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VISITE AVEC VARSOVIE ACCUEIL – Le Ghetto de Varsovie

Écrit par Lepetitjournal.com Varsovie
Publié le 12 novembre 2013, mis à jour le 29 janvier 2017

La semaine dernière, la visite Varsovie Accueil nous a emmenés dans le Ghetto de Varsovie. Bien qu'il n'en reste presque plus rien, du fait de la démolition totale de ce dernier en mai 1943 par les Allemands, notre guide, Alicja Parvine, nous a raconté l'histoire de plusieurs figures emblématiques du ghetto afin de mieux comprendre l'horreur qu'ont vécu plus de 460.000 Juifs.


Pour commencer, quelques chiffres sont utiles à rendre compte d'une terrible réalité:  360.000 Juifs de Varsovie (un quart de la population varsovienne de l'époque), auxquels se sont ajoutés 100.000 Juifs de la région, sont enfermés dès octobre 1940 dans le quart nord-ouest de la ville. Ce sont des murs qui pouvaient atteindre quatre mètres de hauteur pour trois d'épaisseur, construits par les Juifs eux-mêmes sur ordre des Allemands. Et pour finir, ce sont déjà 100.000 morts de faim ou pour cause de maladies (épidémies de typhus..), le 22 juillet 1942, avant la déportation de 300.000 autres juifs du Ghetto au camp d'extermination de Treblinka.

Monument Janusz Korczak
Nous commençons notre retour vers le passé dans les heures les plus sombres de l'histoire de Varsovie, devant le monument à la mémoire de Janusz Korczak. Médecin-pédiatre et écrivain polonais, il a été et est toujours considéré aujourd'hui comme une des figures de la pédagogie de l'enfance. En 1912, il a créé un orphelinat pour les enfants juifs de Varsovie. Quand le ghetto a été mis en place, il a été contraint, comme tous les juifs de Varsovie, de déménager son orphelinat dans son enceinte, en échangeant ses locaux avec ceux d'une école polonaise. Il y a donc eu de nombreux transferts de population, les Juifs devant habiter dans le ghetto et les autres Polonais à l'extérieur. Janusz Korczak a été déporté dans la nuit du 5 au 6 août 1942 avec tout le personnel de l'orphelinat et une centaine d'enfants à Treblinka, où ils ont perdu la vie. Quant au monument, inauguré en 2006, l'arbre aux branches cassées symbolise la mort précoce dans la culture juive, nous le retrouverons à plusieurs reprises tout au long de notre parcours.

Synagogue Nozyk
Nous avons ensuite pris la direction de la Place Zudowski sur laquelle nous pouvons encore voir une maison du ghetto, une des rares qui n'ont pas été détruites. Sur cette même place, se trouve le théâtre éponyme, datant des années 1960, où sont jouées des pièces en polonais mais aussi en yiddish, principalement sur l'histoire des Juifs. Concernant la destruction du ghetto, elle a commencé en mai 1943 et a consisté au dynamitage de tous les édifices, maisons comme bâtiments publics, à l'instar de la Grande Synagogue, qui se situait près de la Place Bamkowy, à l'emplacement actuel de l'Institut historique juif (où nous vous conseillons d'aller voir l'exposition de caricatures antisémites de l'entre-deux-guerres http://www.lepetitjournal.com/varsovie/a-voir-a-faire/168601-exposition-l-antisemitisme-en-caricatures-a-l-institut-historique-juif-de-varsovie). De ce fait, il ne reste aujourd'hui à Varsovie qu'une synagogue, celle de de Nozyk, qui n'a pas été rasée car elle n'était déjà plus dans l'enceinte du ghetto lors de sa démolition. En effet, plus le nombre de morts augmentait, plus la surface du ghetto rétrécissait.

Plan du Ghetto sur une portion de mur
Quelques morceaux du mur qui emprisonnait la population juive de Varsovie restent encore intacts, mais il faut savoir où les trouver au milieu des cours des immeubles, reconstruits directement sur les décombres. Entre les rues Zlota et Sienna (parties gauches quand nous sommes sur l'avenue Jana Pawla II, et que nous laissons la Gare centrale derrière nous), nous avons en avons découvert deux portions. Sur l'une d'elle, le plan du Ghetto montre que celui-ci était composé de deux parties, la petite vers le sud et la plus grande au nord, reliées par une passerelle, célèbre grâce à de nombreuses photos. Plusieurs briques ont été ôtées du mur pour être envoyées dans différents musées à travers le monde, notamment en Israël et aux États-Unis. Comme sur les tombes ou dans de nombreux lieux de commémoration juifs, nous pouvons y voir les cailloux posés en signe de recueillement.

