(MAJ : 04.02.19) Le 29 juillet dernier, la jeune femme de 36 ans, originaire du Poitou, disparaît alors qu’elle était en vacances au Japon, dans la ville de Nikko, au nord de Tokyo. Elle travaillait en tant qu’auxiliaire de vie dans une école pour enfants handicapés. Fan de Japon depuis toujours, elle n’en était pas à son premier voyage dans le pays. Sa disparition est un vrai mystère. Le matin du 29 juillet, elle semble être partie avec l’intention de revenir le soir puisqu’elle avait laissé toutes ses affaires et ses papiers dans la chambre de l’hôtel où elle séjournait. Depuis, sa famille se démène pour tenter de la retrouver avec l’aide de la police japonaise. Malheureusement, après pratiquement six mois de recherche, Tiphaine reste introuvable et sa famille lance une deuxième cagnotte en ligne pour couvrir ses frais d’avocat et de déplacement entre la France et le Japon.
« Il faut continuer de faire parler de Tiphaine, pour que l’on ne l’oublie pas et que l’enquête continue ! Et malheureusement, l’enquête peut durer encore très longtemps… » explique Sybille Véron, la sœur de Tiphaine. Avec son frère Damien Véron, ils se rendent très régulièrement au Japon pour être au plus près de l’enquête. Leur dernier voyage remonte au 24 décembre, et malheureusement l’enquête n’a pas vraiment avancé. Le 18 décembre, la famille Véron a été reçue par la police japonaise et l’ambassadeur français, dans l’espoir d’obtenir quelques informations sur le travail qui est opéré en ce moment : « Nous savons qu’il n’y aura pas de nouvelles recherches sur le terrain spécifiquement pour Tiphaine (dans la rivière ou dans la forêt) tant qu’aucun indice ne permettra d’aller dans une direction en particulier. Une surveillance en hélicoptère est assurée régulièrement dans la région de Nikko, parce que c’est une zone montagneuse et on sait qu’une « attention particulière » est portée à Tiphaine lors de ces sorties aériennes. »
Malgré les efforts des services de police japonais, un point majeur reste encore dans l’ombre à ce jour : le téléphone de Tiphaine. Ce dernier n’a toujours pas pu être localisé et les démarches de mandats auprès des opérateurs privés sont très longues et compliquées : « Il est possible de récupérer des données du téléphone de Tiphaine, même si c’est un téléphone étranger sur le sol japonais, mais à ce stade ce n’est toujours pas le cas. Nous ne comprenons pas ce qui coince. Ça pourrait pourtant faire avancer l’enquête… L’attente est très difficile pour notre famille. » À ce jour, la police japonaise a envoyé le rapport d’enquête à la justice française de Poitiers en charge du dossier « enlèvement et séquestration », qui a été ouvert le 14 septembre, lors de la coopération judiciaire internationale qui lie la France et le Japon. Ce dossier est pour l’instant en cours de traduction.
