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La méthode éducative de Singapour - Comment ça marche ?

La méthode éducative de Singapour La méthode éducative de Singapour
Écrit par Emmanuel-Pierre Hébé
Publié le 24 février 2020, mis à jour le 15 mai 2024

Depuis 2008, Singapour caracole en première ou en seconde position du classement PISA, le Program for International Student Assessment, programme mené par l’OCDE visant à mesurer les performances des différentes systèmes éducatifs. Créée dans les années 80, « la méthode » est une synthèse des méthodes les plus importantes existantes à l’époque. Après quelques années de gestation et d’essais, elle fait parler d’elle pour la première fois en 1995, lorsque Singapour arrive en tête de l’étude TIMSS, une enquête internationale sur la validation des acquis. Depuis, « la méthode » a été utilisée dans une soixantaine de pays à travers le monde.

 

L’éducation : priorité du gouvernement de Singapour

Lorsqu’il décide de créer cette méthode, le pays est encore en voie de développement, dépend encore beaucoup des aides internationales, et est à la traîne dans les classements éducatifs internationaux. Le premier ministre de l’époque Lee Kuan Yew lance un vaste programme pour remonter la pente. Il met l’accent sur les mathématiques et les sciences, et s’attelle à réformer l’éducation pour arriver à son but. Le succès est arrivé quelques années plus tard et les techniques d’apprentissage des autres matières scolaires se sont vues améliorées pour faciliter l’assimilation, grâce à une approche plus centrée sur le raisonnement des élèves.

 

Les trois aspects fondamentaux de la méthode de Singapour.

Le principe de base est de donner une visualisation imagée des problèmes mathématiques pour mieux en comprendre leur principe. L’apprentissage est découpé en trois phases distinctes. La première étape consiste à modéliser le problème. La mémoire humaine est faite de telle manière qu’on retient plus facilement les données visuelles. Cette phase consiste donc à remplacer les chiffres par des barres, des boites ou des jetons... et de poser le problème avec ces nouveaux objets. L’élève va pouvoir toucher et manipuler les objets afin de se les approprier. C’est la deuxième phase : la phase imagée. Il va commencer à faire la liaison entre les objets qu’il a entre les mains, et dernière phase : l’abstraction. Lors de celle-ci, l’élève convertira son problème imagé en chiffres et symboles et ne manipulera plus que ça par la suite. Le rôle de l’enseignant à ce moment de la méthode est crucial. Il va aider l’élève à se poser les bonnes questions pour qu’il prenne conscience de ce que l’abstraction signifie concrètement. Il va l’aider à relier les 3 concepts concrets, imagé et abstrait pour que l’élève garde tous ses repères et assimile l’idée. Et sans s’en rendre compte, l’élève a ainsi compris la notion mathématique enseignée. Un autre principe est qu’on traite moins de sujet, mais on le fait plus en profondeur. Les enseignants prennent du temps et utilisent beaucoup d’exemples, s’assurant par la même occasion que les concepts ont bien été assimilés.

 

Concrètement, ça donne quoi ?

Prenons une addition : 5+2=7. Chaque élève va recevoir 5 jetons rouges et 2 jetons jaunes. Ensuite on va poser tout un tas de questions : combien de jetons rouges ? de jaunes ? combien en tout ?... On va aussi leur expliquer qu’ils ont peut-être 5 jetons rouges et 2 jetons jaunes, mais que ce serait la même chose que s’ils avaient 7 jetons bleus par exemple. On va aussi introduire le signe + et sa signification (ici, réunir) et aussi leur faire réaliser que 5 + 2 vaut la même chose que 7. Et on va faire la liaison entre les jetons, les chiffres, leurs unions, la valeur... Il s’agit donc de concepts assez simples, mais c’est ce qui fait toute la force de la « méthode » car les capacités de l’enfant sont prises en compte, la progression est accompagnée, et son implication à appréhender le concept fait le reste du travail. On retrouve donc dans cette méthode des notions mises en avant par Maria Montessori où l’enfant doit manipuler pour mieux apprendre, mais aussi le principe du boulier où les chiffres sont modélisés par des boules.

 

Révolutionnaire, la méthode de Singapour ?

Pour mettre au point « la méthode », les professeurs en charge du programme ont regardé ce qu’il se faisait de mieux dans ce domaine, ils ont analysé chacune d’entre elles, en ont tiré tous les avantages individuels et combiné le tout. Quoi qu’il en soit, il semble que cette méthode ait fait ses preuves au vu des résultats de la cité-Etat dans les classements internationaux, mais aussi du fait qu’elle soit récupérée par bon nombre de nations à travers le monde. En France aussi, elle a été adoptée depuis une dizaine d’année. A voir maintenant sur le long terme les résultats de cette mise en pratique.

 

l'education à singapour
Reprise de l'article paru dans le magazine Singapour n°14 (Nov 2019 – Avril 2020)

dont le dossier central était : « L’éducation à Singapour ».

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