Vous avez sans doute déjà assisté à la danse du lion, particulièrement ces derniers jours. Mais connaissez-vous l’histoire et les caractéristiques de ce spectacle millénaire très codifié?
La danse du lion est supposée apporter chance et richesse, le lion étant lui-même symbole de courage, stabilité, et supériorité, dans la tradition chinoise. C’est pourquoi elle est jouée lors du lancement d’une nouvelle entreprise ou au début d’une nouvelle année.
Des origines lointaines, mais incertaines
Deux légendes distinctes entourent la naissance de cette tradition chinoise qui a plus de 1500 ans.
Dans la première, un monstre revenait chaque Nouvel An et détruisait cultures et bétail d’un village. Les villageois le nommèrent Nián, qui signifie « année » en chinois. Pour mettre un terme à ces ravages, ils construisirent un lion en papier et en bambou, et l’agitèrent devant le monstre en tapant sur des casseroles et des poêles. Comme ce stratagème réussit, ils le répétèrent chaque Nouvel An pour éloigner le monstre.
Dans la deuxième, un des empereurs de Chine, au temps où il y en avait plusieurs, aurait demandé à l’un de ses gouverneurs de province d‘envahir les terres d’un de ses concurrents. Le gouverneur était très embarrassé, car il savait que l’armée de son adversaire était bien plus nombreuse et bien mieux équipée que la sienne : elle avait notamment des éléphants en guise de montures. Alors il imagina un plan brillant : il déguisa ses soldats en lions monstrueux qui effrayèrent les éléphants.
Une exécution en duo bien coordonné
Pour animer le lion, deux personnes sont nécessaires : l’une qui actionne la tête du lion en papier mâché et dont les jambes figurent les pattes avant de l’animal et l’autre pour les pattes arrière. Les deux danseurs sont recouverts par un tissu qui représente le corps du lion. Le premier danseur doit non seulement faire bouger la tête de manière expressive, mais également actionner les paupières et les oreilles, ce qui demande une bonne coordination. Le second doit accompagner les mouvements du premier et être capable de le porter sur ses épaules lors de certaines acrobaties. Compte tenu de l’agilité requise, les danseurs sont la plupart du temps des jeunes entrainés au Kung Fu, les filles entrant maintenant dans cette activité traditionnellement réservée aux garçons.
Tout l’art des danseurs est de donner une apparence vivante au lion. La danse peut comporter des acrobaties plus ou moins élaborées, comme sauter sur des plateformes en hauteur. Le point culminant de la danse est lorsque le lion attrape avec sa bouche une feuille de laitue ou une enveloppe rouge (Hong Bao) placée à un endroit peu accessible. Un raffinement supplémentaire est de demander au lion de peler un pomelo puis d’en disposer les quartiers de manière originale sur le sol.
Le lion ou les lions (un spectacle peut en compter jusqu’à une dizaine, de couleurs différentes, dansant simultanément), sont accompagnés par un groupe de musiciens jouant des tambours, des gongs, et des cymbales. Plus c’est fort, le mieux c’est, pour repousser les mauvais esprits ! Les joueurs de tambours ajustent leur jeu aux différentes humeurs exprimées par le lion, et les joueurs de cymbales et de gongs suivent le rythme des tambours.
Les deux styles de la danse du lion
L’école du Nord, développée à la cour de l’Empereur, est plus acrobatique avec un lion en équilibre sur un ballon ou une balançoire, guidé et excité par un boxeur habille en soldat. Le lion a habituellement une tête dorée ornée d’une crinière rouge.
L’école du Sud, la plus pratiquée en Asie du Sud-Est, est originaire de Canton. La tête du lion est moins chevelue et ressemble plus à celle d’un clown : elle est peinte de couleurs vives, comporte des lèvres et des sourcils très épais, des cils très longs, un miroir sur le front pour éloigner les mauvais esprits, et une corne pour se défendre contre eux. Les lions peuvent être de différentes couleurs, chacune ayant un symbolisme particulier.