Édition internationale
Radio les français dans le monde
--:--
--:--
  • 0
  • 0

Concha Ros « Mes dessins sont comme des costumes qu’on peut ajuster »

Concha Ros dans son atelierConcha Ros dans son atelier
Concha Ros dans son atelier (Photo©Florence Cassisi pour IKameleon)
Écrit par Isabelle Reffas
Publié le 23 février 2017, mis à jour le 24 février 2017

Après David de Limón en janvier dernier, Isabelle Reffas, accompagnée par la photographe Florence Cassisi, a rencontré l'artiste valencienne Concha Ros qui croque le corps féminin dans sa vision minimaliste. 

La dessinatrice valencienne Concha Ros s'avance nue, crayon à la main et d'un trait sûr, laisse sa silhouette souvent inachevée parler à sa place. À nous de terminer le travail ou tout simplement, interrogeons-la pour comprendre pourquoi le corps féminin suscite-t-il encore tant d'interrogations.

Image retirée.

Image retirée.
(Photo©Florence Cassisi pour IKameleon)

 

Lepetitjournal Valence : C'est ton propre corps que tu dessines. Pourquoi ?

Concha Ros : J'ai décidé de me servir de moi comme modèle pour le côté pratique de la chose, j'étais toujours disponible pour poser ! Puis, je me suis rendu compte que ce n'était pas seulement un hasard. Mes dessins font appel à mes émotions les plus profondes et il était donc naturel que j'utilise mon propre corps pour les exprimer.

Image retirée.
Pourquoi avoir choisi la nudité ? Pour que les femmes apprennent à aimer leur corps ?

Non ce n'est pas l'objectif, j'utilise mon corps comme un outil pour mon art, c'est mon matériau de prédilection, rien de plus. Je cherche à épurer la ligne le plus possible. J'en suis arrivée à me dépouiller du superflu et donc des vêtements. Pour exprimer des émotions, il faut aller au plus simple et se débarrasser des préjugés. Épurer me permet de faire passer un message le plus clairement possible.

Tu as 49 ans, peu de femmes sont aussi à l'aise avec leur corps. C'est courageux?

Merci. Avec les années, le corps change, on grossit, on maigrit, on vieillit. Mais je me dessine telle que je suis à l'instant T grâce à un miroir et à des photos récentes. Je veux être la plus authentique possible.

Pour faire passer des émotions ne serait-il pas plus simple de dessiner les traits de ton visage ?

Non parce que mon obsession pour le minimalisme m'en empêche. Et il est important que les femmes de toutes les cultures et de tous les continents puissent se reconnaître dans mes dessins.

Image retirée.
(Photo©Florence Cassisi pour IKameleon)

 

Pourquoi tes dessins sont-ils souvent inachevés ?

Il s'agit de ma série intitulée self-made-woman dans laquelle je me dessine en laissant une partie du corps incomplète. Je l'ai débutée il y a 3 ans, mais je crois qu'elle va m'accompagner éternellement. Nous passons tous par des périodes où nous devons nous reconstruire. L'idée de se compléter soi-même, de construire son propre corps est une métaphore. Il s'agit d'essayer de construire sa propre vie au milieu du chaos. Nous ne sommes jamais terminés, on se construit jusqu'à notre mort. Nous sommes en constante évolution.

Image retirée.
Et justement que symbolisent les parties non dessinées?

Quand il s'agit d'un pied, c'est qu'avancer me pose problème. Parfois, c'est la bouche, ce qui évidemment indique des difficultés à s'exprimer. Mais je ne dévoile pas toujours l'émotion que je cherche à faire passer parce que j'aime à penser que mes dessins sont comme des costumes que les spectateurs peuvent s'approprier et ajuster à leurs propres expériences.

Cette idée d'inachevé implique-t-elle que nous pourrions terminer le travail nous même ?

Oui, ce format permet au spectateur de s'impliquer. Il peut y apporter ses propres émotions et d'une certaine manière terminer mon dessin à sa manière. Il peut se l'approprier et le remplir de ses propres émotions.

Tes oeuvres ont-elles une dimension féministe ?

Oui absolument. Pourtant je ne crois pas que mes dessins aient une esthétique ou une sensibilité typiquement féminine, mais peut-être que ça m'échappe ?

Image retirée.

Image retirée.
(Photo©Florence Cassisi pour IKameleon)

 

Où voir ses oeuvres ? : dans son atelier, calle Padre Huérfanos, 16, bajo izqda, Valencia. Chez Wayco où elle expose jusqu'au 3 mars. Calle Governador viejo, 9, Valencia.

La contacter : concharos@gmail.com

Les acheter : De 20€ (pour une sérigraphie) à 600€.

 

Flash infos

    Pensez aussi à découvrir nos autres éditions

    © lepetitjournal.com 2024