie auprès de personnes handicapées physiquement et mentalement, j’ai découvert le domaine du transport presque par hasard, en cherchant un emploi pouvant être concilié avec mes études de licence en langue romane. J’ai débuté au bas de l’échelle, en surveillant les paiements puis mon travail est devenu plus conséquent, avec plus de responsabilités, supervisant quelques heures par jour toute la partie comptabilité et facturation, puis j’ai été transférée à l’affrètement : le cœur du métier. J’ai ensuite accepté un poste dans une autre entreprise de transport, me permettant d’être plus autonome en étant affréteuse, mais tout en gérant aussi des employés travaillant pour moi.

Puis, avec les encouragements de mes clients, j’ai sauté le pas en 2015 et suis devenue "patronne" d'une entreprise de transport - ma fierté, à Gdańsk, une ville extraordinaire au bord de la mer Baltique !

Béatrice Fauriez, baie de Gdansk
Béatrice Fauriez, devant la mer Baltique 

 

 

Vous aviez donc moins de 30 ans, lorsque vous avez décidé de créer votre entreprise ?

Oui, c’est ça, j’avais exactement 28 ans ! Je suis très fière d'avoir pu accéder si jeune à une belle réussite professionnelle. Lors d’un brainstorming familial, mon frère qui est aussi mon meilleur ami - et accessoirement fan de mythologies en général, a choisi le nom Hermes Logistics, en référence au dieu Hermès du transport et des routes, dans la mythologie grecque.

Cette entreprise permet de faire vivre actuellement une dizaine de familles, malgré une baisse du chiffre d’affaires depuis le début de la crise économique liée à la COVID-19. Pour ce qui est des conséquences de la guerre en Ukraine, nous verrons bien, de toute manière, nous sommes tous logés à la même enseigne.

 

Diriez-vous qu’on vous a aidée, soutenue, dans ce projet entrepreneurial ?

Non, je ne dois cette réussite qu'à moi-même, en partant de rien, tout en reprenant des études en parallèle, pour obtenir une licence et un Master II en Philologie Romane, afin de m'enrichir culturellement aussi et de me donner accès à plus de possibilités professionnelles.  

Mes sujets de mémoires étaient "L'identité et la mémoire dans les textes choisis de Jacqueline Harpman" et "Le règne d'Henri de Valois en Pologne aux yeux des poètes français". Rien à voir avec les transports (rires), mais c’est aussi une autre facette de ma personnalité !

Comment avez-vous trouvé votre place, en tant que jeune femme, française, pas encore trentenaire, dans le milieu très masculin des transports ?

En restant moi-même ! Je parle couramment polonais, je suis abordable, adaptable et je sais me faire respecter ! Mais c'est vrai que c’est un milieu principalement dominé par les hommes et ce n’est pas toujours facile de s’imposer en tant que femme et jeune de surcroit. J’apporte ma touche : l’ambiance de travail est très bonne chez nous, permettant d’avoir une bonne qualité de travail et de vie.

Côté bureau, nous sommes 9 femmes, rien que ça, pour seulement 2 hommes ! C’est un hasard, je vous promets ! Nous nous entendons tous super bien. Certaines femmes travaillaient déjà pour moi dans l’entreprise où j’étais avant. Comme on ne change pas une équipe qui gagne, nous avons continué ensemble ; ça fait maintenant 10 ans !

De plus, mon entreprise a vraiment une dimension humaine en étant à l’écoute des besoins de chacun, par exemple, les horaires sont souples et adaptables. La majorité de mes employés est d'ailleurs en télé travail et ce, depuis la création de l’entreprise. Je travaille également de chez moi depuis 2018, soit depuis ma première grossesse, afin de pouvoir concilier au mieux ma vie de jeune maman et de cheffe d’entreprise.

 

Quelle est votre histoire avec la langue polonaise réputée difficile ?

Ah (rire), pour que vous compreniez, on doit remonter plus de 10 ans en arrière : je ne parlais pas un mot de polonais et j’ai rencontré à ce moment celle qui allait bien plus tard devenir mon assistante : Julita. J’étais inscrite en Philologie Romane - mais moi, dans le but d’apprendre le polonais (rire) et Julita, donc m’a beaucoup aidée. Aujourd’hui je parle couramment polonais en plus de l'anglais. En fait, j’ai des diplômes pour enseigner le français avec option prof d’anglais.

Pour en revenir à Julita, c’est aujourd’hui ma précieuse assistante. Elle parle parfaitement français, maîtrisant tous les registres de langue (rire) et figurez-vous qu’elle est partie en Ukraine, en voiture pour quelques jours, juste pour acheminer des colis qu’elle avait collectés ! 

 

Comment et dans quelles directions l’entreprise se développe-t-elle aujourd'hui ?

Nous nous développons vraiment bien : 4 nouveaux employés rejoignent l’équipe au cours de ces prochaines semaines

Je vais doucement mais surement, en achetant au fur et à mesure des camions et en élargissant mon cercle professionnel, partenaires compris, pour répondre aux demandes croissantes de mes clients, fidèles depuis de nombreuses années ; il y en a plus d’une centaine, plus ou moins réguliers.

Ces clients sont essentiellement des employés d’entreprises de transport, plus ou moins grosses et influentes en France majoritairement, mais aussi au Luxembourg, en Suisse et en Pologne.

Certains clients sont aussi des personnes ayant besoin de transports occasionnels pour leurs besoins personnels ou professionnels (petites entreprises tels que restaurants, fabriques de meubles,..).

Actuellement Hermes Logistics compte 10 employés de bureau (plus moi), parlant français ou anglais ou allemand, en plus du polonais et 4 chauffeurs (parlant tous très bien anglais et se débrouillant en français pour faire face aux différentes situations qu’ils peuvent rencontrer dans leur travail). Je me suis séparée d’une autre entreprise de transport au profit de mon associée au bout de 18 mois.

Je suis également en cours d’ouverture d’une nouvelle entreprise de transport international, basée en Roumanie en tant qu’associée, qui devrait être opérationnelle en mars-avril 2022 sous le nom de We-FR8 Express Solutions. On proposera des transports poids lourds, des transports exceptionnels maritimes et aériens en plus des petits véhicules légers.

 

Quels conseils auriez-vous aimé recevoir quand vous avez décidé de sauter le pas de la création d’entreprise ?

Je pense que le plus important est d’être sûr de se sentir prêt à sauter le pas, de le faire après mure réflexion et surtout, d’avoir une bonne comptable (rire) ! La mienne est fantastique et d’une aide et d’une efficacité redoutable dans la création et le développement de l’entreprise.

Il faut aussi savoir être bien entouré, ne pas hésiter à demander conseil à des professionnels pour éviter les faux pas (avocats, comptables, commerciaux, autres chefs d’entreprises,…).

Comment imaginez-vous votre entreprise dans 5 ans ?

J’aimerais toujours être à la tête d’Hermes Logistics bien sûr,  avec mes clients habituels et la même équipe qui est actuellement avec moi, car ils sont tous fantastiques et travailler dans de telles conditions est un vrai plaisir ! Je pense aussi développer notre nouvelle entreprise à Bucarest, qui est très prometteuse et me motive énormément !

 

 

 

 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024