Musée de l'Histoire des Juifs polonais
La seconde partie de notre parcours nous emmène dans le quartier de Muranow, où le Musée de l'Histoire des Juifs polonais a ouvert cette année pour les soixante-dix ans de l'Insurrection du Ghetto. Tout autour, de nombreuses plaques, statues et autres stèles rappellent et honorent la mémoire de personnages symboliques dans la lutte contre l'oppresseur nazi. Notre guide nous a conté l'histoire d'une d'entre elles, Irena Sendlerowa, aide sociale, non juive, qui, de par sa profession, pouvait entrer dans le ghetto. Elle a fait sortir clandestinement plus de 2000 enfants, afin de les confier à des s?urs et qu'ils soient placés dans des familles en Pologne ou bien à l'étranger, la grande majorité de ces enfants étant devenus orphelins.

Jan Karski
Non loin de là, une statue grandeur nature de Jan Karski rend hommage au célèbre émissaire du gouvernement polonais en exil, qui s'était rendu clandestinement en Pologne, et notamment dans le Ghetto de Varsovie, pour témoigner du déroulement de l'extermination des Juifs. En 1943, il a été en Grande-Bretagne, puis aux Etats-Unis, pour y raconter les horreurs dont il avait été le témoin direct et demander de l'aide. Il s'est heurté à l'incrédulité des dirigeants étrangers, qui ne pouvaient pas croire en ce qu'ils apprenaient.


Monument des insurgés du Ghetto
Enfin, le troisième personnage, au rôle primordial, dont notre guide nous a parlé, n'est autre que le chef du soulèvement du Ghetto, Mordechaj Anielewicz, représenté au milieu d'un groupe de combattants sur cette stèle. L'insurrection des derniers Juifs du ghetto a débuté le 19 avril 1943, quand les troupes allemandes ont voulu recommencer les déportations. En effet, les Allemands avaient été contraints, pour des "raisons logistiques" de les stopper fin septembre de l'année précédente. A raison de 5.000 à 6.000 personnes déportées par jour à Treblinka pendant plus de deux mois, les chambres à gaz et fours crématoires ne fonctionnaient pas assez vite. Quand les autorités allemandes ont décidé de "liquider" définitivement le Ghetto, les derniers juifs ont décidé de résister pour paralyser les déportations. Même si l'issue était certaine au vu du déséquilibre des forces, les insurgés ont tenu jusqu'au 16 mai. Un des soldats de ce combat en a résumé le sens "Nous ne voulons pas sauver notre vie. Personne ne sortira vivant d'ici. Nous voulons sauver la dignité humaine".

Pierre pour la mémoire des insurgés morts dans le bunker
Le long des rues qui relient le Musée jusqu'à l'Umschlagplatz, la gare d'où partait les trains vers Treblinka, des blocs noirs saluent la mémoire de nombreux résistants. C'est la « Voie de la mémoire, de la martyrologie* et du combat des Juifs ». Elle passe à côté de l'ancien bunker dans lequel se sont cachés les insurgés pendant leurs actions, avant d'être découverts par les Allemands. C'est dans ce bunker que s'est suicidé Mordechaj Anielewicz le 8 mai 1943. La gare aujourd'hui n'existe plus, à sa place un monument rend un dernier hommage aux 300.000 Juifs qui sont partis d'ici pour leur dernier voyage. 
Umschlagplatz
Le nombre de noms étant bien trop important pour tous les écrire, quatre cents prénoms sont gravés sur les murs de ce monument, où nous pouvons aussi retrouver les arbres aux branches cassées. La fente entre les deux parties de mur laisse entrevoir un vrai arbre en arrière-plan, qui symbolise avec force que la vie continue quand même.

*traduit directement du polonais, « martyrologie » n'existe pas en français

 

Remerciements à:

Varsovie Accueil: http://varsovieaccueil.pl/

Notre guide, Alicja Parvine: alicja.parvine@gmail.com

 

Mathilde Tête (www.lepetitjournal.com/varsovie) ? Mercredi 13 novembre 2013

Crédits photos : Alicja Parvine et Mathilde Tête 

 

 

 

 

 

 

lepetitjournal.com varsovie
Publié le 12 novembre 2013, mis à jour le 29 janvier 2017

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