Le 18 mai 1944, la bataille de Monte-Cassino s'achevait. A l'occasion de cette journée anniversaire, Lepetitjournal.com se penche sur cette glorieuse Pologne combattant aux côtés des Alliés, loin de la seule image de nation martyr qu'on lui prête [archive 2011]
Après la terrible défaite de septembre 1939, le gouvernement en exil présidé par Raczkiewicz se réfugie en France, à Angers. Mais bientôt, les armées nazies envahissent le pays et contraignent les forces polonaises à gagner l'Angleterre. Là, le Premier Ministre Sikorski persuade les Britanniques de former une armée polonaise de l'Ouest, qui deviendra vite la première armée étrangère de Grande-Bretagne. Mais déjà, Hitler menace d'invasion l'île. L'ultime obstacle qui le sépare de la victoire: la RAF.
(Spitfire par Franck Cabrol, wikicommons)
Les polonais contre la Luftwaffe
Durant cette bataille décisive dans le ciel britannique, les pilotes polonais vont faire preuve d'un courage exceptionnel aux commandes de leurs chasseurs Spitfires et autres Hurricanes. Ils forment le plus gros contingent étranger au sein de la Royal Air Force avec environ 150 pilotes. Ces hommes expérimentés sont un cadeau du ciel pour Londres qui en manque cruellement alors. Mais ceux-ci s'obstinent à communiquer en polonais à la radio, provoquant la colère de leurs officiers de liaison britanniques ! D'abord sceptiques sur leurs capacités, ces pilotes sans peur gagnent vite leur respect, et celui des Allemands, par leur bravoure dans les terribles dog fights (duel acrobatique entre avions). A eux-seuls, les Polonais vont ainsi être responsables de 12% des pertes allemandes durant la bataille. Avec « seulement » 29 tués ou blessés dans leurs rangs, c'est un des meilleurs ratios en termes d'efficience (victoires sur pertes).
Mais bientôt, c'est sur la terre ferme qu'il va falloir vaincre.
Monte-Cassino, le chemin de croix des Alliés
Tandis qu'Overlord se prépare en Grande-Bretagne, les armées alliées poursuivent leur offensive de diversion en Italie pour immobiliser autant de troupes allemandes que possible. La Wehrmacht s'est retranchée sur une ligne de défense dans les Apenins : la ligne Gustav, pour défendre Rome. En janvier 1944, les Américains veulent prendre la pièce maîtresse du système de défense allemand : le monastère bénédictin du Mont-Cassin. Ils lancent un assaut frontal avec la 34ième division mais celle-ci échoue? à 300 mètres du but. Relevée par la 4ième division indienne, cette dernière est bientôt contrainte de reculer. Malgré les 420 tonnes de bombes déversées sur la position et l'attaque des Néo-zélandais, le monastère résiste toujours. Mais, grâce à l'audacieuse man?uvre de la 2ième division d'infanterie marocaine, le Mont est bientôt presque encerclé. L'assaut final contre cette place imprenable est confié aux Polonais d'Anders qui s'en emparent au prix de terribles pertes. Ils hissent leur drapeau au milieu des ruines de l'abbaye le 18 mai 1944 alors qu'un clairon sonne le « hejnal ». A la veille du Débarquement, les Polonais offrent Rome à Eisenhower.
Falaise, la victoire décisive? à l'arraché
Même si elle n'est pas engagée le 6 juin 1944 en Normandie, la 1ière Division Blindée du Général Maczek prend pied en France dès le 4 août. Les Alliés veulent faire un « Stalingrad normand » en encerclant les armées allemandes et les forcer à se rendre. Mais, alors que la man?uvre est sur le point de réussir, les états-majors américains et anglais craignent les tentatives de percées d'une Wehrmacht encore combative, ils envoient donc la 1ière DB de Maczek fermer la nasse à Chambois. Là, les Polonais font jonction avec la légendaire 2ième DB du Général Leclerc venue d'Alençon. Mais déjà, pour échapper à la mort ou à la capture, près de 100.000 Allemands se dirigent vers ce verrou : la cote 262, rapidement rebaptisée « Maczuga » (la massue). Trois jours durant, l'ennemi attaque furieusement de tous les côtés : les soldats tentant de s'extraire du piège allié sont soutenus par leurs camarades déjà à l'extérieur de la poche. Les Polonais sont rapidement eux-mêmes encerclés mais ils tiennent bon. Isolés, ils sont bientôt ravitaillés seulement par voie aérienne. Malgré ça, alors que les assauts se poursuivent, les soldats de la 1ière DB arrivent à court de munitions. C'est à la baïonnette et au couteau qu'ils repoussent l'ultime charge des paras allemands. Et c'est la victoire, inespérée, celle qui permet la fin de la bataille de Normandie. Dans cet affrontement titanesque, la 1ière DB polonaise a perdu 2.500 hommes tués ou blessés mais a fait 5.700 prisonniers, détruit 70 chars et 600 véhicules.
Market-Garden : les paras polonais sautent sur la Hollande
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(Soldats polonais de la 1ère Division, Wikicommons)
Le drapeau polonais flotte sur Berlin
A l'Est, aux côtés de l'Armée Rouge, les soldats polonais se battent également férocement. Après avoir libéré leur pays, les voilà engagés dans cette ultime bataille dans la capitale du Reich en ruine. Parmi eux, les hommes de la 1ère division Tadeusz Kosciusko qui combattent pied à pied dans le secteur le mieux défendu de Berlin, entre le Reichstag, les abords de Polytechnique et de la porte de Brandenbourg. Ils vont capturer 2.550 prisonniers, prendre 4 stations de métros mais surtout, avoir l'honneur de hisser le drapeau polonais en haut de la colonne de la Victoire Siegessaule dans le parc Tiergarten, le 2 mai 1945. Cela sera la seule bannière autre que la Soviétique à flotter sur Berlin au lendemain de la bataille, un glorieux souvenir encore perpétué aujourd'hui par la Journée du Drapeau.
Karl Demyttenae?re (www.lepetitjournal.com/varsovie.html) mercredi 18 mai 2011
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