Mercredi 1er avril, la sélection chilienne de polo remportait pour la deuxième fois la coupe du monde face aux Etats-Unis. Malgré une légère controverse, cette victoire témoigne que le meilleur du polo se joue en Amérique australe
Après un premier titre en 2008 au Mexique, la sélection chilienne de polo a remporté mercredi 1er avril sa deuxième coupe du monde à domicile contre les Etats-Unis. Avec cette victoire, le Chili devient le troisième pays le plus titré du monde derrière l'Argentine qui domine la discipline sans partage, et le Brésil. Quand on pense au Polo, on a tendance à penser aux hautes sphères d'Angleterre. Pourtant c'est bien en Amérique du sud qu'on trouve aujourd'hui les meilleurs cavaliers et les meilleures compétitions.
Un peu d'Histoire
Le polo est un sport millénaire. Il trouve ses origines en Asie centrale, notamment en Mongolie. Mais il fut vite exporté en Perse où il devint le jeu des sultans et des plus grands cavaliers, qui s'entrainaient à la pratique du cheval pour devenir des guerriers très agiles. La pratique s'exporte rapidement en Orient et en Inde où elle s'impose au rythme des conquêtes musulmanes. Quand les Anglais viennent coloniser ce pays d'Asie mineure, ils se passionnent pour ce jeu populaire chez les maharadjas et le ramène au Royaume-Uni pour créer le polo tel qu'on le connait aujourd'hui, à savoir quatre joueurs munis de maillets qui s'affrontent à cheval sur un terrain de 300 mètres pour faire rentrer une petite balle en bois dans la cage adverse.
C'est grâce aux britanniques que le polo arrive en Argentine et au Chili à la fin du XIXème siècle. Bien que réservé à l'élite, le sport trouve en Amérique australe une terre particulièrement propice à sa pratique. Les grands espaces des estancias, les fermes d'élevage, et la très forte tradition équestre des Gauchos ont très vite permis à l'Argentine de l'ériger en sport national. Des deux côtés de la Cordillère naissent les premiers grands clubs, mais la culture Gaucho permet à l'Argentine de prendre les devants et d'organiser les premières grandes compétitions. La sélection argentine enchaîne les victoires aux Jeux Olympiques et gagne rapidement une renommée internationale incontestée. En parallèle, des estancieros élèvent des petits chevaux à demi sauvages et donnent naissance à la race criolla. Celle-ci devient très vite la meilleure monture de polo et s'exporte aux Etats-Unis et au Royaume-Uni. De l'autre côté des Andes, le sport profite des exploits argentins, mais se cantonne aux plus riches et reste réservé essentiellement à l'élite.
L'Argentine ou La Mecque du Polo
En 1982, la Fédération Internationale de Polo est créée en Argentine dans le but d'organiser un championnat du monde. Mais il faut attendre 1987 et la création du système des handicaps pour que le premier tournoi voit le jour à Buenos Aires. Face à la supériorité des argentins, le système des handicaps attribue à tous les joueurs de polo une note allant de -2 (débutant) à 10 (excellent), et pour certaines compétitions, la somme des notes des quatre joueurs ne doit pas dépasser un certain seuil. Pour le championnat du monde, on fixe alors un handicap maximal de 14 qui permet de rendre la compétition plus équitable, l'Argentine étant la seule à pouvoir aligner quatre joueurs de 10 points chacun. La plupart des clubs européens sont composés de joueurs argentins, notamment en France où le club Murus Sanctus compte trois argentins pour un seul français dans son équipe titulaire.
C'est à cause de ce système de handicaps que l'Argentine attaquait le Chili après sa victoire de mercredi dernier, lui rappelant qu'aucun de ses meilleurs joueurs n'avait eu le droit de participer au championnat du monde. Toujours est-il que la victoire revient une fois de plus à un pays sud-américain, et que la tendance n'est pas prête de s'inverser.
Benjamin Delille (lepetitjournal.com/santiago) Mercredi 8 avril 2015