Pour moi, il ne peut s’agir que d’un enlèvement…
Les ressentis de la famille sur l’enquête
Pour Sybille et son frère, les autorités sur place sont investies dans l’enquête sur la disparition de leur sœur : « Les enquêteurs n’ont pas compté leur peine pour regarder des caméras de surveillance et en plus, ils prenaient le temps de nous expliquer leurs démarches. Il y a eu une battue le 10 août avec survol, en hélico et en drone, de la rivière, puis des recherches à pied dans la rivière le 26 octobre sur 3 km à partir du pont Rouge à Nikko. » Malgré les recherches, Tiphaine est toujours portée disparue et certains témoignages n’ont pas été entendus directement. Et aujourd’hui, selon Sibylle, tous les experts qu’ils ont pu rencontrer ne croient pas une seconde à la piste accidentelle. « Pour moi, il ne peut s’agir que d’un enlèvement… Et l’association des compétences est forcément utile dans ce genre de cas, non ? » explique-t-elle. « Il est urgent que les policiers japonais de la préfecture de Tochigi s’accordent avec des brigades spécialisées. Nous avons entendu dire que les policiers de la préfecture de Kanagawa, par exemple, sont extrêmement habitués à résoudre ce genre d’affaires. Peut-être pourraient-ils travailler ensemble ? »
La géolocalisation du téléphone de sa sœur reste le dernier espoir pour avoir des informations supplémentaires sur son emploi du temps, et même quelques minutes d’écoute pourraient être révélatrices. La distance et la barrière de la langue sont aussi des problèmes majeurs pour Sibylle et son frère : « Si nous parlions japonais, je suis sûre que nous pourrions appeler les policiers directement, ils ont toujours été accessibles et à l’écoute de notre famille. Pour compenser cette « distance », nous avons des interlocuteurs réguliers : l’interprète de la police, l’équipe de l’Ambassade, l’Ambassadeur lui-même et en France, l’équipe de crise du Quai d’Orsay. »
Une seconde cagnotte mise en ligne pour aider à retrouver Tiphaine
La distance et la langue ne sont pas les seuls ralentisseurs, l’argent manque aussi. Les nombreux voyages entre la France et le Japon sont très chers et toutes les autres dépenses associées commencent sérieusement à peser sur les économies de la famille Véron. Une première cagnotte avait vu le jour quelque temps après la disparition de la jeune femme, à l’initiative de leurs amis : « Quand j’y pense, sans ça, je ne sais pas comment on aurait fait pour supporter les frais… Comme les coûts des billets d’avion, puisque, depuis le début du mois d’août, notre famille s’est relayée presque constamment sur place pour suivre l’avancée de l’enquête… » Cet argent est très important, pour qu’ils puissent continuer à venir constater l’avancée des recherches, assister leur avocat sur place ou pour faire appel à des enquêteurs privés.
La communauté française du Japon a été très touchée par l’histoire de Tiphaine Véron. Sa famille a reçu beaucoup d’aide de leur part. Ils ont donc décidé de lancer une seconde cagnotte à la demande de membres de la communauté et de leurs familles japonaises qui les aident depuis le début : « Ils sont organisés en comités de soutien, une initiative de Patrick Hochster. » Cet homme est notamment connu pour avoir fondé l’association La Caravane qui récolte des fonds pour les régions sinistrées du Tohoku, dans le Nord du Japon, pour les réfugiés du séisme du 11 mars. « Patrick Hochster et son fils Christopher, leur ami Loïc Paplorey, ont été à nos côtés dès le début, assurant la traduction d’échanges avec la police, par exemple, nous conseillant dans nos démarches. C’est aussi Christopher et ses collègues qui ont créé l’avis de recherche écrit en partie en japonais, que nous utilisons depuis le début » raconte Sybille Véron.
Ils ont aussi eu l’aide financière de l’UFE et d’expatriées françaises, qui ont organisé plusieurs ventes de gâteaux, des concerts : « D’autres membres du comité de soutien ont même collecté des dons discrètement auprès de leurs proches… Bref, c’est incroyable comme on est entouré… Et on reçoit beaucoup de messages pleins de gentillesse. Et je vous assure qu’ils nous aident à garder notre énergie et notre combativité. »
(MAJ : 04.02.19)
Un comité a été créé afin de permettre la centralisation des informations qui pourraient ainsi aider la famille de Tiphaine dans l'enquête. Alors si vous avez aperçu Tiphaine entre le 27 juillet dernier et aujourd’hui, ou si vous pensez avoir une information qui pourrait faire avancer les choses, merci d'envoyer un email à cette adresse : comite.veron.japon@gmail.com. Le moindre témoignage, indice, même insignifiant pour vous, peut être crucial. Merci de partager très largement ce message. Si vous souhaitez en savoir plus, un épisode de "L'heure du crime", émission de radio de RTL présentée par Jacques Pradel, est consacré à cette enquête.