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DES VAMPIRES EN POLOGNE – Les mystérieuses sépultures

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 18 janvier 2016, mis à jour le 19 janvier 2016

 

Dans le nord-ouest de la Pologne, le cimetière médiéval de Drawsko abrite d'étranges sépultures datant du XVIIe ou XVIIIe siècle. Des archéologues découvrent en 2009 que ses « résidents » sont affublés d'une faucille autour du cou et d'une pierre entre les dents? Un rituel funéraire postmédiéval pour empêcher les « vampires » de sévir?

Drawsko n'est pas le seul endroit en Pologne à abriter de telles dépouilles. En 2013, plusieurs tombes de ce genre contenant des squelettes décapités ont été identifiées sur un chantier près de la ville de Gliwice. On retrouve également ce même mode opératoire anti-vampirique dans d'autres cimetières en Europe centrale et orientale, notamment en Autriche, en Allemagne, en Slovaquie, en Bulgarie ou encore en Roumanie.

Mais qui étaient donc les tristes élus ?  

Selon les convictions de l'époque, n'importe quelle personne non baptisée ou victime d'une mort violente pouvait se transformer en vampire une fois décédée. Mais d'autres critères d'"éligibilité" étaient également appliqués : être étranger, s'être suicidé, être parmi les premiers à mourir lors d'une épidémie ou encore avoir vécu en marge de la société, comme les criminels, voleurs, malades, etc... En bref, toute personne qu'on ne souhaitait pas voir revenir de l'au-delà. Un mélange de superstition et de déclassement social qui permet de rappeler que la légende des vampires est bien antérieure à la naissance du cinéma ou à celle du célèbre livre Dracula, de Bram Stoker, en 1897, et que ces vampires d'antan étaient dépourvus des attributs qui leur sont aujourd'hui associés : longues canines, transformation en chauve-souris et suceurs de carotides...

Comment faisait-on obstacle à ces créatures ? 

Il semble que ces étranges créatures aient alimenté les superstitions depuis l'époque médiévale jusqu'au XIXe siècle et que de nombreuses méthodes étaient utilisées pour éviter qu'un défunt ne revienne sous forme de vampire. Les archéologues ont pu en identifier de multiples. La première tombe de vampire connue, celle d'une femme ayant vécu au XVIe siècle durant la peste de Venise en Italie, avait été retrouvée avec une brique fermement calée dans la bouche. Mais on peut aussi citer le célèbre pieu dans le c?ur, en métal ou en bois, des tiges de fer plantées dans la poitrine, la décapitation par corde, ou encore, comme c'est le cas à Drawsko, une faucille placée sous la gorge ou une pierre entre les dents. La première, aiguisée, avait pour but, si le vampire se réveillait, de lui couper la tête en se relevant. La seconde était destinée à maintenir la mâchoire bloquée et donc à empêcher que le mort-vivant ne morde ou ne se nourrisse de quelqu'un d'autre.

Qu'est-il arrivé aux « vampires de Drawsko » ?

Pour élucider le mystère, une équipe de chercheurs américano-canadiens s'est attelée en novembre dernier, à l'étude des squelettes. Il s'agit de défunts d'âge et de sexe différents, incluant des enfants. Six sépultures ont été examinées parmi les 66 autres retrouvées sur le site. Au départ, les chercheurs ont pensé qu'il s'agissait d'immigrants. Les écrits de l'époque rapportent en effet une vague de migration importante vers la Pologne. Mais les résultats indiquent que les six prétendus vampires étaient des habitants de la région. Par ailleurs, l'examen des squelettes n'ayant pas révélé de traces d'une mort violente ou de graves traumatismes, les chercheurs ont envisagé la piste de l'épidémie fulgurante de choléra qui se répandit à travers l'Europe de l'Est. 

Par ailleurs, parmi plusieurs explications pouvant expliquer l'idée du vampire se nourrissant de sang, les épidémies en sont une. Lorsque les cadavres en décomposition gisaient longtemps à l'air libre, les bactéries produisaient des gaz lesquels faisaient gonfler le corps et conduisaient le sang jusqu'à la bouche. D'où l'idée d'un corps repu de sang?

Mais à défaut d'explications scientifiques à l'époque, le surnaturel était invoqué pour justifier ces épidémies. Il est donc probable que les défunts de Drawsko aient été les premiers à en être victimes, ce qui leur valut d'accéder à ce funeste statut.

Sources :  Maxisciences.com, Slate.fr

 

© CC BY-SA 3.0 - Squelette de vampire découvert en Bulgarie

 

Laura Giarratana (lepetitjournal.com/Varsovie) - Mardi 19 janvier 2016

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Publié le 18 janvier 2016, mis à jour le 19 janvier 2016

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