Comme dans tous les pays, le Japon possède de nombreuses légendes urbaines qui courent dans les écoles ou dans les conversations d’adolescents. Certaines sont très anciennes, d’autres plus contemporaines mais elles continuent d’intriguer ou d’effrayer avec leurs esprits vengeurs ou leurs lieux hantés.
Kuchisake-onna (口裂け女), la femme à la bouche fendue
La légende raconte qu’une femme déambule dans les rues avec un masque chirurgical qui cache la moitié de son visage. Elle aborde alors un passant en lui demandant : « Suis-je belle ? » (わたし きれい ? watashi kirei ?). Si la personne répond non, celle-ci est tuée sur le champ. Cependant, si elle répond oui, la jeune femme enlève son masque laissant apparaître une bouche fendue jusqu’aux oreilles et re-demande ensuite : « Même comme ça ? ». Si la personne répond non, elle se fait tuer sur le champ. Si elle répond oui, elle l’emmène chez elle, puis la tue ensuite (selon certaines légendes, elle peut aussi donner un rubis de sang et laisser la personne vivante et si c’est une femme, la défigurer pour qu’elle devienne à son tour une kuchisake-onna).
Dans tous les cas, la personne qui croise la jeune femme ne peut survivre, selon le mythe, car elle court plus vite qu’un humain. Cependant, ces dernières années, certaines solutions auraient été trouvées pour lui échapper : répondre aux questions par un « Tu es dans la moyenne » ou « Couci-couça » (まあ まあ, maa maa). Cette légende urbaine est inspirée d'une histoire, datant de l’ère Heian ou d’Edo, d'une jeune femme épouse d’un samouraï. Elle était si belle qu’un grand nombre d’hommes la désiraient. Elle finit alors par tromper son époux. Plein de rage, il prit son sabre pour lui trancher la bouche jusqu’aux oreilles et aurait dit « Qui te trouvera belle à présent ? ».
Aokigahara, la forêt des suicides au pied du Mont Fuji
Aokigahara ou aussi Jukai (青木ヶ原 littéralement « la mer d’arbres ») est une forêt étendue sur 35 km² connue pour les nombreux suicides qui y ont lieu chaque année. Elle est réputée pour son calme et surtout pour la facilité que l'on a à s’y perdre, tant sa végétation est dense. La légende explique qu’aucune personne entrant dans la forêt n’en ressort, certains endroits ne laissant pas entrer la lumière du jour. Plusieurs visiteurs du lieu ont aperçu des bouts de vêtements, de la nourriture ou des nœuds coulants suspendus aux arbres. D’autres auraient même vu des cadavres. En bref… ce serait le lieu le plus hanté du Japon.
Le village Inunaki, la cité perdue
Apparemment situé dans la préfecture de Fukuoka, ce village a pour réputation d’être un lieu hors du temps, où les lois japonaises ne s’appliquent pas. Ainsi, certaines pratiques comme le cannibalisme, l’inceste ou les tueries et meurtres seraient monnaie courante. Un grand panneau indique ces règles à l’entrée du lieu, qui serait d’ailleurs très difficile, voire impossible à trouver. Selon la légende, les visiteurs de ce village ne seraient pas revenus de leur visite. Historiquement, la ville était le principal fournisseur de charbon pendant la Seconde Guerre mondiale, mais, une fois la guerre terminée, elle perdit de sa splendeur. Le gouvernement japonais décida alors de construire un barrage, obligeant les habitants à partir vers d’autres villes. Ce village aurait donc souffert de l’urbanisation et la plupart de ses habitants ont dû le quitter également pour trouver du travail. Les rumeurs racontent aussi qu’aucun appareil électrique ne fonctionne dans ce lieu maudit.
O-Kiku Ningyou
C'est l'histoire d'une petite fille de 3 ans qui possède une poupée à laquelle elle tient beaucoup. Malheureusement, la fillette meurt d’une maladie et ses parents décident de confier la poupée à un monastère. Les moines, quelque temps plus tard, remarquent que ses cheveux ont poussé. Etonnés, ils demandent à les analyser et découvrent qu’il s'agit de cheveux humains. L'un des moines les coupe alors et quelques jours plus tard, ils repoussent à nouveau. La légende raconte que l’âme de la petite fille est toujours enfermée dans la poupée et que chaque année, une cérémonie est tenue en son honneur pendant laquelle on lui coupe ses cheveux.
Tunnel Kiyotaki
Situé non loin de Kyoto, ce lieu serait également l'un des lieux les plus hantés du Japon. Ce tunnel, construit en 1927 pour relier Arashiyama à Sagakiyotaki, aurait été bâti par des ouvriers dans des conditions très difficiles, proches de l’esclavage. Beaucoup d’entre eux seraient morts dans d’atroces souffrances à cause d'accidents ou de traitements inhumains. De ce fait, le lieu serait le refuge de nombreux fantômes et esprits. Le tunnel fait aussi 444 mètres de long, un chiffre maléfique au Japon car sa prononciation est similaire au mot « mort ». Les rumeurs conseillent d’éviter le tunnel la nuit sous peine de ressentir des nausées et des maux de tête, voire des évanouissements. Il serait également possible d’y entendre le cri d’une dame résonnant non loin du tunnel et d’apercevoir, en le traversant, une femme vêtue de blanc qui court et saute sur les voitures.
Aka mento
La légende raconte qu’un esprit tuerait les gens se trouvant dans les toilettes publiques des écoles ou des villes. Quand une personne y pénètre, elle disposerait de deux rouleaux de papier de couleur différente, l’un rouge et l’autre bleu. L’esprit demande alors : «Veux-tu une cape rouge ou une cape bleue ? ». Si la personne répond rouge, elle meurt tuée et démembrée. Si elle répond bleue, elle meurt par strangulation. Bref, aucun moyen de s’en échapper. Enfin, presque, puisque la version contemporaine ajoute deux solutions : lui répondre « Je n’ai pas besoin de papier » ou alors demander une autre couleur.